Le 6 décembre 1989 un fou tuait 14 étudiantes à l’École Polytechnique de Montréal. À l’époque ce fut un traumatisme et aucun Québécois n’ignore cet événement. Aujourd’hui il s’agit de la quinzième commémoration de cet événement.
Laurent a mis sur son site une transcription de la lettre de l’auteur de cette tuerie. Ceci ne fait que confirmer ce que je savais déjà, à savoir qu’il s’agissait d’un anti-féministe qui prenait très mal la présence de femmes à Poly, ce qui est explique qu’il s’en soit seulement pris à des étudiantes.
Peu à peu, cette tragédie se fond à l’histoire et les proches des victimes semblent vouloir regagner l’anonymat dont ils furent sorti bien malgré eux. Mais ceci ne sera pas fait sans avoir changé la société québécoise. Le fameux registre de contrôle des armes à feu est né après cette histoire. Cela a également suscité des nombreux mouvements de lutte contre la violence faite aux femmes mais a aussi fait prendre conscience aux Québécois qu’un important changement ne se fait pas en deux jours.
Car si les Québécoises sont très fières de la situation des femmes par rapport à d’autres pays, le Québec partait de loin. En effet, il faut se rappeler qu’il s’agit d’un bastion catholique fort où les femmes furent tenues au rôle de bobonne jusqu’aux années 60 de manière plus forte qu’en France par exemple. Certes, la libéralisation des moeurs s’est passé à peu près en même temps dans tous les pays occidentaux, mais j’ai l’impression que ce fut particulièrement brutal au Québec du fait du contexte.
Tous ces changements se sont passés sur une période de moins d’une génération et ça ne semble pas étonnant que ça provoque des remous… mais pas au point d’en arriver à une telle tragédie.
Aujourd’hui, 15 ans après, la situation a continué à évoluer et il semble que la présence des femmes soit très largement acceptée dans tous les milieux. Comme certains le savent, je passe en ce moment un peu de temps à faire des entrevues avec des hauts-cadres d’entreprise et c’est avec surprise que j’y ai trouvé une importante proportion de femmes (peut-être plus que la moitié mais j’ai pas fait le calcul), en marketing comme c’est souvent le cas, mais aussi en informatique ou en finance. Ces femmes sont parfois de la génération des victimes du 6 décembre, ça a du leur faire un choc.
Certes la transformation de la société québécoise est loin d’être terminée car comme dans beaucoup d’autres endroits se pose encore la question de la place de la mère dans la société même si la femme est elle acceptée, et se pose maintenant la question de la place des hommes (entre autres l’échec des garçons à l’école est assez préoccupant). À suivre…
Quelques sources d’information :
Dossier Radio-Canada avec des reportages de l’époque
Article de La Presse
Article du Devoir