Le Devoir relaie les inquiétudes de Mario Dumont quant à la Bourse du Carbone : Montréal serait en train de perdre la bataille au profit de Toronto. Peut-être est-il dans le secret des Dieux mais bon…
Alors pour mettre les choses au clair, il est fort probable de voir naître plusieurs bourses du carbone et étant donné la taille du marché, il est aussi probable que toutes ne survivent pas. Quoiqu’il en soit, pour Montréal et Toronto qui sont déjà des bourses établies proposer un produit supplémentaire ne coute pas grand-chose.
Car il n’y a aucune raison d’en avoir avoir une seule. C’est un secteur à proprement parler non-monopolistique ; d’ailleurs les traders de carbone pourront du reste échanger leurs crédits de gré à gré ou sur un marché centralisé et ce au comptant ou via des contrats à terme.
À l’heure actuelle, Montréal a le monopole des produits dérivés ; ces derniers représentent 90% (dérivés vs comptant) des 40% (bourse vs gré à gré) des crédits de carbone échangés en Europe. Et j’ai bien dit Les places boursières car il y en a plusieurs. Et comme en Europe, il n’y a pas de raison pour le gouvernement interfère pour fixer un unique medium d’échange des crédits. Dans l’esprit Kyoto (dont le Canada se fout, mais passons), les gouvernements fixent les normes à respecter et libres aux entreprises de s’organiser pour y répondre.
La Bourse de Montréal est possiblement la plus avancée dans le processus avec la création du Montréal Climate Exchange en partenariat avec le Chicago Climate Exchange (qui détient aussi la principale bourse climatique européene, l’ECX). Montréal a déposé auprès de l’Autorité des Marchés Financiers la paperasse pour déclarer le contrat à terme basé sur des crédits d’émission de gaz à effet de serre et la période de commentaires est terminée. Ce qui manque le plus, en fait, c’est la réglementation définitive que le gouvernement Harper avait promis pour l’automne (il est encore temps). À noter que si j’ai bien compris le cadre réglementaire proposé, la première année réellement contingentée serait 2011 !
Là où il y a plus clairement quelque chose à court terme, c’est l’éventuelle fusion-acquisition Bourse de Toronto/Bourse de Montréal. La reprise des pourparlers avant hier a fait bondir de près d’un tiers le prix de l’action de la seconde. Bien entendu, je ne suis pas un initié donc je ne sais pas ce qui va arrivé… mais surement que quelque chose va finir par se produire ce coté avant que le trading de carbone soit une mode au Canada !
(Disclaimer : pour mettre les choses au clair, je suis un employé de la Bourse de Montréal et je regarde de loin certaines étapes de la création du MCeX. Mais j’en sais autant voire moins que certains journalistes qui couvrent ces questions et je parle uniquement en mon nom et fonction de mon intérêt pour la chose.)