Intox au Redbull

par Dre Papillon

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J’ai travaillé de nuit tout le week-end et je suis sur les rotules. J’ai beau avoir passé mes journées au complet au lit à tenter de récupérer, je n’ai réussi à dormir que 5-6h par nuit. Sachant que même 8h ne me suffisent pas en temps normal et que j’ai bien besoin de mes week-ends pour récupérer de mes semaines… (“Qu’est-ce qu’elle fait en médecine ?”, doit se demander le lecteur à ce point du texte.)

Du coup, je suis en train de tomber malade et j’ai plein de petits malaises physiques (nausées, étourdissements, frilosité puissance 10, etc.), en plus de trouver que je n’ai plus de vie. Malgré l’épuisement, je trouve quand même le moyen d’être insomniaque le soir quand il s’agit de m’endormir…

Cependant, je ne vais pas vous dire que je ME suis intoxiquée au Redbull (remarquez bien que ç’eut été approprié en les circonstances). C’est plutôt le cas d’un des patients dont je me suis occupée pendant ces longues nuits de veille. C’est en fait une intoxication à la caféine, eh oui ça existe, bien qu’il y ait aussi plein d’autres merdes dans cette boisson, dont la nicotine ! Il y a environ 8 tasses de café dans une canette, et le patient en avait innocemment consommé plusieurs. Pouvait bien se sentir mal ! En voilà un autre qui ne retrouvera pas le sommeil avant un moment.

Il faut bien des cas rigolos, entre les malaises thoraciques ou abdominaux, traumas crâniens et autres fractures. J’ai aussi eu le cas de morpions fort sympathique à 4h du matin (authentique), trop fort !

Évidemment c’est aussi l’heure des sorties de bar avec les gars ivres morts ou gelés ben raides qui se pètent la fiole et viennent vous agresser avec leur désinhibition crasse.

Mon gentil mari a accepté de m’accompagner jusqu’à l’hôpital la nuit. Samedi, je l’ai fait entrer à l’urgence, puisqu’il avait envie de voir mon lieu de travail. Eh bien je crois qu’il n’a pas été déçu du voyage. Il n’a évidemment rien dit sur le coup, devant tous ces patients alignés dans les couloirs, mais j’ai compris qu’il n’en pensait pas moins. Il a vite eu envie de ressortir ! C’est sûr que comme ça, hors contexte, on se sent aussi de trop et mal à l’aise devant la maladie, j’imagine…

Il faut avouer que l’image a de quoi donner un frisson. Pourtant l’urgence n’était pas débordée, c’était calme, une nuit normale. On dirait que ce sont les locaux inadéquats, le problème. À une lointaine époque, il y avait très peu de lits voire de civières dans les urgences et personne n’y restait bien longtemps. Elles pouvaient donc être conçues petites et en forme de labyrinthe. Maintenant, il a fallu y entasser des dizaines de lits, alors on les a naturellement alignés dans les couloirs. Avec parfois, mais pas toujours, des petits rideaux (trop courts).

Je me demande si les urgences de conception récente sont aussi faites pour que les lits soient dans les couloirs. Si c’est ce que les plans du futur CHUM (?) prévoient, par exemple. Ça ne m’étonnerait qu’à moitié !

J’ai aussi découvert que les infirmières se font très souvent forcer à travailler des “doubles shifts”. Il y en a une qui a amené son chien au poste. Ça peut difficilement rester seul 16h de temps (plus le transport), un chien. Normalement ce genre d’obligation ne doit exister qu’en cas de force majeure… Mais finalement, c’est le cas presque tous les jours. Franchement pas sympa ! Il peut bien y avoir de la grogne dans les bataillons.

D’ailleurs, j’ai bossé toutes ces nuits avec un patron possiblement compétent, mais franchement imbu de sa personne, méprisant des autres soignants, brutal et indélicat avec les patients. Charmant personnage qui ne m’inspire pas comme rôle modèle !

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