Mon stage de chirurgie avance… Il reste encore à tenir trois semaines, dont la dernière se passera sûrement à étudier pour les examens. Mais les journées allongent tranquillement, je vois un peu plus de lumière matin et soir. Le temps s’adoucit et on a vu quelques fois le soleil, y compris le week-end. C’est sûr que c’est encore bien moche par terre, et parfois nauséabond, et que les arbres sont encore vierges de feuilles voire de tout bourgeon…
Mais on sent que ça s’en vient, le printemps, avec sa promesse de l’été. Il faut être patient encore. J’ai l’impression de revivre un peu. De pouvoir marcher dehors un peu plus nonchalemment. J’espère qu’on n’aura plus trop de refroidissements et d’accumulations de neige, qu’on se débarrasse enfin de tout ça !
Sinon, que dire de mon stage ? Je sors de deux semaines en chirurgie hépato-biliaire. Les patrons de cette spécialité sont très bons et gentils. J’ai assisté au bloc à des greffes de foie (dont certaines avec donneur vivant) et à toutes sortes d’opérations délicates.
Au-delà du fait que la chirurgie n’est pas pour moi, je trouve ce stage profondément difficile à vivre. Il y a tant de cancers ! Du foie, du pancréas… Quand ce ne sont pas des métastates d’ailleurs. Les gens viennent vous voir, les yeux remplis d’espoir. Ils sont seuls, en couple ou avec leurs enfants. Combatifs, soumis ou en négation. On aimerait tellement les aider. Parfois, on peut tenter quelque chose pour eux, avec la chimio ou en salle d’op. Souvent, on les déçoit, et nos offres ne sont que palliatives. Le cancer demeure un important faucheur, tellement injuste. Des hommes, des femmes, jeunes ou vieux, occupés ou oisifs, entourés ou isolés…
On en vient à se sentir un peu paralysé et effrayé dans sa propre vie. Mais que va-t-il donc arriver à ceux que j’aime ?