Toujours plus haut !... ou presque

par Hoedic, Dre Papillon

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Au réveil du 4ème jour, le temps n’est guère enthousiasmant : la pluie frappe depuis plusieurs heures sur la tente, il fait froid et la luminosité dans la tente laisse présager des nuages gris et épais, peu enclins à foutre le camp. La sortie de la tente nous confirmera cette impression.

En tant que touristes du camping, nous sommes sans ressources face à la pluie. Nos voisins sont nombreux à disposer de bâches qui, tendues entre des arbres, protègent la table à pique-nique de l’emplacement de camping de la pluie ; ils peuvent ainsi manger confortablement. Après hésitations, nous optons pour petit-déjeûner dans la voiture qui est devenue un lieu de vie, parsemée de bouffe, de vêtements propres et sales, et de tout ce qu’on veut pourvu que ça y soit.

Il est à peine 7h30 du matin, le petit-déjeûner est fini et la journée s’annonce looooongue. Une longue randonnée par ce temps serait tout simplement chiante ; c’est pourtant la seule activité qui nous vienne à l’esprit… même en réfléchissant beaucoup. Faut dire que c’est trou, le milieu de la Gaspésie. Et qu’on venait pour la nature, pas pour les musées !

Notre seul espoir réside dans le Gîte du Mont-Albert, à 1 km, un hôtel 4 étoiles qui dit accueillir les campeurs (désespérés comme nous). Histoire d’être polis, nous commandons chacun un chocolat chaud. Et s’il fallait juger le lieu sur la qualité de leur chocolat, nous vous déconseillerions d’y mettre les pieds ! Même les machines automatiques font mieux. À croire qu’ils ont récupéré de l’eau chaude qu’ils auraient fait couler le long d’une plaque de chocolat de mauvaise qualité. Incroyable. Enfin bref, sans terminer nos chocolats, nous allons nous installer dans leur vaste et luxueux salon pour lire. Au bout d’une heure, les fourmis nous montent dans les jambes : nous ne sommes pas là pour lire de la pédopsy ou des analyses macroéconomiques (même si nous avions chacun amené 3 livres, sait-on jamais).

Incidemment, alors que nous nous décidons à bouger, certains nuages se déchirent, laissant apercevoir un lointain ciel bleu. Ce sera donc la randonnée du Mont Jacques-Cartier, la deuxième plus haute montagne du Québec avec ses imposants… 1268m. Détail logistique que nous n’avions pas noté, il faut faire 40 km de route de cambrousse pour se rendre à un autre camping. Pour ensuite prendre une navette à horaire fixe pour éviter aux caribous d’être dérangés par l’incessant trafic automobile du fin fond de la Gaspésie. Car oui, l’attraction du coin, ce sont les caribous.

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80km de route de cambrousse


Route de cambrousse

Et là, il faut faire une distinction cruciale entre l’orignal et le caribou (notamment à l’attention du lectorat français). L’orignal, c’est gros que comme une vache, voire plus gros, plutôt moche, lourdaud et il y en a en grand nombre dans tout le Canada au point que les chasseurs se font un plaisir de les chasser pour ensuite parader à travers tout le Québec avec le cadavre encore fumant sur le toit de leur pick-up. Le caribou lui est un animal beaucoup plus noble, svelte, avec de majestueux bois et menacé (donc les chasseurs ne peuvent malencontreusement pas le plomber comme tout animal qui se respecte).

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Mont Jacques-Cartier


Un paysage très québécois : un lac et des conifères

Cette distinction faite, nous entamons l’ascension périlleuse qui, ne partant même pas du niveau de la mer, offre un prodigieux dénivelé de 450 m pour une distance totale de 8,2 km. Au début, l’environnement est accueillant, fait de conifères peu élevés, de buissons et de nombreuses fleurs sauvage. La vue est dégagée, ce qui nous permet d’apprécier notre progression et le temps est désormais au beau fixe. Mais à mi-chemin, tout change : la végétation luxuriante ou presque disparaît aussi vite qu’une merde dans des chiottes (quoique pas toujours) pour laisser place à de la caillasse et de minuscules plantes rabougries, visiblement coutumières du froid local. Les autres randonneurs que nous croisont sont emballés dans plusieurs couches, un peu comme un Québécois en hiver, c’est tout dire. Après avoir mangé et ajouté quelques épaisseurs sur nos épaules, nous poursuivons dans ce cadre désertique que certains comparent à l’Himalaya, d’autres à la surface de Mars en moins rouge, c’est selon.

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Mont Jacques-Cartier

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Way down

Nous arrivons finalement au sommet. Là siège une tour d’observation permettant de s’abriter quelques instants du blizzard glacial prodigieusement fort, acceléré qu’il est par effet Venturi comme chacun sait. Quelques photos et nous prenons le chemin du retour au pas de course pour retrouver l’abris de la végétation. Nous n’avons pas vu de caribous mais de toutes manières, si c’est pour les voir à la longue vue ça ne nous intéresse pas ; en tant que bons adeptes de la culture Disney, les Caribous, on veut les caresser et monter dessus, sinon ça ne compte pas ! (Et bon, des jumelles, on en avait pas non plus… ;))

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Panoramique du Mont Jacques-Cartier

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Panoramique du Mont Jacques-Cartier


Quelques panoramiques de bon aloi

Repas du midi : Sandwich, avant qu’il ne fasse trop froid, sur le Mont Jacques-Cartier.

Repas du soir : Devinez quoi ? Des hot-dogs, mais avec du ketchup et de la moutarde cette fois.

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Tente by night


Notre luxueuse tente at dawn

Dodo : notre fidèle tente avec nos non moins fidèles sacs de couchage. C’est cette nuit là que, à force de grelotter, le froid s’est insinué dans les rêves de Dre Papillon, lui faisant croire dur comme fer que le thermomètre est descendu à -40, rien de moins !

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