Depuis l’avènement du web 2.0 (bon, ok, avant aussi, mais c’est surtout devenu très mainstream avec ce concept) on peut régulièrement lire des articles très recherchés sur l’intelligence collective. Parfois, aussi, des voix discordantes. Karl en fait partie et il m’a envoyé un texte assez long dans la même lignée (et qui me fait un peu mieux comprendre un commentaire qu’il avait laissé récemment).

Au moment de la lecture de l’article, il me semblait avoir des choses intelligentes à dire, mais depuis, tout a disparu.

Preuve que les idées sont tout sauf rémanentes.

Ça me fatigue car à force de lire, les idées se mélangent mais pas du tout de manière constructive, uniquement dans un flou stérile.

Le concept de créativité veut généralement que les idées et les domaines se fécondent mutuellement pour donner naissance à de nouvelles idées.

Oui, sur le coup, lors d’une lecture par exemple, les idées foisonnent. Mais après coup demeure un brouillard duquel sort difficilement le souvenir informe d’une idée incomplète. Frustrant…

Image

Trace visible


Sur la cellule sensible,
seule reste une trace visible,
artefact d’un homme bien réel
et pourtant déjà oublié.

J’ai enfin fini par atterrir en salle d’accouchement, à mon tour. D’abord pour une garde de 24h, ma première de durée “normale”, comme j’en aurai au moins une par semaine pendant toute ma résidence… Au cours de cette période, 4 bébés sont nés par voie naturelle et 2 par césarienne, pour lesquelles j’ai été 2e assistante vers 2h du matin. Ouf ! La garde s’est bien passée et a été plutôt occupée tout le long, entre les urgences, les étages, les femmes en travail et… les naissances. J’ai réussi à dormir un peu plus d’une heure, mais de façon fractionnée.

On se souviendra que le premier accouchement auquel j’avais assisté, l’an dernier, m’avait un peu traumatisée : il s’agissait d’un accouchement vaginal après césarienne et la patiente avait fait une hémorragie nécessitant une révision de tout l’utérus. Brrr… J’en avais pâli et j’avais dû aller m’allonger plusieurs minutes de temps.

Cette année, rien de tout ça. D’abord, pas trop de complications pour l’instant, et ensuite, je garde mon sang-froid. Il faut dire que le fait d’être assise entre les jambes de la patiente, à attendre le bébé, à surveiller la descente, la position des sutures du crâne, à contrôler la sortie de la tête puis des épaules, à attraper la petite chose gluante sans l’échapper et à faire toutes les manipulations de cordon… tient bien occupée sur un peu d’adrénaline !

Un peu plus difficile, dans ces conditions, de se laisser submerger par l’émotion, quand on a tant à faire. La nouveauté des premières fois laisse place tranquillement à une compétence en formation.

Maintenant, je me rends compte que je suis plus ou moins émue selon l’émotion des parents eux-mêmes. Un couple amoureux, soudé et tendre dans l’adversité, émerveillé par la naissance de leur enfant, me tire encore facilement une larme aux yeux.

Mais il y a de tout en salle d’accouchement. De la maman dopée aux endorphines naturelles - et à rien d’autre - qui ne souffre pas et accouche dans le sourire. À celle qui te regarde, paniquée par tant de souffrance, et te dit qu’elle ne sera jamais capable d’accoucher, juste avant de le faire.

Dans tous les cas, je dirais qu’il n’y a rien de plus beau qu’une naissance. C’est le début d’une vie toute neuve. Et les débuts ont toujours ce petit quelque chose d’unique et de merveilleux que le reste n’a pas.

La Bourse de Montréal a finalisé aujourd’hui un accord visant à créer un marché climatique (comprendre “bourse de droits d’émission de gaz à effet de serre”) au Canada.

On ne s’énerve pas, ça ne veut pas dire qu’on va trader du carbone à Montréal demain, ça veut juste dire que la Bourse va développer de quoi le faire, en partenariat avec le Chicago Climate Exchange qui en lui-même ne trade pas grand chose, mais qui possède le European Climate Exchange, acteur par lequel passe une bonne partie des droits d’émissions échangés en Europe et transigé par bourse (Remarquons cependant que pour l’heure la vaste majorité des échanges se font de gré à gré ou “over the counter” et échappent donc aux bourses.).

Ceci est tout de même une assez bonne nouvelle puisque la Bourse de Montréal a pris le parti d’anticiper. En effet l’accord préliminaire de création de cette bourse, intervenu en décembre dernier, se faisait alors que le Canada, dirigé par les Libéraux, prenait le chemin d’un marché national réglementé d’échange du carbone. Avec l’arrivée des Cons-ervateurs, cette hypothèse a pris du plomb dans l’aile. Au lieu d’attendre le sort réservé à cette alternative par Harper, la Bourse de Montréal semble poursuivre dans sa voie. Ceci montre donc aux gouvernements (fédéraux ou provinciaux) que c’est prêt à l’emploi. Par ailleurs, pour les entreprises qui y voit leur intérêt, il sera toujours possible de trader sur une base volontaire, comme aux USA.

Petite pique au passage : alors que ce sont les européens qui furent novateurs au niveau environnemental en appliquant Kyoto, ce sont (encore) les américains qui ont pris le marché en implantant en Europe la plateforme de trading la plus utilisée (et qui fonctionne à peine chez eux, faute de contrainte sur les émissions de gaz à effet de serre).

Chacun sait que notre cher gouvernement n’a pu s’empêcher d’adopter dernièrement quelques projets de lois de la façon la plus démocratique et la plus limpide qui soit : en adoptant le bâillon, en toute hâte, à la fin de la session parlementaire.

(Oui oui, vous le savez : c’est comme ça qu’ils vous ont fait avalé la privatisation du Mont Orford !)

Mais il n’y avait pas que le Mont Orford dans le bâillon. Il y avait aussi la fixation unilatérale des augmentations de salaire (très minimes) des médecins spécialistes. On se souviendra qu’une entente avait été conclue et signée avec le précédent gouvernement, reconnaissant un écart salarial indû avec les autres provinces et la nécessité d’y remédier.

Malheureusement, notre bon gouvernement n’avait nullement l’intention d’honorer ses engagement ni même de tendre à le faire. Il a préféré imposer ses conditions, et rendre illégaux du même souffle tout moyens de pression éventuels que les médecins voudraient utiliser pour protester. Et ce, avant même qu’ils le fassent.

Un vrai bâillon, sauvage et grossier.

Les médecins spécialistes n’ont donc théoriquement pas le droit à des moyens de pression (comme de s’absenter du travail, de gueuler ou même d’arrêter de donner des cours aux étudiants, activité qu’ils font bénévolement pour la plupart). En tout cas, pas collectivement, pas de façon concertée ou officielle. La seule chose à laquelle ils aient droit (et croyez-moi, ils se passent le mot et s’y encouragent les uns les autres…), c’est de personnellement décider de ne pas donner certains cours, sur une base individuelle.

Malgré tout, ils s’arrangent toujours pour que ça ressemble à un malencontreux contre-temps les empêchant, au dernier moment, de donner leur cours. Depuis les dernières semaines, c’est une quinzaine de cours que j’ai eu d’annulés. Et pas toujours dans un contexte très amusant. Une fois, j’ai traversé toute la ville pour me rendre à un cours, et on a dû attendre plus d’une heure avant de savoir qu’on se moquait de nous.

Une autre fois, le préavis d’annulation a été de seulement 15 min pour un cours en après-midi. Comme je travaillais de soir (et un autre étudiant, de nuit), je faisais le déplacement spécialement pour ce cours. Très agréable de faire tant d’efforts pour rien.

L’externat est déjà, à la base, un moment pénible à passer. Si en plus on se fait manquer de respect aussi grossièrement, aussi régulièrement… Ça devient à la limite du tolérable. Le message clair que l’on reçoit, c’est que l’on n’est que de la merde et que nos vies, notre temps, ne valent rien.

Comprenons-nous bien. Moi aussi je trouve que le salaire des médecins mérite d’être revalorisé, surtout dans le contexte où une entente en ce sens existe déjà, et que le gouvernement a fait une grave erreur en adoptant le bâillon… Mais ce n’est pas en prenant en otage, discrètement et dans la pénombre, de pauvres étudiants qui ne cherchent qu’à apprendre (et qui seront par ailleurs leurs collègues dans un an) qu’ils vont aboutir à quoi que ce soit.

Voilà, je voulais juste que ça se sache, car c’est bien vicieux comme “moyen de pression qui n’en est pas un”.

Après une longue et dure semaine de soir en salle d’accouchement, quoi de mieux que de décompenser pendant toute la fin de semaine et ne surtout pas étudier pour les examens ?

La semaine n’a certes pas été des plus faciles. Avec l’horaire de 16h à minuit, et le dernier métro qui passe à minuit et 10 environ, j’ai opté pour le vélo toute la semaine, et ce, peu importe ce que prévoyait la météo. Histoire d’être libre de mes horaires.

De toute façon, je n’aime guère marcher seule ou fréquenter le métro aussi tard, je ne me sens pas en sûreté. Au moins en vélo, s’il y a des voleurs ou des violeurs sur ma route, je passe à côté d’eux à toute vitesse ! Ne reste plus qu’à faire particulièrement attention aux voitures nocturnes, qui risquent de ne pas me voir ou d’être ivres…

Évidemment, je n’ai pas été épargnée, et j’ai pu faire du vélo sous les chutes Niagara en train de se déverser sur ma tête, parmi les éclairs et les coups de tonnerre (concentrée à compter le nombre de secondes séparant les deux, mais c’était difficile car incessant !). Heureusement que je ne suis pas faite en chocolat ! Étrange sensation grisante, d’être ainsi seule au monde, dans les rues désertes, noires et paisibles, sous les éléments déchaînés, pendant que la ville dort.

Bref, il fallait s’en remettre. Un petit samedi tranquille à faire quelques courses par-ci par-là. La Grande Bibliothèque, le marché Jean-Talon… Mes petits arrêts désormais habituels. Et en bonus, un massage pour délasser mon cou particulièrement endolori ces temps-ci.

Après un petit repas cuisiné maison et un dessert agrémenté des meilleurs fruits en ville, nous sommes sortis au parc Lafontaine pour profiter du Théâtre de Verdure, qui repassait quelques canons du festival Vues d’Afrique du printemps dernier. Ce soir-là, on passait le film Calypso @ Dirty Jim relatant l’histoire et les grands noms de ce genre musical assez particulier et bien sympa des Caraïbes (en l’occurence, Trinidad et Tobago). Une réalité qui m’était totalement inconnue jusqu’ici, le Buena Vista Social Club local. Un excellent documentaire bien ficelé, de bons conteurs, et une belle découverte musicale que le Calypso.

À la fin de la représentation, les feux d’artifice (de l’Afrique du Sud) ont pris le relais. Nous ne sommes pas descendus en bas du pont Jacques-Cartier mais avons préféré trouver une petite butte dans le parc nous permettant d’apercevoir les feux les plus hauts lancés. Un moment en amoureux, devant la fontaine colorée du parc, en toute quiétude. Un moment comme on en voudrait à longueur d’année, mais que seule la magie de l’été, la douceur du temps, l’esprit (faussement) en vacances permet…

Une bonne nuit de sommeil plus tard, nous avons récidivé avec un petit brunch amical dans un resto du coin, version terrasse intérieure. J’aime toujours découvrir les terrasses cachées des petits restos ! Suite à quoi, nous avons enfourché nos fidèles destriers, euh pardon nos vélos, en direction du parc Jean-Drapeau de l’Île Sainte-Hélène. Nous nous doutions bien que, dans un monde idéal, il aurait fallu aller y faire présence bien plus tôt, mais le courage nous manquait d’aller poireauter des heures sous le soleil ardent…

Finalement, l’île était tellement surpeuplée que nous croisions de nombreuses personnes occupées à faire demi-tour. Nous avons fini par les imiter, nous doutant bien que de telles conditions ne pourraient pas nous plaire énormément à nous non plus.

Grand bien nous en fût, car le match fut long (2 mi-temps, 2 prolongations et les tirs au but), la foule compacte et debout, et la déception sûrement immense à la fin, au vu du résultat. Nous avons donc sagement regardé le match sur notre téléviseur personnel, sirotant un petit planteur maison. Mais devant la défaite, nous ne sommes pas sortis voir les klaxons dans les rues…

Le soir, nous sommes ressortis au Théâtre de Verdure (c’est décidément génial, cette invention d’une scène gratuite en plein air, animée tous les soirs de l’été, à deux pas de chez nous !) pour voir une autre prestation dans le cadre de Vues d’Afrique ; de la danse rwandaise cette fois. Un petit voyage au coin de la rue, sur un autre continent, du pareil au même. On a tous besoin d’évasion. Je sens poindre une légère envie de retourner dans ces pays où le soleil est généreux, le sourire toujours accroché aux lèvres, et ce bien que la vie soit dure.

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Dernièrement, j’ai emprunté des épisodes d’Iniminimagimo à la Grande Bibliothèque. J’étais très impressionnée par cette série, étant petite, que je trouvais incroyablement bien faite. Je voulais voir, rétrospectivement et avec mon regard critique d’adulte du XXIe sièce, si c’était si bien que ça.

Eh bien franchement, pour une émission québécoise des années 80, j’ai trouvé ça drôlement bien foutu. Des décors et des costumes de qualité, des histoires bien racontées, un langage élaboré, quelques effets spéciaux… C’était super ce truc, je n’ai pas du tout honte d’avoir regardé ça ! (Contrairement à Passe-Partout…)

La seule chose, c’est qu’il ne faut pas être trop féministe. C’est que dans les émissions (et derrière elles, les contes classiques) pour enfants, pour simplifier, on caricature un peu beaucoup, et les filles sont de véritables cruches bonnes à rien. Hem, heureusement qu’on ne s’éduque pas qu’avec la télé…

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J’ai aussi eu l’occasion de lire, dernièrement, un livre de Marcel Rufo intitulé Détache-moi, se séparer pour grandir, toujours grâce à la Grande Bibliothèque. Une excellente lecture rédigée par un pédopsychiatre, qui remonte aux sources de l’enfance et qui m’a donné de nouvelles façons d’envisager diverses choses que je vis de près ou de loin, personnellement ou par proches interposés…