Depuis que j’ai commencé une psychothérapie en septembre dernier, je voulais en causer, mais à chaque fois j’oubliais ou manquais de motivation. Maintenant que cette thérapie tire à sa fin, faut bien que je me décide, sinon ce sera définitivement relégué aux oubliettes !
D’abord pourquoi avoir commencé ? Durant le printemps et l’été, j’étais un peu beaucoup au fond du trou : pas de boulot et une inscription en master à Polytechnique qui m’assurait une vie d’étudiant, donc de pauvre, pendant encore une année et demie sans pour autant régler mes problèmes d’office (mais y aidant possiblement).
Ce qui m’a décidé : depuis ma terminale, où ma prof de philo nous avait introduit aux différentes thérapies possibles, j’ai toujours été curieux sur ce sujet. Mais une première tentative au printemps s’était avérée assez peu fructueuse. À mon problème « j’arrive plus à me forcer à chercher un boulot», cette première psy m’avait répondu « ben force-toi ». Super !
À l’été j’ai pris rendez-vous avec mon médecin « de famille » pour lui parler de mon état. Elle m’a bien entendu mis sous anti-dépresseur et m’a parlé d’une médecin ayant suivi une formation en psycho et qui est très bien. Avantage notoire, étant médecin, ses consultations sont prises en charge par la sécu québécoise ce qui m’enlevait un gros poids. Un autre point qui a fini de me décider, en discutant avec mon médecin, le simple d’évoquer ma relation avec mon père (je ne sais plus pourquoi) m’a profondément attristé et donné envie de pleurer ; visiblement quelque chose de profond clochait.
Dès le premier rendez-vous, cette nouvelle thérapeute a fait preuve d’une capacité d’écoute et d’interaction amenant à prévoir des échanges constructifs. Adoptant une approche cognitivo-comportementale, nous avons approché autant les questions profondes comme mon enfance et notamment ma relation difficile (et maintenant terminée) avec mon père que les questions du moment, notamment ma procrastination et mon manque de motivation chronique.
L’avantage avec un bon thérapeute, c’est qu’il pose les questions qui changent le mode de pensée en boucle qu’on adopte naturellement et qui est renforcé en période de dépression. Ça fait qu’en sortant d’une heure de discussion, on ne peut souvent s’empêcher d’avoir un sourire en coin et de se dire « Mais alors, ça veut dire que… ».
Comme l’indique le nom de l’approche, c’est comportemental, donc ça vise à changer ses comportements quotidiens. Mais plutôt que de dire simplement « Si t’y arrive pas, fait-le » comme me disait la première personne que j’ai vu, celle-ci m’a donné des outils notamment pour faire de la restructuration. Cette restructuration tournait principalement autour de la recherche de ce qui cloche et de l’impact sur soi : événement, émotion, pensée automatique (La pensée automatique est un concept pas évident à définir, en gros c’est la première pensée qui sort quand arrive un événement, mais qui est centrale dans ce type de thérapie, puisque c’est le point d’entrée pour la suite)et sensation corporelle. À partir de là il faut se poser une série de question, qualifiées de socratiques (assez pompeux mais bon) qui peuvent se résumer en « Quelles sont raisons objectives qui m’amènent à penser ça ? », « Que dirais-je pour aider un ami dans cette situation ? » et « Au pire, quel serait l’impact ? »
Ça semble tout con, mais c’est extrêmement puissant comme démarche. Cependant, se décider à faire ça soi-même demain n’est pas un mince affaire. Il m’a fallu plusieurs mois pour apprendre à utiliser ces outils, c’est-à-dire à envisager mes émotions et me poser ces questions sous le bon angle. Généralement, on sent que ça fonctionne quand à la fin du processus, on se sent un peu soulager ou que quelque chose s’est produit. Le but n’est pas d’hyper-objectiver ou d’enfouir des choses graves (qui finiront par ressortir) mais de faire la part des choses. Ce que je raconte peut sembler étrange, c’est pourtant très efficace.
Autre intérêt : en commençant la thérapie, il était clairement établi qu’elle ne durerait que quelques mois (et non des années sans résultat comme on le voit parfois). J’ai commencé en septembre et y suis allé hebdomadairement jusqu’en janvier, ensuite toutes les deux semaines et maintenant il me reste juste un ou deux rendez-vous à un ou deux mois d’intervalle. Ça demeure donc assez léger. Quant à ceux pronant qu’il faut faire l’effort de payer son thérapeute pour que ça ai un effet, c’est bien évidemment une connerie puisque je n’ai pas sorti un sou.
Au résultat : Toute une série d’événements comme le début de ma maîtrise (très intéressante), les anti-dépresseurs puis plus récemment la demande en mariage, le futur déménagement et enfin l’obtention d’un emploi font que je me sens infiniment mieux. Malgré tous ces événements simultanés, je peux dire que cette thérapie m’a énormément aidé. Elle m’a notamment aidé à faire le choix de me laisser vivre un peu, ceci ayant pour conséquence de faire ma demande en mariage sans me soucier de notre absence de revenus. Je pense que ça me donne aussi des outils pour aborder les problèmes et mes émotions, globalement approcher la vie sous un autre angle.
Récemment une amie à nous a également commencé une thérapie et en fut radicalement changée, elle clamait que chacun devrait faire de même. J’aurais tendance à dire la même chose au bémol près qu’il faut vouloir le faire. Se forcer à le faire, ne pas être convaincu, me semble être un contexte difficile pour une réussite. Il ne faut pas non plus trop en attendre : chacun réagit différemment, tous les thérapeutes ne se valent pas, etc. Mais si ça vous attire, si vous sentez que ça pourrait vous aider, je vous invite à franchir le pas !