Le sexe partout, pour tous

par Dre Papillon

Lecture: ~4 minutes

Le Devoir a fait un petit dossier (Qui a l’air de bien choquer Laurent ) sur l’omniprésence du sexe dans laquelle baigne notre société.

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Le sujet semble bien à la mode puisque l’auteure du livre cité en référence était aussi à l’émission Tout le monde en parle le week-end précédent.

C’est drôle, j’ai justement eu un cours très complet récemment sur la contraception à l’adolescence, donné par une médecin qui pratique principalement dans ce domaine. C’était un super cours, avec toutes les dernières avancées dans le domaine, le DIU non interdit chez les nullipares, le Mirena, les injections de Depo-Provera, la pilule en continu, les contraceptions d’urgence, etc. Quasiment tout le contenu du site de Martin Winckler (Médecin et auteur français très impliqué et “avant-gardiste” dans le domaine de la contraception.) s’y retrouvait, j’étais contente de 1) déjà tout savoir et 2) constater qu’on nous enseigne une médecine totalement à jour et evidence-based.

En particulier, la femme médecin nous a parlé de l’échec de la prévention des grossesses à l’adolescence au Québec (qui a un taux d’avortements à mi-chemin entre les pays industrialisés et les pays en développement…). Elle expliquait qu’au début, le Québec s’est totalement libéralisé en matière de sexualité, et les médecins s’embarquaient dans des secrets avec les adolescentes (“ta mère va te tuer si elle sait que tu prends la pilule ? d’accord, ce sera notre petit secret alors”), sans égard à l’efficacité de la chose. Maintenant on se rend compte que l’arrivée de la pensée logique (et temporelle) n’arrive pas chez les filles adolescentes avant 17-18 ans (si si !) - chez les garçons, un peu après même. Ce qui implique l’impossibilité de prendre la pilule de la bonne façon, et dans la durée, avant cet âge, pour cause de pensée magique ! Alors cette intervenante (qui pratique à Verdun, où elle voit passer de tout, y compris des vertes et des pas mûres…) préconisait amplement le recours aux injections de Depo-Provera chez les adolescentes, en attendant qu’elles se présentent avec un adulte pour les aider à prendre la pilule comme il faut !

Cette médecin nous a aussi entretenu de l’hypersexualisation de plus en plus précoce des adolescent(e)s. Elle était toujours surprise de rencontrer des jeunes filles de 12-14 ans se disant “frigides”, éprouvant de la douleur lors de lors rapports sexuels ou s’adonnant à toutes sortes de pratiques étranges. Ces filles, souvent, en tirent finalement une bien mauvaise expérience et opinion de la sexualité, en venant souvent à la rejeter vers 18-20 ans, âge auquel elle serait bien plus plaisante et physiquement appropriée !

La médecin n’en revenait pas non plus de la sexualité exempte d’amour (plutôt fuck friends et autres frottages corporels avec des inconnus, ou presque). Les jeunes filles pratiquent la sexualité, mais n’ont souvent jamais été embrassées et rêvent simplement d’avoir un petit ami. Si c’est pas triste…

C’est effectivement déplorable, ce monde à l’envers, à sens unique, où l’adolescente est encore bien trop jeune et immature pour connaître son corps, pour avoir de réelles envies, pour pouvoir s’affirmer et dire non, pour refuser certaines pratiques ou encore plus simplement, pour imposer la capote à son partenaire.

Les choses arrivent trop tôt, dans de mauvaises conditions, et ne sont pas dénuées de conséquences ! MTS, VIH, cancer du col de l’utérus, grossesses, avortements (intervention qui n’est jamais anodine, surtout à l’adolescence), traumatismes psychiques et/ou physiques.

Et je ne pense pas que ce soit un relent de puritanisme qui fasse déplorer cet état de fait. C’est simplement un constat de la situation et de ses effets pervers sur le bien-être des jeunes.

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