Évidemment, travailler avec des patients hospitalisés toute la journée, ce n’est pas toujours facile. Un vrai microcosme.
Il y a ce patient dont la femme est hospitalisé en même temps ailleurs, en mauvais état. Lui, un peu vicieux, attouche qui il peut à qui mieux mieux. Dans le service, il semble avoir jeté son dévolu sur une autre vieille dame avec qui il passe toutes ses journées, l’aidant même à marcher, la suivant derrière la marchette. Est-il en train de zieuter la blouse d’hôpital entrouverte ?
Il y a les patients avec des troubles de personnalité borderline. Qui vous envoient chier le premier jour et qui essaient de se faire pardonner les jours suivants. Qui se plaignent d’absolument tout au lieu de répondre à vos questions, et qui ne vous laissent pas sortir de la chambre. Transfert, contre-transfert.
Il y a les patients en train de vous quitter, tout doucement, sans bruit, gentiment. Qui vous serrent le coeur mais qui vous filent entre les doigts comme l’eau.
Il y a les patients unilingues italiens en plein délirium.
Il y a les obèses de 400 livres dont vous devez palper l’imposant pannicule abdominal, chez qui vous ne trouvez ni les genoux ni les chevilles, perdus dans l’amas de chair, pour tester les réflexes. Vous trouvez seulement des champignons dans les plis de peau.
Il y a ces patients si attachants et si vaillants qu’ils vous font oublier tout le reste de la journée qui vous a rendu si fourbu. Dont le couple vous semble si mignon et si fort dans l’adversité. Qui vous replonge dans l’histoire du quartier en parlant de ce qu’ils ont vécu au fil des ans.
La médecine, c’est aussi ça. Côtoyer la fragilité et la vulnérabilité avec douceur et respect, à longueur de journée.
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Je me demandais c’était quoi, toutes ces photos retouchées bizarrement et de façon amusante, sur Flickr et différents blogs. Eh bien, c’est flagrantdisregard Flickr Toys.