Des nouvelles de Monsieur

par Hoedic

Lecture: ~5 minutes

Après avoir passé les derniers billets à épiloguer sur les difficultés d’être nouveaux parents, nous devons bien donné quelques nouvelles de Monsieur.

Difficile à croire, mais il a déjà 1 mois ! Vu de l’extérieur, ça semble long mais pour nous ce fut une seule et longue journée entre-coupée de siestes… pour lui aussi d’ailleurs. Ou alors près de 300 journées d’environ 2 heures chacune.

Parti d’un petit 2.8kg, descendu à 2.6kg, Monsieur faisait 3.4kg aux dernières nouvelles et devrait être autour de 3.7kg aujourd’hui avec une croissance quotidienne entre 50 et 70 grammes par jour -ça peut sembler peu mais pour lui c’est énorme. À son âge, on parle de 20 à 30 grammes par jour comme référence. Du coup il présente maintenant des petits cuissauds plissés et un visage rond qui lui vaut le surnom de Bouddha (En référence au Maitreya Bouddha et non au Śākyamuni Buddha dans sa phase ascétique)

Il nous gratifie de plusieurs heures d’éveil par jour (outre les tétés) dont nous ne savons que faire. Nous avons cependant trouvé une nouvelle occupation pour Jean-Saul: C’est le seul endroit où Monsieur accepte de rester plus de 5 minutes sans s’énerver.

Nous posons Jean-Saul en U sur le futon et callons Monsieur dedans. De là, il peut tourner facilement sa tête à l’horizontale et observer les alentours. Bien moins frustrant que regarder le plafond ou les parois unicolores de son berceau. Nous ignorons ce qu’il trouve à regarder mais il fixe pendant plusieurs minutes des… “choses” de ses yeux de plus en plus éveillés. Hormis son cou, son contrôle moteur demeure assez approximatif, au point de régulièrement s’enfoncer des doigts dans les yeux, le nez, la bouche ce qui a pour effet l’agacer.

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Monsieur dans Jean-Saul

Quand il finit par s’énerver faute d’avoir de pouvoir gambader de lui-même nous atteignons nos limites de parents. Nous le promenons à bout de bras dans l’appartement, on le berce, etc. souvent en vain. Parfois aussi, il accepte de s’endormir sur notre torse dans la chaise berceuse. Dans ce cas, le meilleur moyen pour qu’il dorme un certain temps est de le garder sur nous pendant tout ce temps (faute de quoi il risque de se réveiller et de demander à manger… même s’il a déjà mangé 30 minutes plus tôt). Ceci fait que ce premier mois a été une période très faste pour la lecture. Ainsi dans la dernière semaine et demie j’ai engouffré tous les livres de Dune. Paul-Usul-Mouad’dib sera donc à tout jamais lié aux premières semaines de Monsieur.

Le reste du temps, il dort et remplit bien sa couche; le dernier point étant un critère important permettant de juger de la santé du bébé. Ainsi notre lectorat apprendra que nous sommes ravis de changer notre bébé 10 fois par jour, il est en santé.

De plus en plus, il pleure aussi. Sont-ce les premiers signes des coliques ? Coliques qui n’ont pas forcément beaucoup à voir avec la digestion; c’est juste une phase du bébé pendant lequel il pleure, sans que personne ne s’explique pourquoi. Il pleure. Ceci lui a valu l’autre surnom de Verdun en référence à un des livres de la série Malaussène de Pennac.

Ceci me permet donc de vous laisser sur un long extrait présentant Verdun -et un peu notre Bouddha-Verdun :

«Mais gaffe : quand ça roupille, paupières et poings serrés, on sent que c'est dans le seul but de se réveiller, et de le faire savoir. Et, quand ça se réveille : c'est Verdun ! Toutes les batteries soudain en action, le hurlement des shrapnels, l'air n'est plus qu'un son, le monde tremble sur ses fondations, l'homme vacille dans l'homme, prêt à tous les héroïsmes comme à toutes les lâchetés pour que ça cesse, pour que ça retrouve le sommeil, même un quart d'heure, pour que ça redevienne cette énorme paupiette, menaçante comme une grenade, certes, mais silencieuse au moins. Ce n'est pas qu'on dorme soi-même si elle se rendort, on est bien trop occupé à la surveiller, à prévoir ses réveils, mais au moins les nerfs se détendent un peu. L'accalmie, le cessez-le-feu... la respiration de la guerre. On ne dort que d'un oeil et sur une oreille. Dans notre tranchée intime, le guetteur veille. Et, dès le premier sifflement de la première fusée éclairante, à l'assaut, bordel ! tous à vos biberons ! repoussez-moi cette offensive ! Des couches, les infirmières, des couches, nom de Dieu ! Ce qui est englouti d'un côté déborde presque aussitôt de l'autre, et les hurlements de la propreté bafouée sont encore plus terrifiants que ceux de la famine. Des biberons ! Des couches ! Ça y est, Verdun s'est rendormie. Elle nous laisse debout, hébétés, chancelants, l'oeil vide fixé sur l'ample sourire de sa digestion. C'est le sablier de son visage ce sourire. Il va se rétrécir peu à peu, imperceptiblement, les commissures vont se rapprocher, et, quand la bouche toute rose ne sera plus qu'un poing noué, le clairon sonnera le réveil des troupes fraîches. De nouveau, le long hurlement vorace jaillira des tranchées pour investir les cieux. Et les cieux répondront par le pilonnage de toutes les artilleries : voisins cognant au plafond, martelant à la porte, jurons explosant dans la cour de l'immeuble...»

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