Singerie de mai

par Hoedic

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Après plusieurs mois sans avoir participé aux singeries, me voilà de retour sur le sujet Quand n’étiez-vous pas vous-même ?

Difficile d’y répondre car je me demande moi-même quel est le vrai moi. J’ai pris l’habitude au fil du temps, surtout entre le collège et la fin de mes études d’ingé, de changer d’apparence de nombreuses fois, à intervalles courts, et avec le comportement qui va avec.

Je ressort tout de même deux moments, assez liés d’ailleurs.

  1. Partir seul pendant un mois dans le parc de Yellowstone avec une tente, aucune connaissance du terrain ni du camping, sans voiture ni de quoi en louer. Les gens qui m’hébergeaient à Milwaukee, où j’ai travaillé quelques mois, ont bien essayé de me dissuadé d’y aller quand je leur ai demandé ce qui était nécessaire pour camper et si je pouvais faire de l’auto-stop. Mais j’y suis tout de même allé.

Avec le recul, je me demande encore comment j’ai pu prendre cette décision. Je ne l’ai pas regretté !

  1. Retour de mon mois à Yellowstone, période pendant laquelle je me suis laissé poussé la barbe et arrivée dans ma très catholique, puisque tenue par des jésuites, école d’ingénieur. J’étais rentré dans une sorte de nouvelle époque rebelle post-ado. Je décide de prendre en charge une commande groupée d’ordinateurs pour les étudiants qui est un vrai succès : 150 machines commandées. Dans le même temps, je gère l’implantation d’Internet sur le réseau local de la résidence étudiante.

Autant dire ce qui est, les études passent au second plan mais j’ai avec moi la certitude d’aider l’école et les élèves à se développer (d’autant que du point de vue informatique, nous étions assez en retard par rapport aux autres écoles d’ingé de la région nantaise).

Résultat : moi et mon binome ne pouvons rendre un rapport important à temps. Nous ne sommes pas les seuls et nous sommes convoqués équipe par équipe dans le bureau du directeur. Nous sommes les derniers à passer, ceux qui sont passés avant nous se sont fait laminés et ont d’ores et déjà écopé d’une note divisée par deux.

Nous entrons, j’explique que j’étais débordé par la commande groupée, que le fournisseur a essayé de nous arnaquer (Il a nous a envoyé de claviers cyrilliques et autre joyeusetés) et que mon camarade m’a aidé, que je fais ça gratuitement pour aider les élèves de l’école à acheter un ordi sans se ruiner. Il ne veut rien entendre, nous flanque la même correction que les autres et nous demande de sortir.

En temps normal je suis assez discipliné et peu rebelle, en temps normal je serais sorti. Mais un seul petit mot est sorti et a tout changé : Non !. Non, je ne voulais pas sortir tant qu’il n’admettrait pas que je faisais quelque chose de bien et que ça valait bien un petit retard.

Il est devenu rouge, s’est énervé, a pris ses diplômes à parti qu’il n’avait jamais vu ça, postillonnait de partout, trépignait sur son fauteuil. Engagé comme je l’étais, je n’avais pas le choix, d’autant que je sentais que mon co-équipier me soutenait et n’était pas décidé à sortir. Après avoir insisté, expliqué et réexpliqué, il nous a donné un délai supplémentaire pour finir. Au prix de quelques nuits blanches, nous avons rendu un document très sommaire mais qui nous a donné la moyenne de classe soit bien mieux que les autres retardataires. Le directeur y a également perdu beaucoup de sa crédibilité puisque l’événement n’a pas tardé à être su par tout le monde.

Avec ce co-équipier, mon meilleur ami, nous nous rappelons souvent de cet épisode. Il ne s’attendait pas à ce que je tienne tête au directeur… moi non plus d’ailleurs !

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