Bon, maintenant que je peux parler autant que je veux des entrevues que j’ai vécues cet hiver, et de mon cornélien choix de carrière… Je me retrouve dans les révisions par-dessus la tête !
J’ai quand même envie de relater un peu mon entrevue de psychiatrie, celle qui s’est si mal passée.
En fait, on ne peut pas dire que je n’étais pas prévenue : des résidents seniors m’avaient même dit quelle forte (et mauvaise) impression cette entrevue leur laissait encore aujourd’hui.
C’est que les questions sont uniquement négatives. On veut savoir les moments durs de votre vie (ah, mais c’est trop facile, vous n’avez rien vécu de pire que ça ?), vos défauts (ah, mais c’est trop gentil, qu’est-ce qui tape vraiment sur les nerfs de vos amis ?), les critiques de vos patrons envers vous, etc.
Vos bons coups ? Pas d’inquiétude, on ne veut pas les savoir. Votre vie sera revisitée avec des lunettes sombres seulement.
Au passage, on va aussi vous asséner des questions “illégales” : voulez-vous des enfants ? Ah oui, quand ça, dans les prochaines années ?
Vraiment assez déstabilisant. Au point qu’on fait gaffe sur gaffe, qu’on se met encore moins en valeur…
Le pire, c’est que tous les interviewers ne faisaient pas ça, et que les candidats avec qui j’ai discuté par la suite avaient, eux, passé une très bonne entrevue dont ils sortaient le sourire aux lèvres, confiants.
Je suis donc ressortie de là convaincue de ne pas être prise. La catastrophe. Ils m’avaient tellement démoralisée que je me demandais même comment un quelconque programme pourrait vouloir de moi.
C’est le fait d’avoir la sensation de ne pas pouvoir être prise qui m’a fait réaliser que c’est ce que je voulais faire et que je serais vraiment déçue de ne pas l’avoir.
En même temps, mon entrevue à McGill de la veille s’était très bien passée. Un moment agréable à se faire accueillir, présenter leur programme, rencontrer leurs résidents, et rencontrer en entrevue des patrons agréables et respectueux qui font un tour honnête de vos expériences.
Jusqu’au dernier moment, j’avais même choisi d’aller à McGill avant l’Université de Montréal, c’est dire ! McGill qui cherche vraiment à vous donner envie, à se vendre, contraitement à l’UdeM.
Finalement, le temps passant, je me suis quand même dit que McGill m’avait fait un “show”, mais que ça ne voulait pas dire qu’ils étaient meilleurs. Je n’ai aucun regret d’avoir finalement opté pour l’Université de Montréal. Heureusement que je ne me suis pas laissée influencer par une journée d’entrevues ! La psychiatrie est quand même un domaine de langage et de subtilité et c’est toujours mieux dans sa langue maternelle, au moins pour se former.
Mais quand même, après discussion avec plusieurs collègues de classe, il s’avère que je suis loin d’être la seule à avoir vraiment failli se retrouver à McGill ou ailleurs pour cette raison. L’Université de Montréal va devoir un peu polir ses manières dans un monde où les candidats peuvent bien aller voir ailleurs si c’est mieux… Ils vont devoir se départir de cette attitude selon laquelle tout le monde voudrait évidemment étudier chez eux et qu’ils ont amplement le choix.
Quant à mon entrevue, il semblerait qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Au fond, on ne connaît jamais la force ou la faiblesse de son dossier, encore moins en comparaison avec les autres.
Et puis, on ne sait pas non plus ce qu’ils recherchaient exactement. Au-delà de mes réponses maladroites et de mes erreurs, peut-être cherchaient-ils surtout à mettre en évidence des fragilités, un système de défenses, l’absence de problèmes de personnalité (après tout, il va falloir m’endurer pendant les cinq prochaines années maintenant !). En tout cas, je me dis que si j’avais eu quelque chose qui cloche, ils s’en seraient sûrement rendus compte.
Et c’est comme ça que je vais me retrouver résidente en psychiatrie à partir du 1er juillet prochain. Cette spécialité allie mes intérêts pour l’âme humaine et les maladies mentales, avec mon besoin de me sentir utile, de combler un besoin. Sans oublier la possibilité de travailler avec des enfants et des familles (puisque je m’orienterai en pédopsychiatrie). Le tout avec une qualité de vie raisonnable à long terme. Au fond, c’est important de se sentir bien dans sa carrière, mais aussi dans sa vie à côté, à la recherche du meilleur équilibre.
Comme m’a toujours dit ma mère, pour aller loin, il faut ménager sa monture. C’est un peu ce que ce choix reflète.
Comme tout choix, il implique aussi de renoncer à plein de choses et c’est à la croisée des chemins que l’on s’en rend le plus compte. Je suis à cette croisée en ce moment. Mais je suis très sereine à l’idée de faire le “deuil de mon stéthoscope”, comme on dit de manière imagée !
Et surtout, je suis emballée par la résidence qui m’attend, qui me semble passionnante et remplie de défis à relever. J’ai hâte de commencer ! Ça va être encore beaucoup de travail, mais ça en vaut mille fois la peine.
J’espère que mes aventures d’étudiante en psychiatrie sauront vous intéresser autant que celles d’étudiante en médecine ! Au plaisir de continuer à vous lire, avec vos commentaires toujours encourageants et constructifs. Quant à moi, je continuerai à vous faire voir un pan de notre système de santé, et de la vie des malades, de l’intérieur…