Cette année, nous avions décidé de mettre un grand coup dans notre vie culturelle. Nous allions découvrir l’opéra, la musique classique, la danse… en plus du théâtre que nous aimons déjà.
C’est ainsi que depuis l’automne nous passons notre temps à la Place des Arts ! Nous avons assisté au Cendrillon des Grands Ballets Canadiens, au Tannhauser de Wagner par l’OSM, au Barbier de Séville de Rossini… sans oublier Monsieur Malaussène à l’Espace Go et Rhinocéros au TNM.
C’est assez sympa toutes ces découvertes même si nous sommes parfois bien néophytes. Pendant le concert, le chef d’orchestre, il sert vraiment à quelque chose ?! Et puis le chausson de vair de Cendrillon, pourquoi devait-elle tourner autour pendant une heure, zut à la fin ?! (Ça vous donne une idée du niveau de base - non, ne soyez pas dépités.)
De toute façon, que le test soit concluant ou non, je pense que pour l’année prochaine, il sera déjà plus compliqué pour nous de passer notre temps aux concerts, à moins que les voisins aiment les bébés qui se réveillent.
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Ces temps-ci, j’ai l’impression de mener une vie parallèle, en fait plusieurs vies parallèles. De quoi devenir schizophrène soi-même, sérieusement.
D’abord, il y a celle de résidente en psychiatrie qui doit être partout à la fois. À l’étage avec tous les patients à admettre et à suivre dans un feu roulant incessant. En externe à évaluer les nouveaux cas, produire les rapports et à suivre ce qui se trouve désormais être “mes” patients, dans “mon” bureau. (La classe !) Ce qui implique de gérer l’incertitude que cela engendre tout naturellement. En cours où je dois apprendre tout sur toutes les maladies. Et sur tous les médicaments. Où je dois apprendre à devenir psychothérapeute autant dans la veine de Freud qu’en cognitivo-comportemental.
Un chausson avec ça ?
Honnêtement, on ne sait plus où se jeter, à tel point qu’on en vient paralysé et qu’on ne se jette nulle part du tout. Il y a 500 livres à lire, tout de suite, pour demain matin ? Je suis désolée, moi je n’en lis qu’un à la fois.
D’ailleurs en ce moment, il s’agit d’un roman qui s’intitule “Mount Misery”, la suite de “The House of God”. Le premier relatait l’histoire d’un jeune résident américain qui passe au travers ses stages de médecine interne d’une manière cynique et décapante, pour finalement choisir de s’orienter en psychiatrie (eh oui ! je ne le savais pas en le commençant !). Du coup je suis bien obligée de lire la suite, en espérant y trouver une sorte de réconfort devant l’universel et infini sentiment d’incompétence qui m’assaille comme tout jeune débutant en n’importe quoi, mais en psychiatrie en particulier.
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Quand je ne suis pas occupée à réfléchir à la meilleure façon de sauver ma peau la prochaine fois qu’un patient pseudo-suicidaire intoxiqué sans domicile fixe à l’urgence sur une garde me montrera un couteau en cours d’entrevue…
Il m’arrive d’avoir quelques secondes pour penser à la vie qui se développe en moi, toujours aussi discrètement. Cette longue phase abstraite se fait un peu longue, je dois l’avouer, alors que l’on ne sent pas encore le bébé bouger et que les gens nous regardent poliment en pensant qu’on a décidément pris du ventre dernièrement…
Mine de rien, je suis quand même en train de me changer en future maman grano qui veut porter son bébé avec une écharpe et le langer avec des couches lavables, rien de moins.
Le pendant négatif c’est que je suis aussi en train de me changer en acheteuse difficile devant le moins produit pour enfant (qui se doit d’être soupesé et comparé avec ses semblables avant achat). Acheteuse théorique on s’entend, car je n’ai pas encore mis la main sur la moindre chaussette ou peluche !
Bref, un jour, je ferai peut-être l’acquisition d’une poussette, d’une bassinette, et en fait d’un tas d’autres choses assez utiles quand on y pense, si j’arrive à me décider avant l’accouchement !