Hier, en clinique externe d’une sous-spécialité quelconque de la chirurgie, je suis tombée sur une patiente très “spéciale”.
De toute évidence, elle souffrait d’un trouble psychiatrique sévère non diagnostiqué et surtout non traité (par refus). Ça la rendait très excentrique et au début, je ne savais pas à quoi m’attendre.
Donc en plus d’être agressive et d’avoir une pensée tangentielle (sautant d’une idée à l’autre, s’éloignant toujours plus de la question posée sans jamais y revenir…), elle était en proie à un délire de persécution rempli d’éléments farfelus ajoutés à la réalité.
C’est ainsi qu’elle s’attaquait de front au chirurgien pour sa malveillance, parlant sans cesse de “poursuite” et “d’avocat”.
C’est que, lors de la chirurgie, elle flottait par-dessus la table. Et elle a tout vu ! Elle a vu la grave erreur qui s’est produite ! Elle a vu qu’ils lui ont ensuite posé une micro-puce ! Non, messieurs dames, il ne faut pas se leurrer : les micro-puces existent bel et bien, depuis le temps de la première guerre mondiale. Et ils lui en ont posé une, pour pouvoir la suivre tout le temps ! Mais comme elle lévitait pendant la chirurgie, on ne peut rien lui cacher, à elle…
La question que je me pose devant un cas comme ça, c’est si on est vraiment obligé de continuer à suivre la patiente. Il me semble que le lien thérapeutique ne fonctionne pas et qu’on ne peut pas se fier aux dires de la patiente. Elle ne peut quand même pas exiger d’être opérée et réopérée sur base d’élucubrations pareilles.
(À moins que le chirurgien veuille vraiment suivre le moindre mouvement de tous ses patients avec des micro-puces… Qui sait, peut-être qu’il n’a que ça à faire… Ça laisse songeur ;))
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En chirurgie, l’une des tâches que l’on fait fréquemment est d’expliquer aux gens l’opération qu’ils vont avoir, la technique utilisée et les risques encourus (saignement, infection, etc.).
J’avais pris pour habitude de dire, au moment de faire signer le consentement : “Veuillez donner votre autographe ici”. Pour faire la rigolote.
Jusqu’au jour où un lapsus m’a échappé des lèvres. “Veuillez signer votre autopsie ici”. Ça fait TRÈS MOYEN juste avant une chirurgie…
Je suis sûre que si le patient avait un blog, il aurait blogué ceci ;) En tout cas, il s’en souviendra longtemps ! Heureusement qu’il avait de l’humour.