Mise au point sur le Québec

par Hoedic

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J’ai passé mercredi une très bonne soirée. Initialement pas très décidé à sortir, je me suis finalement levé de mon scéant pour prendre le bus et me rendre à La Cabane, sans Ebb, submergée qu’elle était par… un sujet médical quelconque :)

La première rencontre fut celle de Fernando, un portugais installé depuis quelques années à Montréal et avec qui j’ai parlé du bus jusqu’à l’intersection avec Saint-Laurent où nos routes se séparaient. Ce n’est pas dans mes habitudes de parler à des inconnus, mais là c’est venu tout seul.

Ensuite, soirée YULBLog des plus agréables même si je mets toujours un peu de temps à me sentir à l’aise et à enclencher la discussion. Malgré tout, comme je l’ai déjà signalé, la barrière de la langue est présente car même si je comprends bien l’anglais en général, j’ai beaucoup de mal dans ce contexte bruyant (j’ai déjà du mal à entendre correctement quand c’est en français…)

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Intersection Saint-Laurent et Mont-royal

Enfin bref, j’ai découvert Zeke, UP4, EyeKyu, j’ai discuté chats avec Zénon, divers choses avec Martine et diverses autres choses avec Karl. Et c’est là qu’intervient la justification de mon titre, Mise au point sur le Québec.

En effet, assez rapidement Karl m’a interpelé en me disant avoir discuté avec une québécoise lisant ce carnet ainsi que celui de MQ (je n’ai malheureusement pu savoir qui c’était) et qui était assez touchée par les critiques que j’adresse envers le Québec et Montréal.

Je voudrais juste recadré les choses : d’abord l’immigration c’est pas toujours facile (pléonasme). Ensuite je ne suis pas venu ici pour trouver l’eldorado, j’étais très très bien en France, rien d’étonnant donc que des choses me manquent et que d’autres m’agacent et que j’éprouve de l’énervement à trouver du boulot alors que j’étais on ne plus tranquille de ce point de vue en France. Enfin, dans la vraie vie, je la joue profil bas malgré les nombreuses frustrations quotidiennes, le carnet se trouve ainsi être mon exutoire, un concentré de mes pulsions négatives.

Je comprends parfaitement la sensation que peuvent faire des critiques répétées contre son pays, contre sa ville par un étranger aigri. Je le comprends d’autant mieux que ma ville préférée, malgré tout, reste Paris. Et qu’est-ce que je n’entends pas dessus ! Et ça me fait mal au coeur quand je lis un abruti faire un article stupide sur Paris, ça me fait sauter au plafond, tout comme certaines de mes remarques doivent faire sauter des montréalais au plafond.

La plupart des québécois ne se rendent pas compte des obstacles que peuvent rencontrer les nouveaux arrivants et ne peuvent par conséquent pas comprendre la frustration qui en ressort. Après ça, oui, les Français sont des chialeux, c’est incontestable, c’était vraiment flagrant quand je suis retourné en France, mais pas chialeux pour rien, je gueule pour des raisons justifiées.

La majorité des personnes qui me connaissent me disent souvent que j’ai du bon sens et que j’ai un jugement assez impartial ; je pense que c’est effectivement une de mes qualités premières. Partant de là, après presque deux années de vie ici, je peux vous assurer que les gueulantes qui sortent sont généralement justifiées, sont “vraies”, du moins pour moi, c’est-à-dire que moi je rencontre ces problèmes.

Pour donner un équivalent, je vais me référer à Paris. Nombre de personnes ayant fréquenté Paris disent que c’est une ville insécuritaire. Moi je peux vous dire que non, pour moi elle n’est pas insécuritaire. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir traversé la ville de long en large en pleine nuit à plusieurs reprises, et j’ai rarement ressenti la moindre angoisse. Mais ça c’est moi, parce que je suis un homme d’abord, ensuite parce que je sais où aller pour ne pas me faire emmerder et enfin parce que des signaux qui seront interprêtés par d’autres (Ebb par exemple) comme dangereux ne le sont pas pour moi parce que je connais et je sais que ça ne l’est pas.

Il en va de même pour moi ici, je vois des choses qu’un québécois ne voit pas… pourquoi ? Parce que j’ai un statut particulier, un accent, un caractère qui ne correspond pas forcément aux modes sociales locales (plus ouvertes qu’en France) et pour des tonnes d’autres raisons.

Je ne sais pas s’il ressort quoique ce soit de ce que je viens de dire, je ne sais pas si l’interlocutrice de Karl comprendra un peu mieux ma position (pour peu qu’elle me lise encore et qu’elle ne soit pas dégoutée de mes écris ;), mon point de vue différent, du moins je l’espère.

Le retour de YULBlog m’a permis de faire ce que j’aimais bien justement à Paris, à savoir marcher dans la ville, la nuit, dans la fraîcheur, avec les joggueurs de minuit, le silence (relatif), la vie de la nuit. Le bus 129 m’a finalement rattrapé alors que j’avais effectué la moitié du chemin… pour peu, j’aurais presque terminé à pied.

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