Songes

par Hoedic

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Toute la famille est en voiture. Nous allons rendre visite, peut-être souper, chez des amis, eux aussi dans le Plateau. Caroline conduit et entreprend de se garer sur la rue de Gaspé alors que nous sommes encore bien loin de notre destination.

– Mais pourquoi te gares-tu ici? On est encore loin!
– Pas moyen de trouver une place dans leur coin, on est mieux de se garer ici que de tourner pendant des heures.
– Allons allons, donne-moi le volant, je vais en trouver une de place plus proche.
– Si tu veux, moi j’y vais à pied et je te garantis que j’y serai avant toi

Et pendant que Caroline entreprend sa marche, je prend le volant du camion poubelle dans lequel nous sommes, avec les enfants à mes cotés. Je souhaite évidemment me rendre à destination en premier, mais j’ai aussi des poubelles à ramasser sur le chemin. Je me presse, ramasse tout au plus vite. Plutôt que de pénétrer dans un cul-de-sac avec le camion, j’y vais à pied, charge les sac poubelle sur mon dos et lorsque je reviens… le camion n’est plus là! Avec les enfants dedans.

Je cours dans tous les sens. Panique. Aucun doute, les enfants ont été enlevés. Je cours du plus vite que je peux pour retrouver Caroline. Une fois ensemble, j’arrive à mettre la main sur une patrouille de police. Les agents me répondent qu’il sont de la Sureté du Québec et que ce genre de situation n’est pas de leur ressort mais plutôt du SPVM. Je leur réponds que je m’en fous et qu’il faut faire des barrages routiers. Ça vient d’arriver, un camion poubelle bleu avec des enfants dedans ne passe pas inaperçu. Ce à quoi ils me répondent qu’on ne fait pas de barrage pour si peu, que l’enlèvement n’est pas confirmé et qu’a priori, c’est surtout un vol de camion.

J’essaie de joindre les médias pour un appel à témoin, ils me répondent qu’ils pourrons surement nous aider… “en juin”. Vaguement pareil des politiques qui me disent qu’ils n’y peuvent pas grand chose, qu’ils pourraient demander à faire compter les camions “dans les jours qui viennent”, mais rien de plus. Le découragement me gagne, je pense aux motivations des voleurs, aux enfants, à ce qui peut leur arriver, j’ai envie d’exploser.

J’ouvre les yeux. Je suis dans mon lit, le corps tendu. Mon premier réflexe est évidemment de me dire que les enfants sont dans leur lit. Il est 6h50. 5 minutes plus tard Axel se fait entendre dans son lit et à la grande surprise de Caroline, je me lève immédiatement pour aller le chercher.

Les rêves. Toute cette invraisemblance. Notre voiture qui se transforme en camion poubelle en cours de route. Chaque détail compte. L’action qui nous aspire sans jamais que notre esprit n’arrive à prendre de recul. Enfermé dans un film qui est le notre, dont on écrit le scenario sans le savoir, sans pouvoir en sortir, souvent dans une mise en abîme de notre vie.

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