Le vilain secteur privé

par Hoedic

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Tremblement de terre au Québec : la cour suprême du Canada vient d’autoriser des québécois à souscrire des assurances privées pour couvrir les frais de santé encouru dans le privé, chose qui jusqu’à présent était interdite ! (ça fait très communiste comme interdiction).

En effet, jusqu’à présent tous les soins médicaux devaient être fait dans le public et remboursés par le système public. Mais voilà, le service public québécois croule sous la demande : quasi-impossibilité de trouver un médecin de famille, de plusieurs mois à une année pour avoir accès à certains examens de base ; la situation est assez catastrophique et la cour suprême a jugé que cet état de fait aller contre les droits constitutionnels québécois d’être en santé et a donc autorisé ceux qui le pouvaient à court-circuiter ce système.

Cris d’horreur, panique générale, on va avoir un système à deux vitesses, les riches vivront jusqu’à 150 ans, les pauvres jusqu’à 40… au mieux. Même les medias semblent contre. Tout le monde voit arriver à grand pas un système à l’américaine… ce qui n’est visiblement pas la bonne solution puisque leur système de santé est dans état lamentable.

Voici quelques faits concernant la situation actuelle et les solutions mises de l’avant depuis quelques jours :

  • D'un coté il existe un manque criant de personnel, beaucoup moins de médecin qu'en France par exemple. Par ailleurs, ce personnel est limité en nombre d'acte par la [RAMQ](http://www.ramq.gouv.qc.ca/) pour éviter les dépassements de budget (les fameux budgets à déficit zéro dont tout le monde est si fier, mais il faut voir à quel prix !) Il faut donc trouver un moyen de permettre aux médecins d'effectuer le nombre d'intervention qu'ils souhaitent sans trop pénaliser l'équilibre budgétaire. Dans ces conditions, des pratiques mixtes publique/privée pourrait aider.
  • Ensuite, il est impératif de mieux organiser certains aspects organisationnels. Par exemple, les urgences reçoivent autant des attaques cardiaques qu'une cheville foulée. Même si les urgentistes sont devenus très forts pour faire un tri rapide, il n'en reste pas moins qu'il faudrait canaliser les flux.
  • Consulter ne coute rien ici, mais rien du tout, on ne sort même pas son porte-feuille (assez étonnant la première fois). Moralité, certains qui ont des médecins traitant consultent pour un oui ou pour un non tandis que d'autre n'arrivent pas à avoir de médecin traitant. La mise en place d'un ticket modérateur dans ces conditions pourrait aider. Ce ticket pourrait être remboursé par des assurances privées pour la majorité, par le gouvernement pour ceux qui ne peuvent en souscrire.
  • Le gouvernement doit encadrer les pratiques pour assurer que le public demeure présent en obligeant à faire un certain nombre d'heures dans ce domaine (c'est déjà le cas de toutes manières). Il faut également fixer des marges au niveau des assurances privées. Si le système français est très déficitaire, certaines idées sont bonnes comme permettre aux spécialistes du public d'accueillir des patients "privés" dans leur locaux à certaines heures, voir d'utiliser le matériel, là encore sous certaines conditions.
  • Il faut également faire face à une importante opposition idéologique : les partenariats public-privés (PPP) sont très mal vus, notamment parce qu'ils sont à la racine de plusieurs problèmes comme le délabrement du système éducatif public primaire et secondaire. Les médecins et toute personne en appelant au privé est immédiatement taxée du vouloir faire de l'argent sur le dos du monde.</ul> Pour moi, l'entrée du privé est une chose acceptable et qui pourrait aider à sortir de la crise actuelle. Bien entendu, ça doit être encadré de très près et petit à petit pour s'assurer que chaque nouvelle mesure rencontre bien les objectifs.

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