Le boomrang de l'évangéliste

par Hoedic

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En ce moment tout le monde tombe à bras raccourci sur Second Life. Dans le monde francophone c’est un article de Fred Cavazza qui a déclenché cette vague, article qui fait lui-même fait suite à des remises en cause du modèle économique “in world”.

Et là tout le monde de tomber également sur Michel Leblanc, porte drapeau de Second Life au Québec, modèle typique de l’évangéliste.

L’évangéliste est très utile en gestion de l’innovation : c’est lui qui voit le potentiel d’une innovation là où la majorité des gens ne voient rien (ou refusent de voir quelque chose). De fait l’évangéliste se plante parfois… mettons souvent.

En fait, il est fréquent qu’une innovation soit une vraie révolution mais que les évangélistes et les promoteurs de l’innovation ne visent pas juste. C’est le cas de la fibre optique, cas d’école en matière d’innovation où l’entreprise qui a développé la technologie, Corning, a essayé de vendre son truc pour des tas d’applications (dont certaines n’ont pas encore décollé) avant de trouver la niche qui lui a permis de décoller plus large finalement.

Revenons à nos moutons : Second Life et ses évangélistes. Tout le monde s’en prend à Second Life sans voir clairement qu’il y a plusieurs innovations en jeu : un monde virtuel accessible, la possibilité de modeler ce monde, un modèle économique, etc. Ce sont rarement des innovations… novatrices en elle-même. Je me rappelle d’un jeu qui permettait de se déplacer dans un Paris virtuel il y a bien 6 ou 7 ans de cela. Mais SL a proposé un agencement nouveau permettant des possibilités peu envisagées jusqu’à présent.

De cet arrangement on decouvre un certain potentiel des mondes immersifs : rencontres à distance, télétravail pourquoi pas, formation à distance, etc. Tous ces éléments n’ont pas été pleinement exploités dans ce monde mais ça donne des idées, ça ouvre un nouveau champ de possible pour des plateformes 3D.

Le problème, c’est le boomrang de l’évangéliste. Promouvoir une technologie avec force, c’est toujours s’exposer à un retour de baton quand les promesses ne sont pas à la hauteur. C’est connu comme le “Trough of Disillusionment” dans le hype cycle de Gartner ou sous d’autres noms en gestion de l’innovation.

Le problème c’est que le retour de boomrang a souvent tendance discréditer une technologie complète alors qu’en réalité c’est juste une application en particulier qui a été surestimée ou pire, un plan d’affaire qui ne tournait pas rond.

C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai toujours une certaine réticense à provoquer beaucoup d’agitation autour d’une nouveauté, même si j’y crois beaucoup.

Il me semble que c’est chez Marc que j’ai lu récemment une citation qui disait quelque chose comme “Il vaut mieux promettre peu et faire beaucoup que l’inverse”. L’évangéliste ou encore le champion permet de faire avancer les choses mais en promettant trop pour attirer l’attention et aller vite, il prend également un risque à plus long terme de discréditer un domain plus vaste encore.

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