La belle tradition du party de Noël

par Hoedic

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Il existe ici une tradition qui manque réellement en France tant elle est porteuse de belles valeurs, d’amitié et de partage : le party de Noël d’entreprise. C’est l’occasion de fraterniser avec tous les employés, ceux qu’on ne croise pas souvent, même ceux qui font parti d’équipes “ennemies”.

La journée de l’événement, la fébrilité se fait sentir. Durant un meeting, certains, même parmi les managers, sont intenables, ils anticipent déjà ce délicieux moment où ils pourront rendre au sol tout ce qu’ils ont mangé et bu. Dès la fin d’après-midi, plusieurs groupes quittent en direction d’un bar pour se préparer. Schotch, Whiskey, Vodka se succèdent tranquillement en attendant de converger vers le lieu prévu. Les remarques commencent à fuser sur les décolletés des serveuses, les épaules de telle ou telle cliente qui passe ou sur le comportement aguicheur de certaines collègues.

Une fois surplace, l’ambiance est on ne peut plus bonne et chacun se voit baigné dans un mer de rires gras et de blagues graveleuses. Les boissons continuent à couler en attendant de passer à table. Il n’est pas 19h et le pas de certains des convives se fait hésitant, certains pourraient même rouler dans les escaliers à peu de choses près.

Rapidement des signes de franche amitié masculine se font sentir, notamment dans les toilettes où les esprits les plus turbulents secouent les portes fermées. Signe ultime d’amitié, j’en vois un pisser sur un autre tout en enfilant un chapelet d’injures. Amitié virile !

À table, les bouteilles s’écoulent comme les secondes. Certains qui souhaitent rentrer avec leur propre voiture regardent d’un œil sobre et quelque peu perplexe le reste de la foule joyeuse. Entre les services qui tardent à venir, plusieurs vont de table en table pour discuter et se découvrent des amitiés avec des personnes qu’ils détestent de notoriété publique, le beau miracle de l’alcool !

Le président, souhaitant toujours se rapprocher des employés va également de table en table pour discuter. Visiblement il choisit à l’avance son interlocuteur, le moins éméché possible, quitte à sauter une table.

Dehors, alors qu’il fait -10°C, les fumeurs s’emplissent les poumons d’air pur. Un manager ne cesse de flatter (par les paroles, non avec les mains) les jambes de sa Vice-Présidente. La question n’est pas de savoir comment il déblatère de telles conneries mais comment il tient encore debout.

Une fois le dessert passé, insipide comme le reste mais peu sont ceux capables de gouter quelque chose, la musique commence à jouer. Dégénération de Mes Aieux que tout le monde entonne joyeusement sans visiblement percevoir l’aspect critique que cela représente de leur propre vie.

Tous les loups couvrent discrètement leurs dents pour approcher les victimes féminines, de la bonne viande. La frénésie dansante va bientôt se déchainer. Les shooters se préparent à tour de bras ce qui promet des beaux instants mais il est temps pour le témoin que je suis de partir. Il est des choses que mes yeux ne souhaitent pas voir alors que les déhanchements commencent à s’accentuer et le taux d’alcoolémie continue à monter en flèche laissant encore plus place à la déchéance humaine.

Voilà, j’ai vécu mon premier party de bureau. Cet évènement festif où les conjoints ne sont pas les bienvenus est à la hauteur des sordides et nombreux clichés qui circulent sur le sujet. Les gens y vont pour boire, l’allumage se fait volontiers bien que je sois surement parti avant le meilleur. Mais ce n’est pas vraiment un regret non plus…

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