Un anthropologue sur Mars

par Dre Papillon

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Mon stage de neuro s’achève déjà après deux mois. Demain sera ma toute dernière garde de médecine interne ! Tant de stress pour un usage si court…

J’ai trouvé ce stage particulièrement instructif, peut-être celui qui m’aura le plus apporté depuis le début de ma vie hospitalière. Plusieurs des cas rencontrés me rappelaient les récits d’Oliver Sacks dans L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau et Un anthropologue sur Mars. La neurologie est un domaine tout à fait passionnant et il n’est pas du tout étonnant que ça m’intéresse ; il existe un vaste monde frontière avec la psychiatrie, et toutes les bases physiologiques majeures y trouvent leur explication. Après tout, la psychiatrie, ça se passe toujours dans le cerveau et nulle part ailleurs. Et nos médicaments ont de nombreux effets secondaires neurologiques qu’il faudra savoir gérer…

J’ai du mal à vous parler de mon vécu de soignant dans ce domaine alors que pour plusieurs lecteurs de ce blog, le sujet est très sensible, parfois de manière incroyablement aiguë. J’ai peur de paraître insensible ou détachée, alors que Stéphane pourrait vous témoigner du bouleversement majeur que je n’ai cessé d’éprouver ces dernières semaines…

Je me suis occupée de toutes sortes de patients. J’ai géré pratiquement seule deux ACV aigüs. Sans oublier toutes les épilepsies, Parkinson, démences, tumeurs, scléroses en plaques, lésions de la moelle, comas et autres saloperies.

La multitude de ponctions lombaires, comme les érables que l’on entaille au printemps pour en récolter la sève.

Comment vous dire sans les amoindrir les nombreuses catastrophes neurologiques dont j’ai été témoin ? Les familles dévastées, les décès. Je crois que tout ça, je ne peux que le garder pour moi.

Ma conclusion avec la neurologie, c’est que c’est un domaine intellectuellement fascinant où il y a tant à observer, à comprendre, à expliquer. À découvrir encore. Car comme médecins, nous sommes souvent bien limités et impuissants, et nous devons nous contenter de notre rôle d’observateur, aussi informé et rempli de bonne volonté soit-il.

Dans quelques jours, je passerai en pédiatrie, pour approfondir mes compétences en matière de développement du petit d’homme, de la naissance à l’orée de la vie adulte. Là où beaucoup d’enjeux se nouent et se dénouent aussi…

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