Mon horrible stage de chirurgie est fini et je ne veux plus jamais en entendre parler.

Pour célébrer tout ça, nous nous sommes évadés de Montréal pour un petit week-end à Québec, où nous avons vu plusieurs amis avec grand plaisir, en plus de découvrir de nouveaux coins coins sympas. Le plafond en dôme du magasin Simons original, une chocolaterie avec musée, un magasin général authentique, plein de petites rues plus ou moins à la Disney Land… Nous avons même brunché dans un très bon resto, Le Café du Clocher penché, une agréable découverte ! Et une superbe expérience gustative…

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Hôtel-Dieu de Québec

Bon, il faut avouer que nous étions masochistes de monter dans le nord avec le temps estival qu’il faisait ici. Nous avons donc retrouvé la neige printannière qui n’a pas fini de fondre, voire les hauts bancs de neige des banlieues et villages autour de Québec ! Tant qu’à être encore en hiver, nous en avons profité pour aller visiter le fameux hôtel de glace dans ses tout derniers miles ! Certaines parties étaient même déjà fermées. Mais le détour jusque-là par les routes embrumées en valait le coup. C’était un endroit bien impressionnant, où ma frilosité me souffle que je ne voudrais jamais passer la nuit !

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Petites chocolatières à l'oeuvre

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Hôtel de glace

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Hôtel de glace

Nous en avons profité pour faire un arrêt chez la poétique Etolane. Nous avons enfin pu faire la connaissance de Lily-Soleil et nous en avons été charmés ! Quels sourires ! Quels gazouillis !

Dimanche, un petit coucou à Magellan et Madame. Un peu en coup de vent malheureusement, comme nous devions déjà rentrer… Mais c’est toujours bien agréable de prendre de leurs nouvelles :)

Sur le chemin du retour, nous avons été choyés par la vision du retour des oiseaux migrateurs. De grands V, partout dans le ciel… Pas du tout effrayés par le risque de grippe aviaire, nous avons même fait un petit arrêt à Maskinongé pour les observer de plus près. Un beau moment, un arrêt de vie, dans la lumière plongeante du soir.

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Grande migration d'oies blanches, Maskinongé

J’essaie d’y puiser le souffle nouveau pour passer à mon stage de pédiatrie, que j’attends depuis des mois. Temps de travailler bien et fort, temps de dilemme quant à savoir ce que je choisirai de faire plus tard, quand je serai “grande”. Pour se garder la porte ouverte, je dois être fiable, alerte, motivée. Heureusement, je me sens naturellement à ma place et je suis contente d’y être. On va voir comment ça évolue…

Comme toujours, stage intéressant ne va pas sans être stage difficile. Un enfant malade, c’est vraiment l’injustice la plus cruelle. Si petit, encore semblable aux autres de son âge… Mais on a la douleur de savoir que son avenir ne sera pas comme les autres, de devoir l’annoncer à la famille, avec toutes les conséquences que cela a.

Le stage suivant sera celui de gynéco-obstétrique, qui m’intéresse beaucoup aussi. En prévision de ce stage réputé très “juteux”, je me suis procurée les fameux souliers CROCS que l’on commence à voir un peu partout. Pour moi, ce sont surtout des chaussures de salle d’op ou d’accouchement, que l’on peut nettoyer facilement des divers liquides biologiques reçus ! Mais il semblerait que les gens en achètent pour d’autres usages que les hôpitaux, et que déjà plein de pays se les arrachent. Surprenante réussite québécoise !

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Chaussures Crocs

À part ça, dans ma circonscription, Sainte-Marie-Saint-Jacques, il y a une élection complémentaire lundi. Je suis membre du tout nouveau parti Québec Solidaire (fusion de l’UFP et d’Option citoyenne) et j’ai l’intention de voter pour eux. Je me demande bien quel genre d’appui ils peuvent bien récolter pour cette première fois !

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Temps d'élections

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Temps d'élections

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Temps d'élections

En tout cas, le printemps, ça a beau être encore laid, c’est la promesse euphorisante de tant de choses que l’on se sent renaître, enfin.

À la sortie de l’hiver, Montréal se montre sous son plus triste jour : tous les détritus accumulés entre les différentes couches de neige se retrouvent concentré en des tas d’immondices souvent puants, à quoi s’ajoutent les quantités industrielles de gravier et gros sel utilisés comme anti-dérapant en cas de verglas (qui ne vient jamais à manquer). Bref, les trottoirs sont franchement répugnants.

Sur ma rue (possiblement sur d’autres aussi), certains résidents prennent les choses en main et balaient eux-mêmes leur bout de trottoir. J’ai donc acheté de quoi et fait mon petit bout. C’est un peu étrange de voir des segments parfaitement nettoyés alternant avec d’autres bouts à la limite du praticable.

Dans sa dernière édition, le journal du quartier Le Plateau relayait le concours “Balai d’or dehors” lancé par l’éco-quartier du coin qui va inciter les commerçants d’une artères commerciale importante, l’avenue Mont-Royal, à balayer devant chez eux.

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Marcheur dans le vide


L’avenue Mont-Royal pendant
l’événement Tableau noir sur nuit blanche,
Juin 2005.

Je reprends leur appel à mon compte et en le généralisant, en invitant tous les montréalais à passer un coup devant chez eux. Ça prend 10 minutes et c’est tellement mieux !

Combien en entend-je qui se plaignent de l’état lamentable de “leur” ville. Il est temps de montrer que c’est notre ville en en prenant soin comme il se doit. Ce n’est pas seulement aux services municipaux de faire ce travail. Notre environnement de vie en dépend tout comme la santé de notre ville !

Je vous laisse sur deux articles du Devoir : « Réinventer Montréal » - Pour une « métropole créative, humaine, inclusive, festive et généreuse » et Une ville à réinventer.

Nous revenons tout juste d’un petit week-end à Québec City. Juste quelques photos pour resumer tout ceci, trop fatigué pour en faire plus :p

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Érico et sa chocolaterie-musée


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La chapelle de l'hotel de glace


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Détail d'une sculpture de glace


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Terrasse Dufresne, dimanche matin


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Des milliers d'oiseaux migrateurs


Les immigrants, moi le premier, disent bien des choses sur les Québec, l’état lamentable des routes et les soins de santé, souvent qualifiés de tier-mondistes, étant les meilleurs exemples.

Cependant, la situation française me laisse songeur et m’inspire de la crainte pour l’avenir. Les articles alarmants sur la situation du pays s’enchaînent à un rythme effarant et c’est certain que ça a un impact sur ma perception… d’autant que je n’y vis plus. Vu d’ici, la crispation semble flagrante.

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Manifestation anti-CPE

Les rebelles de 1968 poursuivaient-ils un objectif ? Je ne sais pas trop et ça peut être facile d’attribuer une volonté à posteriori. Les émeutes de l’automne dernier étaient clairement un accès de violence, de ras-le-bol, sans quête particulière. Les manifestations sur le CPE ont bien entendu largement dépassé ce cadre pour crier le mal-être d’une génération oubliée mais pour faire quoi ? La France a voté non à la Constitution européenne, mais pour aller où ? quel était le message ?

La crispation ne vient pas seulement des jeunes ou des fonctionnaires. Les hommes politiques, en place depuis toujours, s’assurent de ne pas trop bouger pour ne pas avoir de problèmes, les entreprises veulent toujours plus sans forcément donner en retour, bref, ça n’avance pas beaucoup ; sauf que le monde avance lui.

La France ressemble profondément à une société du malheur. Comme le souligne Houellebecq, la jeunesse (physique) est montrée comme la panacée faite humaine : on est jeunes, beaux et libres, la sensualité et les plaisirs sont notres et les vieux n’ont pour eux que l’amertume… ainsi que le pouvoir et une situation indéboulonable pour certains. Les jeunes se trouvent donc inexorablement exclus de la vie économique. Bref, personne n’a de quoi être satisfait !

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La matraque

Enfin, la France est un pays de flics où une bonne partie de la population semble demander encore plus de flics, ce qui est inquiétant. C’est du moins ainsi que je perçois la bonne tenue de Sarko malgré ses dérapages. Hier je suis allé voir V for Vendetta, dont la cadre est une Angleterre en 2020 (environ) sous le joug d’un gouvernement officiellement démocrate mais dans les faits assez totalitaires et utilisant la peur comme assise du pouvoir. V est un “terroriste”, un monstre aux moyens regrettable mais qui vise le bien. Il est question de détruire des bâtiments pour leur symbolisme et de pousser la population au questionnement. C’est bien entendu une critique des USA, mais elle s’applique facilement à la France : la peur est partout et surtout dans l’avenir. C’est dans ce contexte qu’une population devient manipulable, égoïste, fermée, bref, qu’elle court à sa perte.

Ceci n’arrivera pas demain bien entendu. Mais au Québec, malgré les cafouillages gouvernementaux fréquents, les syndicats plus puissants qu’en France, les craintes diverses, je trouve la population, l’environnement, nettement plus confiants. Non pas que la situation soit meilleure en elle-même et la question de la souveraineté est un poids supplémentaire. Les baby boomers s’accrochent également à leurs postes, veulent plus de retraites, mais les jeunes semblent avoir plus de marge de manoeuvre, peuvent entreprendre et en bout de ligne peuvent participer à l’évolution, nécessaire, du pays.

Malheureusement, la situation française semble encore perdue d’ici les élections. Peut-il y avoir une révolution d’ici là ? L’élection portera-t-elle au pouvoir un homme providentiel pour changer la situation ? (mais qui pourrait l’être d’ailleurs ?)

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Un manisfestant/étudiant se fait tabasser par des casseurs

Je pense que rares sont les pays et les entreprises à pouvoir désormais assurer l’emploi à vie. Et peut-être est-ce mieux ainsi, les emplois à vie sont souvent chiant, peu valorisant et au final déprimant. Mais un pays comme la France doit assurer une activité, une formation, une évolution possible à l’ensemble de sa population pour que la perte de l’emploi ne soit pas synonyme de précarité. Ceci passe donc par un filet social organisé qui fait office de trampoline et non d’un pouf qui ne fait que rendre la chute moins désagréable. Par ailleurs, quand je regarde autour de moi, ceux qui sont le plus heureux dans leur travail sont ceux qui sont à leur compte, il faut donc faciliter l’accès à l’entrepreunariat (ne serait-ce qu’en tant que travailleur “free-lance”) bien que ça ne puisse une unique solution. Ceci nécessite un changement complet de mentalité avec une approche axées le développement pour tous et non la protection de ceux qui ont tout et qui par un miracle que je m’explique difficilement, reçoivent le soutien de ceux qui sont précaires.

La question est de savoir si ceci est réaliste sans mettre les employés à la merci des employeurs (ces derniers ayant vite fait d’exploiter à la limite toutes les ouvertures) et en demeurant dans un contexte de travail demeurant supportable.

J’aurais bien aimé, moi aussi, avoir des super grèves lycéennes quand j’étudiais en France.

Non seulement j’aurais quelque chose d’impressionnant à raconter à chaque fois que l’on me poserait des questions sur cette période de ma vie…

Mais surtout, j’aurais eu de quoi me divertir en plein mois de mars, alors justement que l’année s’éternise en longueur et en ennui, et qu’on a trop envie de s’absenter (si seulement on pouvait trouver un prétexte) !

Bon, tout bien réfléchi, peut-être que ça aurait gêné le bon déroulement de ma Terminale, avec le bac et tout. Mais en 1ère, ça aurait été parfait :)

Non, vraiment, je suis jalouse ! En plus, il n’y a même pas eu autant d’action sociale quand j’y étais. Juste les grandes manifs contre Le Pen. Ah oui, et une grève des routiers avec des stations services sans essence… Que du folklorique finalement ;)

(Comme quoi, il y a toujours quelque chose à raconter, quand on a vécu en France ;))

~~

Non mais sans rigoler, le sujet semble assez brûlant en ce moment, c’est le moins que l’on puisse dire. C’en est presque lassant à force, ce sport national qu’est la grève. Ça n’a pas toujours l’air très réfléchi en plus. Genre on manifeste pour pour se défouler, pour faire du bruit, pour manquer des cours. Mais au fond, est-ce ci terrible que ça ?

J’ai lu à gauche et à droite des textes d’opinion sur le sujet du CPE et je demeure assez mitigée. Certes, dans son application, il semble moins désavantageux (en termes de conditions) que la période d’essai classique qui existe actuellement dans le cadre d’un CDI. Et effectivement, peut-être que ça pourrait être une façon d’amener les employeurs à être moins frileux dans l’embauche des jeunes.

Mais… J’avais toujours trouvé que c’était un des grands points forts de la France que ses bonnes conditions de travail. Même s’ils manifestent et crient beaucoup leur sinistrose, je pense que les Français sont assez heureux dans leur équilibre avec le monde du travail. La preuve, ils font plein de bébés en ce moment, comme quoi ils sont assez confiants dans l’avenir !

Or, même si on crée un contrat plus “flexible” dans lequel les jeunes peuvent se faire virer facilement (et espérons-le, employer plus facilement aussi), la société française demeure organisée en fonction des emplois permanents. Comment un jeune en CPE pourra-t-il ne serait-ce que louer un appart ou acheter une voiture ? Comment ne sera-t-il pas désavantagé dans la vraie vie ?

J’ai toujours trouvé assez injuste de faire porter le fardeau de quoi que ce soit sur le dos d’une sous-partie de la population seulement. Déjà que ce n’est pas facile de commencer dans la vie, s’il faut avoir des batons dans les roues en plus…

Ça me fait un peu penser aux jeunes médecins du Québec. Quand je vais diplômer, il n’y aura probablement pas de place pour moi dans la région de Montréal (même étendue). Je serai sûrement “pognée” pour aller pratiquer en région éloignée, au moins au début.

Pourquoi obliger TOUS LES JEUNES finissants à aller régler le problème de la pénurie de médecins en région éloignée ? Et ce, sans tenir compte d’aucun facteur personnel, familial ou autre… Le fardeau ne repose pourtant pas uniquement sur nos épaules !

Dans le même ordre d’idées, si les normes du travail en France sont trop figées (ce qui resterait encore à débattre… Et si ce n’était souhaitable, humainement, d’avoir une certaine sécurité d’emploi, au lieu de vivre tout le temps avec un couperet au-dessus de la tête, hein ?), si elles sont trop figées, donc… Il n’y a aucune raison que ce soit aux seuls jeunes à hériter d’une précarité galopante, supposément pour leur bien.

Peut-être qu’économiquement, la France n’a pas le choix d’en arriver là. Je ne suis pas très calée en économie. Peut-être que ce n’est qu’un premier pas vers un monde du travail de plus en plus “flexible”, là-bas comme partout ailleurs. Mais je continue de penser que la précarité d’emploi est davantage un fléau qu’un avantage. Avec tous les effets vicieux que cela peut avoir sur les vies humaines.

Un très bon texte allégorique à lire chez el ryu (attention, c’est long).