Ne pas ramener ses patients à la maison

par Dre Papillon

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Hier j’ai eu une journée incroyable dont je suis revenue toute tremblotante.

Le matin j’ai fait ma première ponction (retiré 80 mL de liquide séro-sanguinolent). Rien de bien extraordinaire mais un des premiers gestes médicaux que je pose vraiment…

L’après-midi j’ai reçu un jeune patient qui a subi une opération assez incroyable. Heureusement, j’étais déjà tombée à la renverse en lisant cette technique chirurgicale il y a quelques années, dans mon livre d’orthopédie. Ça m’a évité de tomber de ma chaise devant lui, hier, en le voyant retirer son pantalon. Suite à un cancer, on avait dû lui enlever le bas du fémur et le genou. Mais au lieu d’amputer bêtement toute la jambe, on a pris le bas du tibia et du péroné pour finir un genre de cuisse, et la cheville pour fabriquer un nouveau genou (mais en mettant le pied à l’envers, bien sûr). Je vous jure que c’est très impressionnant à voir.

Enfin, j’ai eu une première patiente qui m’a profondément attristée. Une dame de l’âge de ma mère, qui me faisait tellement penser à elle. En grande souffrance d’une métastase osseuse qu’on allait lui opérer. Qui commence à comprendre, qu’on a dû lui faire comprendre, que ce qui l’attend, c’est les soins palliatifs. Une si gentille dame, si seule, qui pleurait. La vie est tellement, tellement injuste. Pourquoi ? C’est la première fois que je me suis sentie si abattue par la situation d’une patiente, que j’ai eu beaucoup de mal à chasser de mon esprit. J’en tremblais encore en rentrant à la maison.

Bien sûr, il ne faut pas ramener les patients à la maison ni les laisser s’immiscer dans notre vie. Mais je ne sais pas trop encore comment endiguer ce genre de flot d’émotions…

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