L’actualité est forte autour des projets de mise en place de connexion internet sans-fil (type wifi ou wimax) à la grandeur des villes. Philadelphie fait figure de leader parmi les grandes villes. Face à cela des alternatives citoyennes comme à Montréal ou à Seattle essaient depuis longtemps de promouvoir ce mouvement.
Les questions que ça soulève sont variées et c’est pas juste une problématique technologique. Parmi les avantages cités, on trouve assez logiquement la dynamique des villes qui cherchent à attirer les entreprises et se montrant comme technologiques et rendant l’information disponible partout. La question de la sécurité est également avancée en permettant aux agents municipaux, pompiers et policiers d’accéder très rapidement à un grand nombre de données. Enfin certains projets comme celui de Philadelphie vont même plus loin en parlant de redistribuer les (éventuels) bénéfices pour rendre la technologie plus présente dans les milieux défavorisés et permettre également de retisser la vie de quartier.
Pourtant je ne vois pas que des avantages dans le fait de voir des municipalités se lancer elles-mêmes dans cdes projets, que le résultat soit payant ou gratuit. Voici quelques arguments :
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Sur l’avantage technologique des villes, je suis d’accord mais n’y a-t-il pas mieux à faire des millions ainsi mis en jeu ? Dans le contexte des centre-villes américains réduits à des tours à bureaux et de gigantesques stationnements, ne devrait-on pas investir ceci plus utilement, dans les transports en commun par exemple ? Dans cette direction, il est démontré que la qualité des transports en commun aide le dynamisme d’une ville et fait partie des éléments que regardes les entreprises avant de d’installer une antenne importante ; en est-il de même pour le wifi ?
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Pour l’aspect sécurité, j’ai un peu peur de voir, comme présenté pour le cas de Providence, RI, des données personnes accessibles par Wifi, un réseau par défaut peu sécuritaire (et même avec sur SSH ou autres, j’ai un peu des craintes) ;
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Quand je vois les difficultés d’entretien simplement des routes à Montréal, j’éprouve des doutes sur la capacité de la Ville de Montréal à maintenir un tel réseau. Sans parler de la nécessité d’assistance aux usagers et tous les aspects de gestion avec les clients qui dépassent la dimension classique d’une municipalité ;
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Enfin donner l’accès gratuit ou à bas coût reviendrait à utiliser l’argent de tous les citoyens, y compris les plus pauvres, pour fournir un service uniquement accessibles aux plus aisés (et qui le veulent, puisqu’il faut bien s’accorder sur le fait que les barrières financières à l’entrée sont assez importantes.)
Le seul élément qui me ferait hésiter serait de l’offrir à un coût faible mais permettant de faire des petit bénéfices réinvestis dans la communauté. Mais j’attends d’en voir la faisabilité.
Pour autant, les réseaux de wifi urbains semblent désormais inévitables car la demande est là et va grossir. Quelles sont les avenues restantes ?
Les projets comme Île sans fil représentent bien entendu une voie royale. Cela permet d’avoir un accès gratuit en se basant sur le phénomène contributif. En plus d’être un moyen d’accéder à Internet, c’est l’occasion de voir si ce modèle contributif venant d’Internet peut s’appliquer à la vraie vie. Par ailleurs, la créativité et l’enthousiasme des promoteurs de ces projets permettent d’entrevoir des développement technologiques amenant de réels progrès dans l’accès sans-fil. Au lieu de se lancer dans la construction de son propre réseau, une ville devrait plutôt investir dans de telles initiatives.
Et si ces projets s’avèrent ne pas être pérennes ? Si, par exemple, les géants des télécommunication arrivent à faire interdire ce type de projet (ça me ferait mal mais bon) ?
Dans ce cas, ce serait à ces entreprises en question de se lancer dans l’aventure (mais on sait à quel point ces firmes comme les majors de la musique et du cinéma) sont frilleuses à se lancer dans des projets qui ne sont pas les leurs.) Pourtant, dans la logique d’intégration télévision/internet/téléphonie fixe et mobile que suivent de nombreux opérateurs, la connexion sans-fil deviendrait une suite logique (sauf qu’on risque de cannibaliser les investissement en téléphonie 3G, je sais ;p).
Si la question des réseaux est ce qui arrête les opérateurs, c’est vraiment qu’ils n’ont aucune imagination : plutôt que de poser des émetteurs en haut des églises et de payer des redevances, il leur suffit de mettre en place un système de partenariat avec des commerces (voire avec de simples clients) pour que, contre une connexion gratuite ou moins chère par exemple, les personnes acceptent d’avoir chez elles une antenne puissante avec un peu de traffic dédié. Les opérateurs pourraient ainsi construire un réseau finement maillé en utilisant leur réseau existant (celui des clients) tout en reprenant cette même logique qui fait le succès d’Île Sans Fil (et alors que les commerces paient pour proposer cet accès).
Bien entendu, le dernier paragraphe, bien que surement assez réaliste, semble surement inatteignable pour les opérateurs en question qui de toutes manières préfèrent protéger leur niche de téléphonie sans fil 2G et 3G, leur Blackberry et tout ce qui s’en suit !