Accessibilité aux études dans le monde

par Hoedic

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Hier je suis tombé sur un article du Guardian traitant de la mauvaise utilisation des sciences dans la presse, avec des résultats souvent vulgarisés à l’extrême et des chiffres manipulés sans réelle précaution.

Voici un exemple concernant l’accessibilité à l’éducation. Ce n’est pas des sciences pures, mais c’est un bel exercice de lecture. Lemonde.fr publie aujourd’hui un classement des contributions des étudiants à leurs études en pourcentage du PIB per capita. La France termine 11ème sur 16, derrière les USA et le Canada. Personnellement j’ai testé France et Canada dans des conditions similaires et je suis certain que j’ai moins dépensé en France qu’ici.

Si on va regarder l’étude à l’origine, que je vous conseille car très intéressante, on commence à mieux comprendre. Déjà le PIB/habitant est une mesure toute relative. Par exemple l’Irlande se retrouve avec le meilleur PIB/habitant d’Europe, presque au niveau des USA. Surement serait-il préférable d’utiliser les revenues moyens nets (mais aucun chiffre ne serait parfait déjà à ce niveau)

Ensuite, les auteurs étudient grosso modo les coûts (études, frais d’équipement, habitation, etc.) moins les aides (prêts et bourses) pour regarder l’accessibilité financière aux études supérieures. Selon l’étude, le Canada offre plus de bourses que la France… déjà j’ai des doutes mais bon, on en va pas remettre en cause leurs chiffres.

Surtout, l’étude oublie les aides à l’hébergement existantes en France (qui dans mon cas couvraient la moitié des frais) alors qu’il n’y a pas d’équivalent au Canada (le fait de quitter le foyer familial est pris en compte dans le calcul des bourses). Et ça fait une sacrée grosse différence !

Ensuite, l’étude considère les prêts gouvernementaux comme des aides. Le Canada tout comme les U.S.A offrent des gros prêts, (à 0% pendant les études, 6% pendant le remboursement au canada, 0% et 3.37% aux USA, source). Mais en France il existe de nombreuses sources de prêts, souvent à des taux intéressants… sauf que ce n’est pas gouvernemental et n’entre pas dans le calcul de l’étude (mais effectivement ou pourrait critiquer le système français de laisser aux institutions banquaires et aux organismes para-universitaires la charge de faire ce type de prêts). Au résultat deux éléments très importants sont négligés dans l’étude qui changeraient énormément le classement de la France. Pour le Canada, c’est plus réaliste puisque c’est une étude canadienne, donc les auteurs connaissaient surement mieux les critères à prendre en compte (c’est en soi un biais).

Je ne jette pas la pierre aux auteurs de l’étude : un comparatif entre pays est surement difficile à faire. Un tel document offre un vision intéressante permettant de comparer les systèmes à quelques bémols près. Par exemple, l’étude aurait également pu prendre en compte le revenu moyen des étudiants (ces derniers travaillant plus en Amérique du Nord qu’en France par exemple), ce qui aurait encore plus désavantagé la France. En revanche publier un classement comme le propose Le Monde me semble vraiment limite. Un tel tableau devrait être accompagné d’une analyse un peu plus approfondie (mais au moins ils donnent leurs sources ce que ne font pas tous les journaux).

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