En l’absence de mon homme, je me trouve à être seule, le soir, à la maison.
Hier vers 23h, je décide qu’il est temps pour moi d’aller dormir. Je ferme le couvercle de mon iBook, éteint la lumière et me dirige nonchalemment vers la chambre, en direction du lit.
C’est alors que mon attention est attirée par des mouvements vaguement discernés dans le noir, sur le balcon. Avec du bruit. S’il s’agit d’une hallucination, elle est complexe, à la fois visuelle et auditive. Et collective, car les minettes semblent très intéressées également à ce qui se passe de l’autre côté de la fênetre et qu’elles distinguent visiblement mieux que moi…
Apeurée et prise de panique, le coeur battant à 200 à l’heure, je retourne sur mes pas en direction de notre unique téléphone, prête à composer le 911 d’office. Ou alors à me sauver par la porte d’en avant. J’hésite entre les deux éventualités.
Quand tout d’un coup, les sens décuplés par l’adrénaline, j’entends dans l’assourdissant silence de la nuit… un bruit distinctif que je reconnaîtrais parmi mille. Même au travers d’une fenêtre fermée.
C’est celui d’un miaulement de chat.
Non complètement rassurée par l’identification d’un bruit connu (ce pourrait être un leurre !), je m’approche à nouveau à pas de loup de la fenêtre et de la porte arrière. Au fur et à mesure, le bruit se fait plus insistant. C’est bien un miaulement, il n’y a pas de doute, ou à tout le moins l’imitation de. Mon premier réflexe, bien que je vienne de voir les deux chattes sur le bord de la fenêtre, est de vérifier qu’elles y sont toujours et que je n’en ai pas “enfermé” une sur le balcon par mégarde.
Ensuite, dans un geste de courage inouïe, j’allume la lumière du balcon arrière pour découvrir…
Ô horreur, ô malédiction…
Un petit chat noir sur le balcon.
Mais attention ! Pas de méprise ! Ce n’est pas notre petit chat noir habituel, mais bien un autre.
Je me frotte les yeux, mais la réalité (ou est-ce ma perception de cette dernière ?) demeure inchangée.
Non seulement y a-t-il un chat noir sur le balcon, mais en plus, il miaule et se promène frénétiquement dans tous les sens. De toute évidence, il veut entrer chez nous. Et nos minettes ne sont pas trop sûres d’en avoir envie.
Kesako ? Le diable en personne qui s’invite à ma porte ? Le chat d’un ancien propriétaire qui revient sur les lieux, des années plus tard après un déménagement ? Un chat du voisinnage (mais je ne l’ai jamais vu) qui se trompe de domicile ? Un chat qui a contracté la rage d’un raton laveur en Montérégie et qui veut furieusement contaminer nos chattes ? Ou les engrosser (mais elles sont stérilisées et ne produisent donc normalement plus trop de petites phéromones attirantes…) ? Les possibilités se multiplient et sont toutes aussi plausibles les unes que les autres, il va sans dire.
Dans un instant d’illumination soudaine, je me prends de pitié pour la petite bête sans défense que je ne peux même pas laisser entrer ici sous peine de ne plus reconnaître Safran pour les 10 prochaines années, minimum. Vous connaissez ces moments de rare clairvoyance où l’on comprend soudain toutes les notions qui nous sont pourtant obscures le reste du temps… C’est dans un tel éclair d’intelligence que je me dis que la Chose, enfin l’Animal, a peut-être faim.
Alors je le gratifie des délicieuses croquettes légères dont nos minettes raffolent tant. Non sans diverses contorsions rocambolesques m’ayant mené à marcher sur les murs et au plafond pour m’assurer que rien de plus n’entre dans l’appartement, pas même un atome d’air, tandis que les croquettes généreusement tendues à bout de bras en sortent.
Mission accomplie. Mais la chose noire miaulante ne semble pas intéressée et va me casser les oreilles pendant plusieurs longues minutes.
Peu importe. Un bâillement soudain chasse toutes mes émotions et je m’en désintéresse aussitôt pour aller plonger dans les bras de Morphée, à défaut des bras de quelqu’un d’autre (c’est qu’il est un peu loin).
Je suis saine et sauve pour ce soir.
La psychiatrie rend-elle fou celui qui la pratique ? Mais non, voyons donc !
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Aucun phénomène paranormal à relater pour ce soir, à date. Mais les extra-terrestres ne sont pas loin pour autant. Ils réessaieront de communiquer avec moi d’une autre manière tout aussi inattendue. Mais ils ne réussiront pas à me faire perdre la tête, je le jure !
J’ai seulement cuisiné un pain aux bananes à partir des fruits qui commençaient à se perdre dans le panier :)