Aucune lecture marquante ces derniers mois (à part les très médicaux “Toronto Notes”, “The Mount Reid Surgical Handbook”, etc.).

Vu les gros stages à traverser, les préparatifs de mariage et surtout l’absence de longs trajets en transports en commun (c’est le problème d’habiter trop près de son lieu de travail !), je me suis contentée de lire des petits bouquins pas trop prenants. Et quelques recueils de nouvelles (sans savoir que c’en serait).

  • Un dimanche à la piscine à Kigali de Gil Courtemanche (QC)
  • Saga de Tonino Benecquista (FR)
  • Le sabotage amoureux d’Amélie Nothomb (FR)
  • Comment faire l’amour à un nègre sans se fatiguer de Dany Laferrière (QC)
  • Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part d’Anna Gavalda (FR)
  • La solitude lumineuse de Pablo Neruda (Chili)
  • Les aurores montréales de Monique Proulx (QC)

Kigali était un bon livre, évidemment difficile, sur le génocide au Rwanda. Il sera d’ailleurs porté à l’écran et j’ai bien hâte de voir ce que ça va donner.

Saga s’est laissé lire, c’est amusant, un peu prévisible, un peu longuet. Le sabotage amoureux… franchement pas un des meilleurs Nothomb (qui commence d’ailleurs à me fatiguer un peu).

Laferrière, c’était le premier livre que je lisais de lui, j’espérais préserver un peu d’ambiance antillaise en revenant de Guadeloupe. Finalement, c’était loupé, l’intrigue se déroulant à Montréal. Un peu sombre, limite vulgaire…

Gavalda… Je voulais voir ce que c’est, maintenant je sais. C’était un recueil de nouvelles, choses qui se prête bien aux courts trajets en métro. C’est léger. En gros, je ne chercherai pas d’autres opus d’elle.

La solitude lumineuse, c’est ma meilleure lecture récente. Je ne connaissais pas Neruda, son écriture est vraiment… lumineuse. C’est beau, c’est vrai, c’est suave. Malheureusement, ce n’était qu’un extrait de son oeuvre. Il faudrait que je mette la main sur autre chose !

Les aurores montréales, je voulais le lire à cause du titre (d’ailleurs je ne l’ai pas encore fini). Je suis encore tombée sans le vouloir sur des nouvelles. Au début c’est bien, et puis on a l’impression d’épuiser le genre…

Des suggestions pour la suite ?

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Musicalement, c’est un peu moins le calme plat. Comme j’ai beaucoup marché pour mes déplacements avec le iPod vissé dans les oreilles, j’ai pu faire le tour de plusieurs albums que j’ai adorés. Les voici :

  • Le fil - Camille (FR)
  • La marche de l’empereur - Émilie Simon (FR)
  • Polémil Bazar - Avale ta montre (QC)
  • La Rue Kétanou - Y’a des cigales dans la fourmillière (FR)

En ce moment, je tourne un peu à vide. Je ne suis pas attirée par le dernier Fersen ni le dernier Louise Attaque. Peut-être celui d’Émilie Simon, Végétal, qui vient de sortir ? Ou bien une ambiance africaine pour accueillir le printemps avec Amadou et Mariam ?

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Théâtralement, une seule pièce vue cette année, alors que les théâtres sont maintenant plus faciles d’accès que jamais pour nous (plusieurs à distance de marche) ! C’était “La promesse de l’aube”, une adaptation d’un texte de Romain Gary. On s’était difficilement traînés ce soir-là par manque d’envie, mais on n’a pas regretté notre déplacement ! Une pièce sur l’enfance, le devenir et les efforts d’une mère pour son fils. Nous y avions trouvé beaucoup d’échos dans nos vies personnelles.

Il faut dire, avec le peu de visibilité sur mes gardes, c’est devenu très difficile de prévoir des choses à l’avance. Là, on aimerait voir une pièce en avril, mais je n’ai aucune idée des soirées qui seront bloquées à l’hôpital. Comme la pièce a l’air de bien marcher, je crains qu’il ne reste pas de place les soirs où on est en forme…

Récemment j’expliquais en commentaire que si la DADVSI passait avec la clause de licence globale (qui grosso modo légalisait le téléchargement contre une rétribution prélevée sur les forfaits Internet) cela mettrait la France au banc des accusé au niveau mondial.

C’est peut-être ce qui va se passer malgré que le gouvernement a finalement réussi à annluer la licence globale. En effet, la clause d’interopérabilité qui fut ajoutée pour satisfaire ces salauds de consommateurs fut un pavé lancé dans la marre allant jusqu’à faire réagir assez violemment Apple (aux USA) ainsi que le secrétaire au commerce américain (de quoi je me mêle d’ailleurs ?)

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Saint-Felix, Guadeloupe

La raison ? Cette clause obligerait Apple à permettre à des concurrents de briser le duo gagnant iTunes/iPod. Pourquoi ? Les fichiers vendus par Apple (et par toutes les autres plateformes en ligne) sont protégés contre la copie par des moyens techniques de protections (aussi connus comme DRM). Chaque plateforme sa technologie, iTunes d’Apple ayant Fairplay qui ne peut être lu que par un iPod (l’iPod ne pouvant lire que ce DRM ou des fichiers sans DRM).

Dans l’état actuel des choses Apple maintient 80% des parts de marché autant sur les lecteurs portables que sur les ventes en ligne grâce à ce “lock-in” matériel/logiciel. L’iPod est dominant et inspire confiance (à tort à mon goût) et une fois l’iPod acheté, le consommateur est contraint de prendre iTunes. Pour faire un parallèle (un peu vaseux), c’est comme s’il était impossible de rouler sur certaines routes avec certaines voitures.

Tandis que certains évoquent le sauvetage de la civilisation grâce à cette loi, Apple accuse alors le gouvernement français de soutenir le piratage tandis que le gouvernement américain vole au secours de la propriété intellectuelle bafouée par un état clairement communiste. Les insultes vont pas tarder à voler. Après une période de négociation autour de la loi récemment votée, les mois à venir va être déterminante : que va faire Apple ? Se retirer du marché français ? Le sénat va-t-il adopter la loi ? La loi française pourrait-elle faire des émules ? (Michael Geist avec qui j’ai échangé quelques mails semble le souhaiter, du moins pour cette clause).

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Coucher de soleil / Sunset - Port-Louis, Guadeloupe

Personnellement ces histoires de DRM me fatiguent beaucoup : entre les DRM qui rebootent votre ordinateur quand ça leur chante, ceux qui vous interdisent la lecture sur tel ou tel système, les trucs genre Trusted Computing et autres foleries, on peut se demander où on s’en va et si en tant qu’acheteur on conservera un minimum de contrôle sur nos produits ou si ce sont eux qui guideront nos vies.

À noter que contrairement à ce qui est dit par Apple et autres, il semble possible de concevoir un DRM “ouvert” permettant à la fois d’assurer la protection des fichiers tout en respectant l’interopérabilité (et ce serait même compatible avec la logique Open Source).

La suite au prochain épisode mais c’est parti pour fuser. Passionnant comme situation.

Mon enfance aussi, tout comme celle de Leeloolène, est ponctuée de certains points de repère simples. Je cherchais évidemment des souvenirs du temps où je vivais en Abitibi (donc avant 9 ans), et plus simplement avant l’école et la garderie (donc avant 5 ans).

Mon tout premier souvenir est facile à identifier comme tel. C’est une saynète assez courte. C’était l’hiver, et je devais monter dans notre voiture de l’époque. Cette voiture comportait un trou béant au sol à l’arrière et mes parents s’en s’ont débarassés en 1985. Je me souviens très nettement de ma mère me disant “Attention, il y a un trou par terre !” et même d’avoir pensé que je le savais déjà ! Ou était-ce ma réponse ? J’avais tout juste 3 ans, maximum.

Je me souviens aussi de la glorieuse époque (3-4 ans) où, forte de mes nombreuses siestes et de mon heure de coucher outrageusement tôt, je me levais à 5h du matin et j’allais extirper de son lit à barreaux mon meilleur compagnon de jeu : mon petit frère. C’était assez acrobatique de le faire sortir de là, je devais m’aider d’une chaise, car j’étais trop petite pour abaisser la barrière. Mais ça valait le coup. Et ça réveillait immanquablement les parents.

Malheureusement, je n’avais que 21 mois à sa naissance. J’ai vu des photos du moment où ils me l’ont présenté, d’où l’impression de “souvenir suggéré”, mais je ne crois pas m’en rappeler réellement.

Je me souviens aussi de la prématernelle où j’allais à 4 ans. J’avais du mal à utiliser un ciseau pour découper des formes, à cette époque. Je me souviens des longues promenades dans les sous-bois, des bleuets qu’on cueillait l’été pour faire des tartes et des igloos qu’on faisait dans la neige l’hiver avec mon oncle-gâteau qui venait nous rendre visite là-bas, même si c’était loin et froid. Je me souviens de ma mère qui était déjà en dépression à l’époque et qui ne trouvait pas le temps de “jouer avec moi”, même quand je lui demandais, parce qu’elle avait trop de choses à faire et qu’elle était fatiguée.

Toujours à 4 ans, je me souviens du jour d’été où mon père est arrivé avec un chien. Il n’en avait parlé à personne et est arrivé un jour de la SPA avec sa trouvaille. Je jouais dehors et avant de rentrer, il m’a dit “Attention, il y a Papillon dans la cuisine”. J’ai bien cherché, je n’ai pas vu de papillons. Par contre, j’ai trouvé un petit chien en train de boire. Oh, rétrospectivement, il n’était pas très beau, un mélange bâtard de chiouahoua avec autre chose. Il était un peu fou et mal élevé. Mais c’est devenu mon chien et mon meilleur ami, jusqu’au jour où je me le suis fait enlever.

C’était plusieurs années plus tard. Nous avions intégré notre nouvelle maison en banlieue de Montréal. Mes parents travaillant tous deux au centre-ville, étant donc absents du domicile pendant de très longues heures quotidiennement, et le chien ayant tendance à manger tous les tissus possibles pour se désennuyer… Mon père a dû aller le reporter à la SPA d’où il venait. J’étais alors assez grande pour savoir ce qu’il adviendrait d’un vieux chien pas très beau, un peu obèse, sans me faire d’illusions.

C’était la veille de mon anniversaire de 9 ans. Et cet anniversaire-là, pour cadeaux, tout le monde a eu la même idée de m’offrir un livre, et je n’ai rien reçu d’autre. Certes, j’aimais bien lire, mais j’étais encore une enfant, et j’étais infiniment triste. Comme quoi, mon coup de blues d’anniversaire n’est pas une chose qui date d’hier !

C’est drôle, mon père, qui n’est pas très fin psychologue en général, a toujours cru que j’étais fâchée contre lui à cause de cet épisode passé, auquel je ne pensais jamais.

Mais la rancune est une chose étrange. L’an dernier, les émotions reliées à cet événement ont fini par remonter et surpasser la raison. C’est vrai que, malgré tout, je lui en veux toujours…

Un billet facile parce que je suis en panne d’écriture (en fait j’écris plein de choses mais ça n’atteint jamais le stade de la publication). Leeloolène m’a refilé un sujet en chaine : mon plus ancien souvenir.

J’hésite, faudrait que Môman m’aide à faire le tri. Mais je pense bien que le plus ancien du plus vieux que j’ai dans la cervelle vient d’un séjour en Tunisie, j’avais alors possiblement 3 ou 4 ans. Je me souviens principalement de la piscine de l’hotel où nous étions : froide, très froide. Quand on dit que les enfants sont moins frileux que les adultes c’est archi-faux, je me rappelle que c’était vraiment difficile. Je me rappelle aussi que j’apprenais alors à nager et qu’il y avait des flotteurs rouges et blancs pour délimiter le petit bassin. Mais surtout, il y avait un plongeoir, un gi-gan-tesque plongeoir blanc, une tour de plusieurs étages… du moins c’est le souvenir que j’en ai.

C’est là que la mémoire trouve ses limites parce qu’à en croire l’image que j’ai en tête, je me représente ce plongeoir avec une escalier en colimaçon pour accéder au sommet, ce qui semblerait assez étonnant. Probablement que nous avions également fait une promenade à chameau (ou dromadaire, allez savoir) car j’ai un souvenir de bestiole dans ce genre qui remonte avec ce souvenir.

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Plage de Petit Havre, Guadeloupe

Un autre souvenir qui doit faire concurrence, c’est mon premier cinéma : E.T, sorti fin 1982 ce qui me faisait 4 ans. Je me souviens de la foule pour accéder à la salle et je me souviens surtout avoir vaguement passé tout le film à essayer de rentrer sous mon siège. Pas de souvenir du film sauf d’un moment où un fil est attaché à un système de cliquetis très stressant. Par la suite, toute vision des (très nombreuses) peluches E.T avec leur terrorisant ventre rouge faisait monter en moi un moment de panique.


La mémoire est quelque chose d’extraordinairement complexe qui nous joue souvent des tours. Les souvenirs suggérés, recomposés à force de se faire dire quelque chose, en sont un exemple édifiant. Quand j’étais petit, j’ai failli me foutre à l’eau, sous la bâche de la piscine. Je jouais avec un modèle réduit de bateau à voile et comme tout le monde le sait un gamin de 5 ans c’est parfaitement stupide et maladroit, j’ai donc basculé. Je savais surement nager mais sous la bâche, c’est impossible. Je me souviens de tout ceci mais je suis quasi-certain que ce n’est pas ma mémoire à moi, notamment parce que je n’ai pas souvenir d’avoir été mouillé. Et surtout on m’a raconté cette histoire à plusieurs reprises ce qui fait un bon terreau pour un souvenir suggéré.


Une facette passionnante de la mémoire c’est son caractère associatif. Hier, durant une réunion, je regardais la cravate de mon voisin d’en face et les motifs m’ont fait plonger dans un flashback dont le sujet exact m’échappe maintenant. Mais l’espace de quelques instants, j’étais dans un autre monde, un monde mien, un monde de mon passé, qui à la simple vue de ce motif avait soudainement surgit.

Mais la mémoire n’est pas uniquement visuelle, surtout quand vient le temps des associations. L’odorat à ce niveau est très puissant et deux souvenirs me viennent à l’esprit. Le premier c’est l’odeur des toilettes de ma tante. Ok, ça peut sembler loufoque comme souvenir et pourtant. Je devais alors avoir 11 ans, je vivais temporairement chez la soeur de ma mère et Rencontre du troisière type passait à la télé. Ce film m’a terrorisé, comme E.T quelques années plus tôt (on remarquera que j’étais très branché extra-terrestre, je lui toujours d’ailleurs et ça vient surement de là), et j’ai du aller aux toilettes à quelques reprises pour me protéger. Un peu comme les personnages de Lovecraft, j’étais terrorisé mais j’étais incapable de m’échapper définitivement, pourtant ce n’est pas difficile de lacher la télé. Depuis, cette odeur est systématiquement associée à une peur sourde, sans motif précis.

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Bois-Jolan, Guadeloupe

L’autre souvenir “odorant” est en fait un mix odeur/musique. Ça devait être à la même époque, en fin de 5ème, ma première boom, mon premier slow sur Wind of change et l’odeur de celle dont j’étais follement amoureux (Un rateau suivi quelques semaines plus tard malheureusement, mais je me suis rattrapé quelques années plus tard, parce que je ne suis pas du genre à lacher moé ;)) qui dansait contre moi. J’étais pas peu fier. Cette chanson à elle-seule est suffisante à me replonger dans cette époque.

Je pourrais en faire des tonnes et des tonnes : l’accouchement de notre jument (dont je fus le seul à voir le début), le bras cassé, le ski entre les jambes de ma mère, des souvenirs de rêves même ! La mémoire n’était-elle pas quelque chose d’à la fois merveilleux et terrible ?

Je passe le bâton à mon amour ainsi qu’à Eor :)

Alors que la période des transferts/échanges s’est terminée la semaine dans le ligue nationale de hockey, j’ai bénéficié d’un surcis qui m’a permis d’être officiellement échangé aujourd’hui.

Je change donc d’équipe mais garderai la même tâche puisque je vais désormais travailler pour l’entreprise qui était mon client en tant que consultant. Dans les faits, il est probable que je ne change même pas de bureau. Dans l’opération, je gagne presque 25% de salaire (brut) ce qui porte à 57% mon augmentation sur un an… pas pire. Surtout je gagne énormément en stabilité et en avantages sociaux, et c’était surtout l’objectif visé (car l’augmentation, j’aurais pu avoir presque autant en restant).

Ça ne s’est pas fait sans quelques tiraillement avec mon ancien employeur qui aurait bien souhaité que je reste et quelques cafouillage de mon nouvel employeur. Une négociation mal barrée entre les trois acteurs pour faire sauter une clause de non-concurrence a bien failli tout faire merder, mais heureusement on a trouvé un terrain d’entente satisfaisant, je le pense, pour tout le monde (même si c’est jamais agréable pour un dirigeant d’une TPE de perdre un employé.)

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Rhumerie


Rhumerie Bielle à Marie-Galante, Guadeloupe

Par ailleurs je suis bien content de mon comportement. Même que ça semblait mal aller, je n’ai pas péter un cable et blasté tout le monde, comme j’aime à le faire dans une telle situation, ce qui aurait pu me griller à tout les niveaux. Sans être un fin négociateur, j’ai réussi à faire que tous les problèmes soient résolus. Sous le coup de la colère, alors que je me croyais dans l’impasse, j’ai bien rédigé un post (que certains ont peut-être vu passer brièvement ici-même) mais que j’ai rapidement retiré car il résultait d’une incompréhension.

Ceci dit, il serait bien présomptueux de dire que j’ai trouvé une situation stable. Depuis 2000, je ne suis jamais resté plus de 15 mois pour le même employeur et il n’est pas écrit dans mon livre que c’est fini…