Ce fut une première semaine bien remplie, c’est le moins que l’on puisse dire. J’ai appris à préparer des globules rouges de mouton (en temps que réactif) et à isoler des monocytes à partir de sang humain, pour ensuite les cultiver afin qu’ils se différencient en macrophages.
En bref, c’est un peu comme les expériences de laboratoire qu’on fait au secondaire ou au lycée, sauf que ça prend toute une journée, voire plusieurs, de manipulations. Ça donne aussi l’impression de vivre chronométrée ! Mais le chrono apporte l’avantage qu’en attendant, on peut s’asseoir, se détendre, ou, en ce qui me concerne pour le moment, ingurgiter des tonnes d’articles de Medline traitant du sujet afin de me mettre bien dans le bain.
Je dirais donc que le degré de stress de cet emploi devrait être tout à fait acceptable. Certes, le fait de devoir apprendre tant de nouvelles choses en si peu de temps comporte son degré d’incertitude (j’ai encore beaucoup de techniques à apprendre). Surtout que je suis vraiment néophyte en biologie moléculaire, c’est tout juste si j’ai déjà pipeté deux fois dans ma vie… Alors j’ai encore un peu de mal à appliquer comme il se doit les précautions contre la contamination, tout ça, mais ça devrait finir par venir. N’oublier aucune étape, ne pas se tromper, être minutieux, prévoyant, etc. Heureusement, j’ai déjà eu l’occasion d’acquérir un geste sûr et juste en charcutant mes rats, l’été dernier (la chirurgie se faisait le regard dans un microscope interposé, tellement ça devait être précis).
Une des difficultés tient dans le fait que la personne qui me forme et avec qui je vais travailler principalement cet été (je vais faire un bout de son projet de post-doctorat, précisément) ne parle pas un traître mot de français. Chinoise d’origine, elle est très agréable à côtoyer, comme tout le monde dans ce labo d’ailleurs, mais son anglais est un peu difficile à comprendre (elle est au Canada depuis 5 ans). C’est tout de même une chance d’avoir cette occasion de remettre mon niveau d’anglais parlé à jour.
Sans compter qu’elle est un vrai bourreau de travail, et elle a donc un rythme assez difficile à suivre pour cette raison. En guise d’illustration, elle soutient sa thèse de doctorat cet été, après n’avoir mis que 2 ans et demi à la rédiger. Et pendant tout ce temps, elle n’a pas manqué d’être très prolifique en matière d’articles publiés. Chose certaine, je devrais avoir une place de co-auteur sur son prochain article… La seule chose qui me peine un peu, évidemment, c’est qu’elle était chirurgienne là-bas, en Chine, et qu’elle ne peut pratiquer ici. Mais elle a vraiment l’air passionnée par la recherche, alors ça doit lui convenir également, j’ose espérer.
Petites présentations de l’équipe… La directrice du centre est Belge ; un chercheur vient de la République Démocratique du Congo ; un étudiant au doctorat est Haïtien. Et l’autre stagiaire d’été vient du Monténégro. Est-ce cette mosaïque de cultures qui permet une ambiance aussi particulière, saine et détendue ? Tout le monde est vraiment sympathique. Ce sera un été enrichissant, humainement parlant. Tout l’inverse de l’été dernier. Cette fois-ci, pas de sensation persistante de compétition déplacée. On remarque aussi d’ailleurs qu’il n’y a pas un seul “technicien de laboratoire”, tout le monde est là pour soi-même, pour comprendre et apprendre. Peut-être qu’une partie de la différence est là…
C’est tellement sympa, en fait, que dès vendredi, une “journée vélo” est prévue pour qu’on apprenne à mieux se connaître (tout en faisant attention à notre santé…). Jamais vu ça !
Bon, à part ça, je ne fais pas du tout le projet qui était prévu, mais un autre, que je trouve encore plus intéressant et stimulant. On bosse sur l’inflammation, l’athérosclérose, l’obésité et le diabète… Moi qui m’intéresse beaucoup à toutes ces questions et y suis tellement sensible. Enfin, ceci devrait faire l’objet d’un message à lui seul, quand je trouverais le courage et l’inspiration ! (Peut-être après avoir vu Super Size Me ?)
Déjà une nouvelle semaine qui commence demain. J’espère qu’avec l’habitude, la sensation de désagrément que j’ai malgré tout se dissipera. Ben oui quoi, travailler, c’est tout de même chiant !
Aujourd’hui, nous avons fait joujou sur le balcon pour planter des petites graines d’épices dans des pots (genre basilic, romarin, mais aussi herbe à chats !) et remettre une couche de vernis sur nos tables. C’est là que j’ai constaté que ledit vernis est fait à base d’uréthane, le même produit qui me servait justement à… anesthésier mes rats l’été dernier ! Voilà qui est inspirant…