Genre de fiertitude

par Hoedic

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J’ai beau vouloir me le cacher, je ne peux que constater qu’une indéniable fierté me saisie à l’idée d’avoir obtenu mon 3ème kyu d’aikido. Pourtant, sur le coup, je ne me sentais pas débordé par un immense sentiment d’accomplissement.

Dans mon dojo (pas nécessairement partout), le 3ème kyu est un premier rite de passage donnant droit de porter l’hakama, ce pantalon large noir ou bleu marine qui fait la spécificité de certains arts martiaux comme l’aikido. Cet attribut représente le fait d’être “avancé” (bien que dans les faits le 3/4 du dojo est plus avancé que moi) et donc de guider, d’aider les débutants.

Hakama

McGill Aikido, le 7 avril 2016

Mais à bien y réfléchir, cette étape veut dire plus pour moi. J’ai mis les pieds sur un tatami pour la première fois en 2005, je crois, pendant 6 mois, au mieux. Puis un autre 6 mois avant la naissance d’Arthur avec une pause d’un an. Puis encore une pause d’un an après la naissance d’Axel. Si j’avais agi de même pour la naissance de Florent, je serais encore en pause pour un bon 7 mois…

Pendant toutes ces périodes faites d’arrêt et de reprises, j’avais pourtant la certitude qu’il s’agissait d’une activité importante pour moi. Un acte régulier qui me confrontait à mes limitations, m’aidait ou probablement m’aiderait à faire face à une irascilibité omniprésente dans ma vie. Mais le processus était loin d’être évident.

Examen d'aikido

Techniques suwari waza (à genou) et freestyle - McGill Aikido, le 7 avril 2016

Examen d'aikido

Techniques de désarmement et de jo (bâton) - McGill Aikido, le 7 avril 2016

L’aikido est un art martial de non-agression. Certains diront à la boutade que le but de l’aikido est de ne pas avoir à s’en servir. Mais au-delà, c’est l’art de ne pas utiliser cette force brutale qui veut surgir à la première provocation. Après toutes ces années de pratique, je commence à peine à m’en imprégner physiquement. C’est ce travail autant physique que mental qui m’amène volontier sur le tatami chaque fois que je peux, malgré la progression atrocement lente que cela implique. Je regarde les photos de mon examen et chacune me montre tout ce que j’ai mal fait, chacune expose une tension musculaire superflue et parasite.

Malgré toutes ces lacunes, je suis fier de ce que j’ai accompli: tout en voyant l’infini territoire encore à traverser, je suis conscient de ce que j’ai déjà parcouru. Ces avancées sur le tatami se font aussi entre les deux oreilles et à défaut de pouvoir parler de calme ou de sérénité, je pense dire sans l’ombre d’un doute que je suis aujourd’hui plus apaisé que je ne l’étais la première fois où j’ai foulé un tatami.


Life is growth. If we stop growing, technically and spiritually, we are as good as dead.

Morihei Ueshiba, fondateur de l'aikido

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