Aux lectrices (et quelques lecteurs !) de Elle Québec

par Dre Papillon

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Bienvenue à vous !

J’avais bien prévenu la rédac’ chez Elle Québec qu’être jeune maman de retour au travail, qui plus est en résidence, ne laisse pas beaucoup de temps ni d’espace pour bloguer…

Ça s’appelle la conciliation travail-famille. C’est cet espèce de concept ennuyeux, un peu galvaudé, dont tout le monde parle, vous savez ?

Eh bien ça correspond aussi à une forme de réalité. Celle de courir partout dans une journée, une semaine… au fil des mois. Celle de faire tout ce qu’on avait prévu dans sa vie, mais avec l’impression que ce n’est pas tout à fait assez, pas tout à fait bien.

Cette culpabilité de mère quand la journée s’étire, que les gardes se font rapprochées. Cette culpabilité d’étudiante qui n’étudie pas assez. Cette culpabilité de travailleuse qui parfois a la tête ailleurs, dans d’autres soucis plus concrets de la vie quotidienne.

Je ne suis pas du tout le type de maman que j’imaginais. Beaucoup plus mère poule. Versée à fond dans le “maternage proximal” un peu alternatif, le portage, l’allaitement longue durée à la demande, etc. Ça complique un peu les choses, quand on les a autant à coeur. Je m’imaginais plus nonchalante et insouciante.

Comment concilier tout ça avec la réalité d’une résidence en médecine, qui est loin d’être un travail comme les autres ? Comment préserver son unité sans avoir l’impression de faillir à tous points de vue ?

Je dois dire que j’ai beaucoup réfléchi, beaucoup remis en question… Mais que petit à petit j’arrive à des réponses satisfaisantes. Finalement, une mère qui travaille, un enfant à la garderie, ce n’est peut-être pas si “contre nature” que ça peut en avoir l’air !

Ceci dit, quand j’ai débuté la psychiatrie, j’étais enceinte et je me rends compte que la grossesse rend vraiment autiste, centré sur soi-même, sur son corps qui se transforme, sur cette nouvelle vie à venir ! Il me restait très peu de disponibilité d’esprit et émotionnelle pour m’ouvrir vraiment à ce domaine très particulier de la médecine. Tout à fait à part, à dire vrai.

Je m’en rends compte car je me sens beaucoup plus en mesure d’accueillir ce qui vient maintenant. D’écouter l’autre vraiment. Malgré les nuits écourtées et les réveils toujours nombreux de fiston, qui font que je ne me sens toujours pas en pleine possession de mes moyens. On fait aller.

C’est une lente transformation que celle qui doit faire de vous un psychiatre. Je suis encore loin du compte. Mais je sens que ce travail se fait, en arrière-plan. Fait de réflexions sur soi-même, sur qui l’on est, sur comment on est devenu. Sur nos interactions avec les autres.

On pourrait dire la même chose du fait de devenir mère, n’est-ce pas ? Une véritable thérapie de croissance personnelle.

Je dois avouer que c’est parfois un peu menaçant de se pencher sur tout ça. Mais on en sort grandi, assurément.

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