La maternité, l'expérience la plus difficile d'une vie

par Dre Papillon

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Ça a souvent l’air tout rose, d’avoir un bébé. On dirait même que c’est un peu tabou de dire que c’est difficile, qu’on a du mal…

Il faudrait toujours afficher que tout va bien, que tout est parfait et que notre enfant est le meilleur et le plus gentil sur terre.

En plus, comme de nos jours les familles sont petites et dispersées, on a vite fait de n’avoir aucune expérience de vie avec les bébés, ce qu’ils sont réellement et comment on s’en occupe à longueur de journée, de semaine et de mois.

Ici, en tout cas, on a bien galéré.

Monsieur est toujours allaité et je suis devenue une encyclopédie des complications de l’allaitement sur pattes.

Outre le refus du sein en début de vie (et le très lent retour sur plusieurs semaines), il y a eu l’expérience du tire-lait, le muguet, les crevasses, les débuts de mastite avec fièvre à 39 degrés, le manque de production, la prise de suppléments galactogènes et de dompéridone, et maintenant la diète sans protéines ou presque (pas de produits laitiers, pas de poisson, pas de soya, pas de noix ni arachides, pas de légumineuses, etc.).

Plusieurs des difficultés liées à l’allaitement étaient en fait directement liées aux caractéristiques de notre intense bébé. Qui ne voulait pas se blottir et donc refusait initialement la mise en sein. Puis qui s’est mis à faire des marathons d’allaitement, buvant très souvent sur plusieurs semaines (je n’ai même pas vu passer les poussées de croissance).

Au-delà de l’allaitement, il y a ce bébé qui semble souvent mal dans sa peau… qui a besoin d’être rassuré énormément, mais qui est souvent inaccessible à nos interventions.

Un bébé aux besoins intenses, c’est un bébé qui veut être dans les bras tout le temps, à l’éveil comme au sommeil, mais qui en même temps n’aime pas se blottir. Qui a tendance à se raidir constamment, à se cambrer, à se jeter la tête vers l’arrière. Il faut le prendre face au monde, et être constamment en mouvement. Il ne tolère pas que l’on reste immobile ou que l’on s’assoit.

Il est à la fois hypertonique (le plus souvent raide comme une barre de fer) et hypersensible, devenant très vite hyperstimulé, agité. Il passe en un éclair de la bonne humeur à la crise.

Ce sont des bébés qui veulent téter très souvent, pour toutes sortes de raisons : manger, boire, mais aussi se réconforter, se désennuyer, etc. Il est impossible d’espacer leurs boires.

Ils ont des pleurs caractéristiques qui confèrent un caractère d’urgence impressionnant à leurs demandes.

Bref, c’est drainant. En gros, c’est un bébé qui trouve l’adaptation à notre monde difficile et inconfortable. Mais qui, heureusement, est doté d’un tempérament qui lui permet de demander ce dont il a besoin, pour petit à petit arriver à se sentir mieux.

Ce n’est pas une maladie, simplement une description. Mais ça dénote une intensité d’expérience qu’il faut vivre pour comprendre. Une sorte d’enfer sur terre, les premiers mois…

Ajoutez à cela des douleurs physiques réelles (liées au reflux, i.e. des brûlures d’estomac) avec de longues séances de tortillements et de hurlements…

Et vous comprenez qu’il faut un moment pour émerger de ça et s’en remettre un peu. À force de patience et de douceur…

On a tous au fond de nous
Des longs chemins de cailloux
Des pianos sur les épaules
Et des grosses larmes de saules
Des sentiers plus lumineux
Qui mênent aux matins heureux
Et cette force qui nous charrie
Dans les temps gris de la vie

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