Voilà un bon deux ans que je contemplais l’idée d’acheter une liseuse numérique. Comme souvent, j’ai longuement attendu avant de passer à l’acte. Finalement mon anniversaire m’a fourni une bonne occasion et je suis désormais le possesseur d’un Kobo Glo.
Cette machine correspondait à mon besoin: simple, petit (à peine plus grand qu’un livre de poche), écran noir et blanc rétro-éclairé et connexion wifi mais non 3G. Le Kobo intègre également des fonctions de surlignage, de prise de notes et de dictionnaire. Enfin le Kobo accepte une large gamme de format et à l’aide de Calibre et de certaines extensions, il est possible de lire des livres électroniques de toutes sortes de sources, y compris venant d’Amazon et autres sources DRMisés. Pour tester la bête, j’ai acheté Who owns the future de Jaron Lanier et j’ai mis dessus The Race Against the Machine de Brynjolfsson et McAfee acheté sur Amazon il y a quelques temps et que je souhaite relire en parallèle du livre de Lanier (sur lequel je reviendrai en détail)
Points positifs
- Effectivement l’encre électronique se lit bien quoique pas aussi contrastée que je l’aurais souhaité.
- La machine est plus légère que la majorité des livres physiques que j’ai l’occasion de lire et la coque en plastique noir mat est facile à tenir.
- La liseuse tient facilement dans une main et rentre dans la plupart de mes poches de pantalon.
- Il est facile de tourner les pages.
- Plus besoin de marque-page (un problème récurrent pour moi).
- Les options de surlignages et de prise de notes sont un immense gain pour moi. J’ai souvent envie de souligner un passage ou de mettre un commentaire, mais j’ai horreur de marquer un livre. Par ailleurs, je n’ai jamais de quoi prendre de note à portée de main, donc historiquement je me contentais de mettre des post-it aux endroits clés, mais j’oubliais souvent le contexte lorsque je revenais dessus. La prise de note est un peu laborieuse (petit clavier, rafraichissement de l’écran insuffisant), mais ça incite à rester concis et à se concentrer sur la lecture.
- Le dictionnaire est également un grand plus. Je lis beaucoup de livres en anglais mais il me manque souvent du vocabulaire. Avec des livres papiers, je manque souvent de volonté et me contente de supposer la signification d’un mot, manquant ainsi l’occasion d’améliorer mon vocabulaire en finesse. Il m’est désormais possible d’en avoir la définition complète ou plus simplement la traduction directe au bout du doigt.
- Le rétro-éclairage est très bon, juste assez pour lire agréablement mais sans créer de fatigue comme un écran classique. Là encore, gros progrès pour moi car la plupart des endroits où j’aime lire dans la maison sont mal éclairés.
- Enfin une liseuse semble plus robuste qu’un livre. Comme je traine souvent mes livres avec moi, j’ai une forte tendance à les écorner, ce qui m’horripile au plus haut point. Le Glo possède une coque en plastique visiblement peu fragile et j’ai donc assez peu de scrupule à le trainer avec moi en toute occasion. Le temps dira s’il est vraiment solide.
Limitations
La seule critique que j’aurais à faire qui semble s’appliquer spécifiquement à ce produit (et à la gamme Kobo en générale), c’est le compagnon pour Mac (et c’est surement la même chose pour PC) livré avec la liseuse: une vraie merde évidemment faite pour nous emprisonner autant que possible dans leur “book store”. Calibre est nettement moins beau mais beaucoup plus orienté vers une gestion de bibliothèque multi-sources.
Pour le reste, je suis porté à croire que ce sont des limitations partagées par l’ensemble des liseuses électroniques.
Premièrement, le rafraichissement de l’écran un encore lent. Cela pose des problèmes pour prendre des notes, mais aussi pour tourner rapidement les pages.
Personnellement, je suis un adepte d’une sorte de lecture rapide, notamment pour améliorer la compréhension et la rétention des idées: feuilleter le livre avant de le lire pour en comprendre la structure d’ensemble et faire de même après l’avoir lu pour reprendre les notes de lecture et synthétiser mentalement les idées importantes du livre. Ceci est très difficile à faire avec une liseuse. Parcourir un livre en feuillant les pages, revenir en arrière, sauter des sections, etc. se fait mal, notamment à cause à du rafraichissement trop lent et de l’aspect trop limitatif du “tournage de page”. Le logiciel de lecture de Kobo est bien fait et propose un slider pour se déplacer rapidement dans le livre, mais c’est sans commune mesure avec un feuilletage de livre.
Je me repère également beaucoup par rapport à la géographie d’un livre: où étaient certains éléments, quelle épaisseur du livre j’ai parcouru, etc. Avec une liseuse je perds le coté spatial du livre et ça… me perd. Au moins des numéros de pages sont affichés (lors d’un essaie de Kindle il y a quelques années, l’absence des numéros de pages m’avait frustré au plus haut point) mais l’absence de substance dans mes mains, cette connaissance intuitive que j’avais du livre physique me manque.
Pour ne pas faciliter les choses, la table des matières générée par l’outil perd trop la structure des livres fortement organisés. Une meilleure prise en compte des niveaux de titres et un mécanisme d’affichage en accordéon permettrait une meilleure navigation dans les livres proposant un découpage bien réfléchi.
L’un dans l’autre je pense que je vais continuer avec la liseuse pour les livres que j’ai l’occasion de pouvoir trouver et acheter/télécharger en ligne (je n’ai pas encore commencé à regarder du coté du projet Gutemberg). J’ai le sentiment qu’avec le temps, je vais réussir à combler certains des manques, surtout par une utilisation plus rigoureuse des notes et du surlignage. Enfin à cause des limitations encore flagrantes des productions littéraires en format numérique, surtout en français, je suppose que j’aurais encore de nombreuses occasion de lire sur papier, sans oublier de bien beaux magazines.