C’est le commentaire de Stéphane, me réveillant dans l’avion alors que nous survolions les montagnes du nord-ouest de la Thaïlande. Des petites montagnes verdoyantes magnifiques, des nuages cotonneux ici et là, des plans d’eau d’un bleu profond… C’était effectivement irréel.
Après un petit saut de puce au Cambodge, nous sommes donc revenus à Bangkok avec pour projet de visiter le pays en trois semaines. Nous avons débuté le séjour par la visite de la plus grande ville du pays, Bangkok, qui est aussi le siège du troisième et actuel royaume du Siam.
Car la Thaïlande est une monarchie. Et le roi, là-bas, ne sert pas qu’à faire belle figure. C’est une personnalité omniprésente dans la vie des gens, qui portent des bracelets et des polos jaunes pour signifier leur fidélité et leur amour envers ce souverain. C’est impressionnant au début, surtout quand on n’a pas l’habitude.
Nous avons donc visité à Bangkok le Palais Royal et toutes ses dépendances, datant du 18e siècle. Ce fut un bon bain pour nous permettre de nous “habituer les yeux” au style architecturale thaï (d’inspiration khmère, soit dit en passant), en particulier à toutes ses dorures et à sa richesse visuelle. Oui, car la plupart des bâtiments sont recouverts de feuilles d’or et les décorations ne manquent pas. Les Thaïlandais adorent ce style, qui leur est propre. Ce qui peut paraître kitsch ou surchargé a priori change alors d’échelle et toutes ces merveilles deviennent bien dosées et jolies, car pleinement assumées.
Surtout que la plupart de ces lieux sont encore en usage de manière très actuelle. Ce n’est pas là pour impressionner les touristes, qui ne sont qu’accessoires. C’est d’abord et avant tout pour eux-mêmes que les Thaïlandais ont bâti tout ça. Pour leurs divinités, pour Bouddha, pour leur roi.
L’immersion dans l’univers bouddhiste était totale. Les gens sont assez pieux et croyants, voire pratiquants. Ils sont mignons avec toutes leurs offrandes aux temples, omniprésents et richement décorés. Avec leurs bâtonnets d’encens et leurs fleurs de lotus. Leurs moines au crâne rasé et à la toge orange.
Pour vous donner un exemple, en Thaïlande, nous sommes en l’an 2550 selon le calendrier bouddhique. Et pas juste pour rire : c’est vraiment la date qui est écrite partout, sur les calendrier, sur les vignettes des voitures, à la télé, etc.
Les Thaïlandais sont aussi un peu superstitieux, mais ceci n’a rien à voir avec le bouddhisme, empruntant plutôt à une forme d’animisme. Ils ont ainsi une maison des esprits devant chaque maison (à qui ils offrent fleurs et aliments quotidiennement).
J’ai trouvé très impressionnant de visiter un pays aussi développé mais à la fois aussi éloigné de tout ce que l’on connaît en Occident. Point trace de colonialisme en Thaïlande, qui ne fut jamais la dépendance de personne. Pas de cicatrices de guerres non plus. Ce qui leur a sûrement permis d’atteindre un aussi bon niveau de développement.
Comme quoi un pays tropical à la nature aussi généreuse peut réussir à s’organiser, à bien exploiter ses ressources, à nourrir sa population tout en demeurant relativement stable. Tout n’est pas parfait, mais ça marche.
Je reviens à mes moutons. Bangkok. Je n’ai pas été vraiment charmée par cette ville. Évidemment, le sentiment que l’on a pour une ville réside souvent dans l’interaction que l’on a avec elle, ce qui dépend beaucoup de notre état d’esprit et de plein d’autres choses dont on n’a pas forcément conscience. Toujours est-il que j’ai trouvé cette ville assez déplaisante. Nous n’y avons pas très bien mangé, nous avons eu affaire à des chauffeurs de taxis très désagréables et nous n’avions pas vraiment envie de magasiner dans leurs grands marchés et leurs centres commerciaux qui s’étendent à l’infini. En bref, on s’y sentait moins en vacances qu’ailleurs !
C’est donc avec un soulagement non feint que nous avons pris la route en direction du nord et de l’est du royaume de Siam. Et c’est là que nous sommes vraiment tombés sous le charme de ses paysages, de ses habitants, de ses temples innombrables, de ses canaux, de ses marchés locaux, de ses montagnes, et de sa nature luxuriante…
Nous avons entre autres visité la région de Kantchanaburi et le tristement célèbre pont de la rivière Kwai dans son paysage grandiose. Nous ne connaissions pas ce pan de l’histoire de la Seconde guerre mondiale et avons été émus de le découvrir. Pour ceux qui ne le savent pas, les Japonais y ont tenu des camps de travail où il détenaient des prisonniers occidentaux, forcés de construire à une vitesse incroyable et dans des conditions inhumaines un lien ferré reliant la Birmanie à la Chine.
Nous avons aussi marché dans le parc d’Erawan, sorte de paradis sur terre où les chutes d’eau se succèdent presque à l’infini dans une verdure reposante. Nous avons été amusés de découvrir des singes sur notre passage.
Nous nous sommes ensuite ensuite dirigés vers Ayuthaya, capitale du second royaume de Siam au 15e siècle, reculant ainsi le temps tout en faisant route vers le nord du pays. Cette très belle capitale au style architectural bien particulier n’a pas toujours été bien préservée, en particulier lors d’invasions birmanes, mais est aujourd’hui patrimoine mondial de l’UNESCO. On y trouve aussi le palais d’été de la famille royale, véritable petit Versailles local.
Notre périple nous a ensuite menés à Lobburi où, si nous voulions voir des singes, nous avons été servis dans un temple qui leur est dédié et où ils vivent en toute liberté, envahissant les parcs, les rues de la ville et même les activités humaines !
Puis nous sommes arrivés à Sukhotai, première capitale du royaume de Siam datant du 13e siècle. Elle aussi a souffert des invasions birmanes et fait maintenant partie du patrimoine de l’UNESCO. Le style artistique et architectural de Sukhotai est caractéristique et a modelé de manière particulière tout l’art thaïlandais qui a suivi.
Notre route nous a menés jusqu’au nord où nous avons mis les pieds dans la région du triangle d’or où avait autrefois lieu le commerce de l’opium. C’est encore aujourd’hui la frontière où passe le fleuve Mékong entre la Birmanie (Myanmar), le Laos et bien sûr la Thaïlande. La Chine n’est pas très loin, environ 100 km plus au nord.
La région nord de la Thaïlande est parsemée de montagnes toutes plus belles les unes que les autres, formant une sorte de paysage dentelé que la géologie n’a offert à notre regard nulle part ailleurs sur terre. Dans ces montagnes vivent encore différentes tribus que nous avons visitées, bien que l’exercice soit légèrement rendu touristique avec le temps. Les danses des tribus montagnardes étaient particulièrement belles.
Nous avons ensuite fait route vers Chiang Mai, la grande ville du nord. Nous avons grimpé son temple aux 300 marches un jour de grande fête religieuse et c’était fort amusant de voir toute cette vie grouiller autour de nous qui détonnions dans le paysage. Nous avons aussi visité un camp d’éléphants et sommes tombés amoureux de ces mastodontes expressifs, joueurs et intelligents. Enfin, nous avons visité une ferme d’orchidées et avons failli mourir de jalousie devant la facilité avec laquelle ces fleurs poussent comme de la mauvaise herbe quand elles sont dans leur élément…
C’est donc avec toutes ces merveilles, toute cette variété dans les yeux que nous avons pris l’avion en direction des îles du golfe de Thaïlande, histoire de nous reposer un peu à la plage avant de rentrer chez nous !
Koh Samui, la grande île, nous a un peu déçus, mais ce n’est pas bien grave parce que le clou de notre voyage était Koh Tao, l’île tortue. Nous y allions surtout pour ses réputés eaux limpides et ses fonds marins offerts à tout plongeur même en apnée. Nous n’avons pas été déçus du détour.
Que les fonds marins sont merveilleux avec tous ces poissons clowns qui se dérobent au regard dans leur anénome aux mouvements fluides. Que de poissons divers et multicolores. Que de beauté cachée, enfouie et silencieuse. Quels moments de pur bonheur que de nager parmi tout cela. Comme on se sent choyé et privilégié de voir cette vie évoluer sous nos yeux.
Nous avons donc mené une grasse vie sale de vacanciers sur la plage de Koh Tao. Happy hour à regarder le soleil se coucher presque tous les soirs. Restaurant sur la plage, les vagues à nos pieds. Poissons et mets particulièrement délicieux dans les îles.
Cette vie de plage était vraiment agréable mais va de pair avec une plage peut-être un peu moins jolie, un peu moins paradisiaque qu’ailleurs. On ne peut avoir et l’ambiance, et la carte postale, ensemble, n’est-ce pas ? Mais nous nous sommes servis et rassasiés en paysages sous-marins, que nous ne pouvons partager avec vous. Nous les gardons jalousement pour nous !
Que dire après tout ceci, sinon que nous mourons d’envie de retourner en Asie ? Il y a tant à voir sur cette terre, mais le budget et le temps libre viennent à manquer. Il faudrait aller au Viet-Nam, en Chine, au Japon, au Tibet. Je ne sais quand l’occasion se présentera à nouveau, et une vie, finalement, c’est si court…
J’espère que vous passez un bon été, moi je chéris ces souvenirs en réfléchissant à mes prochains voyages et congrès qui seront certainement plus courts et moins dépaysants.
Heureusement, nous attendons bientôt des visiteurs, amis et famille, de France, ce qui nous permettra de voyager un peu par procuration !