Cet article est le troisième sur trois d’un dossier consacré au livre Guérir de David Servan-Schreiber. Partie 1 - Partie 2.
Les Oméga-3
La mode est aux nutraliments, ces aliments qui guérissent. Qu’il s’agissent d’ajouts alimentaires ou d’aliments modifiés ou biologique, c’est un sujet récurrent. Finalement, quoi de plus logique que d’essayer d’apporter au corps ce dont il a besoin pour fonctionner correctement ?
Dans la lignée de l’étude sur le “cerveau émotionnel”, David Servan-Schreiber se penche sur les oméga-3, une huile importante, riche en acide gras servant à constituer la membrane des neurones et des axones.
Comme pour de nombreuses autres choses, l’important n’est pas la quantité totale d’omega-3 ingurgité, mais le comparatif avec autre chose. Les omega 3 et 6 sont lié aux phénomènes inflammatoires. Les omega-6 favorisent l’inflammation alors que les omega-3 la soulage. C’est assez comparable aux systèmes sympathique et parasympathique. L’inflammation est utile pour stimuler les défenses immunitaires, mais il ne faut pas que cet état persiste. D’ailleurs, on se rend compte que la notion d’inflammation est présente partout, dans les problèmes cardio-vasculaires comme possiblement dans la dépression.
Plusieurs études, notamment sur des rats ont montré l’effet puissant de l’absence d’omega-3, rendant les animaux anxieux, incapable d’apprendre, sujet à une panique facile et réduisant nettement la notion de plaisir.
Idéalement il faudrait un rapport de 1 entre omega-3 et omega-6, il est dans les pays occidentaux entre 1/10 et 1/20. Cherchez l’erreur. Comme souvent la diète méditéranéenne est mise de l’avant puisqu’elle présente une forte consommation de poisson, riche en omega-3 et de l’huile d’olive ne contenant pas d’omega-6 (contrairement aux autres huiles). Les ruminants élevés dans des herbages sont aussi bien meilleur de ce point de vue que ceux élevés au grain ainsi que d’autres aliments et les inévitables suppléments alimentaires.
J’ai vu récemment “Science et avenir” qui faisait première page en remettant en cause l’impact des Omega-3. Plutôt que de partir sur des suppléments alimentaires, je suis partisan d’un contrôle raisonnable des habitudes alimentaires. On ne vise pas la nutrition parfaite, mais de quoi obtenir un équilibre de vie. Ces découvertes sur les omega-3 n’en sont qu’un argument supplémentaire. L’apport important de DHEA, de sérotonine ou d’oméga-3 ne sont pas des solutions de jouvence, la solution, c’est d’être équilibré, c’est là que réside la vraie difficulté.
L’activité physique
J’ose à peine en parler tellement c’est une évidence ! Oui, l’activité physique régulière aide à aller mieux. Et ceci n’est pas uniquement vrai pour le sportif, c’est aussi le cas pour monsieur tout le monde, et pas seulement au niveau physique mais aussi psychologique.
Le sport stimule l’activité de nombreux processus internes dont le fameux système parasympathique. Ça amène aussi la libération d’endorphine qui soulagent la douleur et favorisent l’effet d’euphorie. Toutefois, des études comparatives avec des anti-dépresseurs montrent que le sport, en plus d’avoir des effets similaires a un impact long-terme plus positif. En effet, là où les médicaments vont avoir tendance à tarir la sensibilité des récepteurs endocriniens, il semblerait que l’activation provoquée par l’activité physique les sensibilise, les rendant ainsi plus réactifs notamment aux émotions positives.
Enfin des études tendraient à prouver que les critères intérieur/extérieur, seul/plusieurs, aérobie/anaérobie aient assez peu d’impact (sauf qu’évidemment, le fait d’être à plusieurs fait qu’on s’astreint plus volontier à un exercice régulier), l’important étant un exercice d’au moins 20/30 minutes, 3 fois ou plus par semaine et ce, en essayant de s’en tenir à sa limite physique sans la dépasser (quelque soit cette limite, quitte à simplement marcher vite au besoin).
La communication émotionelle
Ça fait partie des concepts très mode actuellement, dont l’application ou la vulgarisation a souvent tendance à m’agacer un peu. (parenthèse personnelle) En effet, on parle dans le livre de quotien émotionnel, une notion visant à faire un parallèle avec le quotien intellectuel (QI). Cependant, il ne faut pas y voir, ni dans l’un, ni dans l’autre un caractère de supériorité. Depuis que j’ai vu le terme quotien émotionnel en lisant Damasio, je me suis dit que ça ferait surement un concept très mode et ça n’a manqué de l’être… maintenant j’entends le terme de manière régulière et généralement de manière galvaudée. Ce n’est pas un moyen de noter les gens, ni le QI ni le QE.
Après ça, histoire de rassurer ce qui se trouveraient avoir un “mauvais QE”, ça peut se changer, ça évolue et est même fonction de l’humeur quotidienne, contrairement au QI qui est assez stable tout au long de la vie. (fin de la parenthèse personnelle)
Comme le montrent les exemples donnés dans le livre, les relations interpersonnelles, notamment avec nos proches, sont extrêmement importantes pour pouvoir s’épanouir. Qui n’a jamais vécu ou vu combien certaines personnes peuvent être détruites par des relations conflictuelles entre parents et enfants ou au sein d’un couple. L’auteur met même en avant l’importance de relation sereine dans le milieu de travail, donnant comme exemple la différence de ce point de vue entre la France et les USA. La où les Français en arrivent souvent à des situations conflictuelles, inextriquables débouchant souvent sur des réglements de compte, les nord-américains, en général, ont su mettre en avant les encouragements et le feedback positif permettant d’obtenir autant que possible un environnement de travail favorable (Bon, pour avoir vu la différence, personnellement je trouve que c’est effectivement mieux, bien que ça amène parfois à se voiler la face en passant son temps à s’auto-congratuler).
Plus profondément que ça, l’amour, au sens général, est un besoin biologique. En effet le corps, y compris chez les animaux réagit à la présence ou à l’absence de ce type de stimuli, et ce d’autant plus qu’on est jeune. Qui ne connait pas ces histoires de bébés en orphelinat qui mouraient en proportion étonnemment importante notamment du fait de l’absence de contact de physique (cette anecdote assez ancienne trouve assez facilement son équivalent moderne). Plusieurs études ont prouvé l’importance du sentiment d’amour ou d’affection chez les gens. Ainsi, même un animal de compagnie voire une plante, peuvent avoir un impact positif sur une personne déprimée !
Comment faire pour “optimiser” ce contact aux autres ? Déjà, il peut être utile de comprendre un peu les différents types de personnalités auxquelles on fait face. Des classifications de ce genre, il y en a des tonnes, David Servan-Schreiber en propose une lié au comportement des gens face à l’opposition. La majorité d’entre nous sont passifs, ce qui consiste à faire le dos rond. Beaucoup sont agressifs et vont rentrer dans le lard dès qu’ils rencontre la moindre opposition. Les derniers, plus rares font preuve de communication assertive, une manière d’échanger permettant de mieux faire passer son message sans pour autant se mettre à dos les autres.
Avant de donner quelques indices permettant de faire mieux, je vais citer ce qu’il ne faut pas faire et que le professeur Gottman nomme les 4 cavaliers de l’apocalypse en communication :
- La critique, c’est-à-dire émettre un jugement de valeur attaquant la personne plutôt que se limiter à énoncer un fait,
- Le mépris, l’un des plus destructeur, surtout quand utilisé contre des proches,
- La contre-attaque, tu me fais mal, je te fais encore plus mal,
- Le retrait, apparamment une spéciliaté masculine, qui consiste à quitter le champ de bataille alors qu’à travers les échanges, même parfois animés, l’autre essaie au moins de garder le contact.
L’un des objectifs est de globalement apprendre à communiquer sans violence. Sans violence verbale ou physique, mais sans violence émotionnelle non plus car si certains savent parfaitement se controler extérieurement, ils n’en demeurent pas qu’ils bouillent intérieurement, ça se sent malgré et affecte les échanges.
Pour ce faire, l’auteur propose une “carte” à essayer de suivre pour mieux se controler. Comme souvent ça se base sur un anagrame qui s’énonce de la façon suivante : SPACEE.
- S pour source : s’assurer que l’on communique bien à la bonne personne,
- P pour place : veiller à ce que toute discussion visant à régler un problème se passe au bon endroit et au bon moment histoire de ne pas pousser la situation à s’envenimer,
- A pour approche amicale : en commençant durement, on va amener une forte décharge émotionnelle qui va noyer la discussion. Commencer par appeler la personne par son prénom si c’est possible peut être un bon moyen d’ouvrir la conversation,
- C pour comportement objectif : baser son récit, surtout s’il s’agit de doléances, sur des faits concrets et non sur des prises de position,
- E pour émotion : suivre les faits de l’émotion que cela ça a provoqué, “ça m’a gêné”, etc, pour faire comprendre à l’autre l’impact de la situation,
- E pour espoir déçu : faire comprendre qu’on attend mieux et essayer de dire en quoi la situation pourrait être améliorée.
Toute ceci permettant de passer en mode “communication assertive” plus facilement, et ce des deux cotés.
Une autre petite technique pour appréhender les personnes visiblement fermées ? Les Question de l’ELFE.
- Q pour que s’est-il passé ? : établir la communication sur les faits, c’est un sujet sur lequel tout le mond peut généralement s’exprimer, même les enfants. Il ne faut toutefois pas s’étendre sur le sujet et amener rapidement la seconde étape,
- E pour émotion : quelles sont émotions qu’ont généré ces faits. Souvent en tant que personne extérieure, on peut faire fausse route sur les sentiments qui habitent la personne en face de nous. Poser clairement la question permet d’éviter l’ambiguité en plus de permettre à l’interlocuteur de se décharger,
- L pour le plus difficile : l’aspect le plus difficile dans la situation, c’est proche de l’aspect émotionnel précédent mais en mettant l’emphase sur le plus point le plus critique. C’est l’une des questions principales car elle va permettre de faire focaliser la personne sur ce point et l’amener à trouver des solutions pour cet aspect-là en premier,
- F pour faire face : maintenant qu’une partie de l’émotion est sortie et le point le plus critique mis en avant, il faut amener la personne à trouver des solutions pour faire face à a situation,
- E pour empathie : conclure sur une phrase d’empathie permettant à faire comprendre qu’on comprend mais que c’est à la personne de faire face.
Ces méthodes n’ont rien de magique, ce n’est pas non plus des techniques de manipulation ou je ne sais quoi d’autre qu’on peut trouver sur le sujet, c’est avant tout des tips pour structurer ses esprits alors qu’on se trouve dans une situation difficile où on peut avoir tendance à perdre ses moyens.
Conclusion
Voici qui conclue cette review assez poussée du livre Guérir de David Servan-Schreiber. Pourquoi avoir fait quelque chose d’aussi poussé ? Déjà parce que le livre ne nous appartient pas et que nous souhaitons garder trace des aspects importants. Également pour permettre aux personnes qui ne connaitraient pas le livre de le découvrir et éventuellement de leur donner envie de le lire ou de se renseigner plus en profondeur.
Initialement le livre m’a paru assez ésothérique et je ne voyais pas où l’auteur voulait en venir avec sa cohérence cardiaque. Certes ça pouvait améliorer certains points, mais je n’y voyais rien de transcendant ni de central. J’avais l’impression qu’il voulait donner trop d’importance à des méthodes que je ne considérais pas comme n’ayant pas d’un impact majeur.
Avec le recul, une partie du contenu me semble aller de soit. Gober des omega-3, oui, mais bien manger, globalement, ça semble une évidence en soi mais pourtant si négligée (surtout quand on sort de Supersize me). Faire du sport, essayer d’être en harmonie avec son entourage, bien entendu ! Ça semble même étonnant de devoir se faire convaincre par des études alors que quasiment chacun d’entre nous a déjà bénéficié de l’effet positif d’un de ces éléments.
Restent la cohérence cardiaque, la simulation de l’aube, éventuellement l’acupuncture et, dans certains cas particuliers l’EMDR qui peuvent valoir de s’y pencher.
Là encore, il me semble utile de remettre le lecteur en garde : les cas présentés sont vraisemblablement des cas extrêmes et si les statistiques sont positives, elles sont loin du 100% magique et en fait inexistant vous assurant d’un résultat immédiate et total. Beaucoup de ces méthodes nécessitent une attention de tous les instants et amènent de progrès au long terme.