Tout le monde s’en plaint régulièrement, les rames du métro de Montréal commencent à dater. Malgré la décision récente de réagencer l’intérieur pour rendre le tout plus ergonomique, le remplacement complet des rames sur toutes les lignes est dans tous les esprits.
Plus que dans les esprits puisque Transport Québec dit se préparer à recevoir des offres l’année prochaine. Oui des offres, comme appel d’offres et là Bombardier Transport s’étrangle en prononçant un tel mot alors que l’entreprise québécoise espérait récupérer le projet directement, sans concurrence. SNC Lavalin, première firme d’ingéniérie du Québec vole au secours Bombardier : pourquoi donc passer par un appel d’offre quand on peut donner directement le contrat à Bombardier… et SNC Lavalin. Ça sent-tu les personnes intéressées ? Un contrat estimé à 1.2 milliards de pesetas canadiennes, il n’y a pas de raison de s’exciter finalement.
Alors que le débat fait rage sur le patriotisme économique en France, la question n’est finalement pas si loin ici non plus.
La question de l’emploi ne peut être écarté de l’équation socio-économique d’un tel contrat. Bombardier, par exemple, serait sur le point de fermer son usine de la Pocatière, une région en pleine hémorragie humaine. Plusieurs centaines d’emplois qui seraient préservés par un tel contrat, autant de personnes qui ne couteront rien au système en assurance emploi en plus de rapporter en impôts.
Est-ce une raison pour court-circuiter un appel d’offre en bonne et due forme ? Ces firmes jouent l’argument social mais difficile de ne pas les accuser de chercher d’abord leur avantage et quelque part se faire payer grassement pour en faire le moins possible.
Peut-être est-ce utopique, mais le gouvernement devrait faire un appel d’offre en prenant en compte (dans la mesure du possible) les impacts socio-économiques dans l’équation. Si Bombardier présente un avantage socio-économique au niveau local, la partie sera facile.
Sauf si bien entendu un trouble-fête, Alstom en l’occurrence, propriétaire d’une usine (moitié abandonnée) à Sorel-Tracy, arrive à s’imposer… auquel cas ce serait en jouant aussi sur des ressources locales. Je ne suis pas un farouche défenseur du capitalisme, mais du moment qu’on se place dans ce système, en tant qu’entreprise, la concurrence est un gage d’innovation. Ce qui est vrai pour Microsoft l’est pour toute entreprise.
P.-S : Lors d’une présentation suivie récemment, un candidat au master présentait l’écart en matière de recherche et développement entre les firmes d’ingénierie québécoise, dont SNC Lavalin est la figure de proue, (investissements de l’ordre de 3 à 5% du chiffre d’affaire) et celles du Danemark (environ 15%). Bien des entreprises n’ont toujours pas compris que s’en sortir passe par un investissement en recherche important. Recevoir des contrats tous cuits, évitant ainsi de trop se creuser pour proposer une solution intéressantes, est finalement contre-productif. C’est encore plus contre-productif quand l’argent nécessaire pour la recherche est balancé à des lobbyistes.