Toujours 16 ans

par Dre Papillon

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La nuit dernière, j’ai rêvé de mon cours d’anglais en secondaire 5 (Équivalent à la Seconde en France), comme si j’y étais vraiment.

Ça fait bizarre de rêver de ça après tant d’années - après tout, on ne rêve jamais de soi comme si on était encore en maternelle ou en 6e année. C’est drôle, parce que j’avais déjà remarqué cette impression d’avoir cessé de “grandir” à 16 ans, d’avoir toujours 16 ans. Le temps s’est mis à passer différemment, par la suite. Il a cessé d’être l’attente patiente et incessante de quelque chose. J’avais trouvé.

On transforme sa main en la mettant dans une autre. (Paul Eluard)

Tout n’a pas toujours été simple, avec le monde pour terrain de jeux. Mais on a fini par se retrouver.

Et dire que maintenant, on va se marier. Gentiment, tous les week-ends, on fait avancer nos préparatifs pour cette belle fête à notre image que l’on prépare avec amour. Habits, liste de cadeaux, alliances, cérémonie, réception, voyage, fleurs, maquillage, faire-part… Toutes les pièces prennent leur place une à une dans ce grand puzzle, sans trop de stress. J’ai tellement hâte d’y être, sur l’île aux belles eaux, l’île papillon. Ça fait si longtemps qu’on n’a pas eu de temps pour profiter de nous, tout simplement.

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C’est bizarre, je fréquente maintenant toutes sortes de gens, dans toutes sortes de milieux de travail, passant dans leur vie comme un éclair - l’idéal pour une étude sociologique.

Je ne comprends pas que les gens ne soient pas plus impatients de rentrer chez eux, chaque soir. Pourtant, ils ont souvent aussi ce quelqu’un de précieux et spécial qui les y attend. On ne peut pas se faire une fête de le retrouver, tous les soirs, tout simplement ? Je ne comprends pas. La lassitude ? Le boulot qui nous bouffe de l’intérieur ?

On dirait que seules les bonnes excuses se conçoivent. La garderie des enfants qui ferme, l’entraînement de compétition… On ne peut pas, tout simplement, être pressé de retrouver son amoureux, de profiter de la vie, encore et encore ?

La meilleure de toutes les raisons de partir le soir, pourtant. Je ne veux pas être enchaînée au boulot faute de bonne excuse ! Je suis à deux doigts de m’en inventer, des enfants ou des compétitions imaginaires…

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Je change encore de service de stage demain. Après la dermato et l’ORL, l’orthopédie. Je trouve ça difficile sur le système de devoir incessamment s’adapter à un nouveau milieu, un nouvel hôpital, des nouveaux collègues, de nouvelles notions et façons de faire… C’est épuisant intellectuellement ! Ça demande tellement d’énergie de s’adapter ne serait-ce qu’à un patron, à une logique de classement, à des exigences, à des lieux, à un trajet le matin… Toujours ces acquis éphèmères. Et on repart à zéro avec le sourire. Heureusement que ça ne dure que 2 ans avant de se fixer un peu plus.

Dans deux semaines, je commence un des gros morceaux de l’externat, le stage de médecine interne. J’en aurai pour deux mois, encore dans un nouvel hôpital, mais au moins j’aurai le temps de prendre quelques aises et habitudes ! C’est un des premiers stages qui ne devrait à peu près pas me laisser le temps de souffler. Les horaires vont devenir extensibles tant le matin que le soir. Le cycle infernal des gardes va s’y ajouter, ainsi que celui des examens exigeant lectures et étude. Un sacrifice, un mauvais moment à passer… L’occasion d’apprendre, et rien de plus !

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