Allez, je saute à l’eau !

Sans trop m’y connaître dans l’univers bloguesque, dans lequel je débarque fraîchement, je vais quand même essayer de produire ici quelque chose régulièrement, parce que c’est là une discipline qui me ferait le plus grand bien ;)

Pourquoi me fais-je si souvent réveiller, le matin ou au cours d’une douce sieste, par la brusque et brutale sonnerie du téléphone ? Si au moins il s’agissait d’une bonne cause (un ami, un rendez-vous…). Mais non, je n’ai jamais droit qu’aux mauvais numéros (non, je ne suis pas Gertrude, ni le salon de coiffure…), ou encore aux publicités agressantes (compagnies de téléphone ou d’assurances, Journal de Montréal…). Pff !

J’aime bien lire et connaître toujours plus d’auteurs et d’oeuvres. Je vais au théâtre, je me tiens au courant des publications (l’Atelier Imaginaire), etc. Seulement, je commence à m’avouer que certaines choses ne sont pas vraiment à ma portée, ou qu’en tout cas mon goût n’a pas été assez cultivé pour que je les apprécie… C’est ainsi qu’aujourd’hui j’ai sorti de la bibliothèque municipale de mon petit pavillon de banlieue des livres de la collection “Pléiade”.

Il n’y a pas à chipoter, c’est aride et peu accessible. Je voulais découvrir René Char, Charles Péguy (pour avoir fréquenté pendant un an le lycée de même nom) et Saint Augustin (je ne vous permets pas de penser qu’il s’agit là d’une sélection quelque peu hétéroclite et ésotérique). Je vous livre quand même un extrait de La ballade du coeur qui a tant battu, de Péguy (dans ses Oeuvres poétiques complètes) : Coeur mal apprivoisé,
Désirs farouches,
Coteau mal déboisé,
Tout plein de souches.

Plus lointain que les îles,
Plus inconnu,
Climat aux moeurs subtiles,
Non méconnu.

Ô coeur mal révélé,
Péninsulaire,
Amant crépusculaire,
Ô dévoilé.

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J’ai passé mon été à faire de l’expérimentation animale. C’est un sujet assez controversé et beaucoup ne sont pas d’accord avec ce principe. Même M désapprouve ce que je fais. Personnellement, je peux comprendre rationnellement la nécessité de la recherche, y compris sur les animaux, une fois un premier déblayage effectué plutôt dans des éprouvettes ou sur culture cellulaire. Un jour ou l’autre, il faut bien voir ce que cela donne sur un organisme intégré, avec son métabolisme et tout ce que cela implique. J’ai aussi une confiance relative dans l’existence de nombreux comités d’éthique tant au niveau des centres de recherche que des organismes subventionneurs, en passant par les publications scientifiques.

Sur ces bonnes considérations, je dois cependant dire que je ne m’y suis pas habituée. J’avais fini, au fil des semaines, par établir presque une relation d’amitié avec mes rats, et j’avais l’impression de les trahir à chaque fois que je les anesthésiais (la journée se finissant fatalement et immanquablement par une euthanasie). Je ne me suis pas habituée à exsanguiner et guillotiner un animal, un mammifère pas si éloigné de nous et encore moins de mes deux belles chattes que j’adore. Bref, je suis très heureuse que ce stage se termine. Il ne me reste qu’un rapport à faire, avec tout plein de statistiques bien sérieuses. Ça aura tout de même été un été très constructif. J’ai appris des rudiments de chirurgie (mais dans des conditions pas très stériles), je me suis initiée à la recherche (i.e. un milieu compétitif peu accueillant, avec protocoles ultra répétitifs, manque de moyens chronique, publications et congrès…), j’ai acquis une belle expérience (CV), je me suis fait des sous en vue de la prochaine année scolaire, et surtout, j’ai compris que je peux rayer cette possibilité de mon avenir ! La recherche fondamentale, non merci pour moi, je vais laisser la place aux autres :) Il ne me restera plus qu’à dénicher quelque chose de différent et de plus plaisant pour l’été prochain.