Fait souvent ignoré par les touristes, Montréal est une île. Pas une île de mer, mais une île de fleuve au milieu du majestueux Saint-Laurent.
J’ai toujours été étonné par la manière dont Montréal tournait le dos au fleuve. Alors qu’en France, les villes sont souvent centrées sur une rivière, ici le Centre-Ville est plus “dans les terres”. Seul le Vieux-Port, lieu principalement touristique, permet de voir cette immense étendue d’eau fraîche, à coté de vieux silots à grain en béton décrépissants. En aval du vieux port, le port de Montréal actuel bloque tout accès : les contenaires, les usines, la voie ferrée et le fleuve disparait de la vue de la région la plus peuplée de la ville.
Plus en amont, en revanche, le Saint-Laurent s’offre aux amateurs d’étendues d’eau notamment avec le lac Saint-Louis avec ses 10 kilomètres de long et 5 de large. Pourtant, ça n’attire pas les foules, pas de plage, une eau saumatre, pas de quoi rivaliser avec les Caraïbes.
Tout ceci pour dire qu’après près de 4 ans ici, nous avons finalement découvert ce Montréal sur mer, si peu connu, en suivant un cours de 2 jours à l’initiation au dériveur. Les conditions furent idéales : un vent modéré, un ciel dégagé et des températures clémentes. Le Club de voile de Lachine est à peine plus petit que celui de Carnac où j’ai appris à faire de la planche à voile. Bien que l’instructrice n’avait pas une pédagogie exceptionnelle, elle connaissait son affaire.
Nous avons appris à gréer nos embarcations (des Mistral 404 et des 420), les manoeuvres de base, le dessalage (un chavirement quoi), certains découvraient la théorie nautique : allures, amures, noeuds, etc.
Ce n’était pas évident pour les novices complets, un couple (sur un total de 8 personnes) a arrêté après la première matinée. D’autres se sont fait bardasser à bord, c’est notamment le cas de mon Dre. Papillon qui a désormais les jambes couvertes de bleus (si elle vous dit que je la maltraite, ne la croyez pas !) Quelques coups de soleil, un ou deux coups de bôme dans la gueule pour moi et finalement une expérience agréable, dépaysante à 20 minutes de chez nous.
En reprenant la Communauto, j’étais presque étonné de me retrouver en territoire nord-américain. L’impression d’être en mer, la pratique de la voile, me plonge systématique en Bretagne ou dans des lieux exotiques.
La blague nautique de l’année
Seul petit point négatif du club de voile de Lachine, le plan d’eau très petit qui se trouve à la sortie d’un port de plaisance principalement peuplé de bateaux à moteur.
Lors d’une accalmie de vent, nous nous retrouvons à l’arrêt au milieu de notre parcours. Un immense bateau plaisancier à moteur (genre ça en moins moderne) arrive droit sur nous. Dre Papillon, inquiète, me demande ce qu’on va faire. La réponse est claire : la voile a toujours priorité sur le moteur (sauf exception), c’est donc à lui de se détourner.
Le bateau, chargé d’humain avachis sur le tableau avant s’apprête à nous froler et une grosse vache nous dit alors “Vous savez, on n’a pas de freins là-dessus !” Prenant sa parole pour une blague, je lui dit que nous non plus n’en avons pas. Sauf que ce n’était pas une blague, elle était sérieuse et commence à nous invectiver et à s’énerver sur sa bouse flottant tandis qu’elle s’éloigne.
C’est la meilleure qu’il m’est été donné d’entendre sur un bateau celle-ci ! Ce genre de bateau (de merde), c’est a peu près comme une voiture automatique sur l’eau.
Quoiqu’il en soit, j’étais surement aussi fier sur notre petit 420 gitant bravement que les gros cons avec leur bateau pétaradant qui arrivaient ou sortaient à tout vitesse en dépit des règles de sécurité de base.
P.S : malheureusement, pas de photo, vous vous doutez bien que lorsqu’on prévoit de faire des dessalages et donc finir à l’eau, on n’embarque pas un appareil photo numérique avec nous ;)