Est-il nécessaire de répéter le triste événement qui s’est produit cette semaine ?
Encore une fois, la folie fait la une des journaux.
Mais qu’aurait-on pu faire pour l’éviter, malgré tous les signes alarmants ?
La vérité, c’est que nous n’aurions rien pu faire… Le cas en est même classique.
Même quand on a de bonnes raisons d’être inquiet, s’il n’y a pas de signes évidents que la personne va poser dans un très court délai un acte terrible (contre soi-même ou contre les autres), on ne peut l’obliger à rien. Ni à l’internement, ni au traitement. Déjà que les évaluations et les courts séjours hospitaliers forcés existent… C’est le maximum que notre société permet. La liberté de l’individu est reine, plutôt de plus en plus que de moins en moins. Je ne dis pas que c’est bien ou pas bien, mais c’est le revers de la médaille, ça c’est sûr.
Il faut en général que la personne ait posé un acte irréversible pour qu’on puisse l’obliger (juridiquement) à un traitement, avec une ordonnance de cour.
Il y a même des occasions où on sait bien que ça va finir par arriver… Mais on est obligés d’attendre que ça se produise avant de pouvoir agir. Attendre le crime en sachant qu’il va avoir lieu… N’est-ce pas terrible ?
Si ça me fait peur de côtoyer les aspects sombres de l’humanité en psychiatrie ? Oui, bien sûr. En même temps, ces gens ont souvent besoin d’aide et éventuellement de traitement, même s’ils sont parfois trop malades pour s’en rendre compte.
En pédopsychiatrie, je vais essayer d’agir avant, d’aider un peu à fléchir le cours des choses quand elles sont mal parties… Même s’il ne faut pas se bercer d’illusions. On est souvent bien impuissants devant un milieu familial et social dysfonctionnel, quoique pas assez pour en faire un cas de DPJ. (Comme si les placements en familles d’accueil ou en centres jeunesse réglaient tout, d’ailleurs… Mais ce serait un autre débat, un trop long débat !)