J’ai enfin fini par atterrir en salle d’accouchement, à mon tour. D’abord pour une garde de 24h, ma première de durée “normale”, comme j’en aurai au moins une par semaine pendant toute ma résidence… Au cours de cette période, 4 bébés sont nés par voie naturelle et 2 par césarienne, pour lesquelles j’ai été 2e assistante vers 2h du matin. Ouf ! La garde s’est bien passée et a été plutôt occupée tout le long, entre les urgences, les étages, les femmes en travail et… les naissances. J’ai réussi à dormir un peu plus d’une heure, mais de façon fractionnée.
On se souviendra que le premier accouchement auquel j’avais assisté, l’an dernier, m’avait un peu traumatisée : il s’agissait d’un accouchement vaginal après césarienne et la patiente avait fait une hémorragie nécessitant une révision de tout l’utérus. Brrr… J’en avais pâli et j’avais dû aller m’allonger plusieurs minutes de temps.
Cette année, rien de tout ça. D’abord, pas trop de complications pour l’instant, et ensuite, je garde mon sang-froid. Il faut dire que le fait d’être assise entre les jambes de la patiente, à attendre le bébé, à surveiller la descente, la position des sutures du crâne, à contrôler la sortie de la tête puis des épaules, à attraper la petite chose gluante sans l’échapper et à faire toutes les manipulations de cordon… tient bien occupée sur un peu d’adrénaline !
Un peu plus difficile, dans ces conditions, de se laisser submerger par l’émotion, quand on a tant à faire. La nouveauté des premières fois laisse place tranquillement à une compétence en formation.
Maintenant, je me rends compte que je suis plus ou moins émue selon l’émotion des parents eux-mêmes. Un couple amoureux, soudé et tendre dans l’adversité, émerveillé par la naissance de leur enfant, me tire encore facilement une larme aux yeux.
Mais il y a de tout en salle d’accouchement. De la maman dopée aux endorphines naturelles - et à rien d’autre - qui ne souffre pas et accouche dans le sourire. À celle qui te regarde, paniquée par tant de souffrance, et te dit qu’elle ne sera jamais capable d’accoucher, juste avant de le faire.
Dans tous les cas, je dirais qu’il n’y a rien de plus beau qu’une naissance. C’est le début d’une vie toute neuve. Et les débuts ont toujours ce petit quelque chose d’unique et de merveilleux que le reste n’a pas.