Les immigrants, moi le premier, disent bien des choses sur les Québec, l’état lamentable des routes et les soins de santé, souvent qualifiés de tier-mondistes, étant les meilleurs exemples.
Cependant, la situation française me laisse songeur et m’inspire de la crainte pour l’avenir. Les articles alarmants sur la situation du pays s’enchaînent à un rythme effarant et c’est certain que ça a un impact sur ma perception… d’autant que je n’y vis plus. Vu d’ici, la crispation semble flagrante.
Les rebelles de 1968 poursuivaient-ils un objectif ? Je ne sais pas trop et ça peut être facile d’attribuer une volonté à posteriori. Les émeutes de l’automne dernier étaient clairement un accès de violence, de ras-le-bol, sans quête particulière. Les manifestations sur le CPE ont bien entendu largement dépassé ce cadre pour crier le mal-être d’une génération oubliée mais pour faire quoi ? La France a voté non à la Constitution européenne, mais pour aller où ? quel était le message ?
La crispation ne vient pas seulement des jeunes ou des fonctionnaires. Les hommes politiques, en place depuis toujours, s’assurent de ne pas trop bouger pour ne pas avoir de problèmes, les entreprises veulent toujours plus sans forcément donner en retour, bref, ça n’avance pas beaucoup ; sauf que le monde avance lui.
La France ressemble profondément à une société du malheur. Comme le souligne Houellebecq, la jeunesse (physique) est montrée comme la panacée faite humaine : on est jeunes, beaux et libres, la sensualité et les plaisirs sont notres et les vieux n’ont pour eux que l’amertume… ainsi que le pouvoir et une situation indéboulonable pour certains. Les jeunes se trouvent donc inexorablement exclus de la vie économique. Bref, personne n’a de quoi être satisfait !
Enfin, la France est un pays de flics où une bonne partie de la population semble demander encore plus de flics, ce qui est inquiétant. C’est du moins ainsi que je perçois la bonne tenue de Sarko malgré ses dérapages. Hier je suis allé voir V for Vendetta, dont la cadre est une Angleterre en 2020 (environ) sous le joug d’un gouvernement officiellement démocrate mais dans les faits assez totalitaires et utilisant la peur comme assise du pouvoir. V est un “terroriste”, un monstre aux moyens regrettable mais qui vise le bien. Il est question de détruire des bâtiments pour leur symbolisme et de pousser la population au questionnement. C’est bien entendu une critique des USA, mais elle s’applique facilement à la France : la peur est partout et surtout dans l’avenir. C’est dans ce contexte qu’une population devient manipulable, égoïste, fermée, bref, qu’elle court à sa perte.
Ceci n’arrivera pas demain bien entendu. Mais au Québec, malgré les cafouillages gouvernementaux fréquents, les syndicats plus puissants qu’en France, les craintes diverses, je trouve la population, l’environnement, nettement plus confiants. Non pas que la situation soit meilleure en elle-même et la question de la souveraineté est un poids supplémentaire. Les baby boomers s’accrochent également à leurs postes, veulent plus de retraites, mais les jeunes semblent avoir plus de marge de manoeuvre, peuvent entreprendre et en bout de ligne peuvent participer à l’évolution, nécessaire, du pays.
Malheureusement, la situation française semble encore perdue d’ici les élections. Peut-il y avoir une révolution d’ici là ? L’élection portera-t-elle au pouvoir un homme providentiel pour changer la situation ? (mais qui pourrait l’être d’ailleurs ?)
Je pense que rares sont les pays et les entreprises à pouvoir désormais assurer l’emploi à vie. Et peut-être est-ce mieux ainsi, les emplois à vie sont souvent chiant, peu valorisant et au final déprimant. Mais un pays comme la France doit assurer une activité, une formation, une évolution possible à l’ensemble de sa population pour que la perte de l’emploi ne soit pas synonyme de précarité. Ceci passe donc par un filet social organisé qui fait office de trampoline et non d’un pouf qui ne fait que rendre la chute moins désagréable. Par ailleurs, quand je regarde autour de moi, ceux qui sont le plus heureux dans leur travail sont ceux qui sont à leur compte, il faut donc faciliter l’accès à l’entrepreunariat (ne serait-ce qu’en tant que travailleur “free-lance”) bien que ça ne puisse une unique solution. Ceci nécessite un changement complet de mentalité avec une approche axées le développement pour tous et non la protection de ceux qui ont tout et qui par un miracle que je m’explique difficilement, reçoivent le soutien de ceux qui sont précaires.
La question est de savoir si ceci est réaliste sans mettre les employés à la merci des employeurs (ces derniers ayant vite fait d’exploiter à la limite toutes les ouvertures) et en demeurant dans un contexte de travail demeurant supportable.