J’ai commencé mon stage de chirurgie et tel que prévu, je m’y sens très mal.

Je dirais que le pire est de ne plus avoir de temps pour soi du tout. Je me lève à 5h15 le matin pour partir à 6h00 après avoir pris un petit déjeuner, et surtout un thé pour tenir éveillé jusqu’au midi. Quand je pars il fait noir, et quand j’arrive à l’hôpital aussi. Donc je n’entrevois même pas le lever du soleil. C’est une heure idéale pour faire les premières traces de pas sur la neige du trottoir, et pour croiser les clodos qui migrent d’un lieu à un autre.

Mais ce n’est pas parce que la journée de travail commence à 6h30 que, comme externe, je fais vraiment quelque chose. Souvent c’est une perte de temps complète jusqu’à 8h, heure ou la tournée commence. En effet, il y a déjà 4 résidents dont 3 seniors ainsi que 8 patrons en urologie, pour faire la ou les consults à l’urgence (0 à 2 consults par matin). Le rôle de l’externe consiste souvent à rester debout en ayant l’air de s’intéresser et en masquant les bâillements de fatigue. Premièrement, ne pas nuire, prennent-ils un malin plaisir à nous rappeler.

La tournée d’étage peut ensuite durer 10 minutes quand elle est normale ou 4 heures quand c’en est une d’enseignement. Le patron de la tournée d’enseignement est un vieil homme bourru de 72 ans qui a fait pleurer des générations d’externes et de résidents avant moi. Sans compter les infirmières et les patients. Les résidents se font littéralement massacrer par lui pendant des heures, me donnant simplement l’envie de rentrer sous le plancher. Heureusement, il est un peu plus indulgent avec les filles, surtout si elles portent un bon nom québécois rassurant. Mais je ne vous raconte pas plus la pénibilité de tourner avec lui. Quant aux tournées de 10 minutes, on n’y comprend rien parce les résidents font tout à toute vitesse et il ne faut surtout pas être dans leurs jambes.

Ensuite il y a au choix les consults à l’étage, les cliniques externes ou la salle d’op. Les résidents qui se sont fait détruire pendant la tournée doivent ensuite se venger un peu sur nous, et ils aiment bien décider de nos activités. Donc je me suis souvent retrouvée en salle d’op bien malgré moi, ce qui dure longtemps et est littéralement frigorifiant. Je sors de là avec les 4 extrémités cyanosées après des heures à ne pas voir grand-chose.

En clinique externe, contrairement à tous les autres stages, l’externe ne voit pas les patients seul à seul. Comprenez que 65 patients à passer en une demie-journée, ça ne permet pas à un externe de faire perdre du temps. Donc on suit le patron, i.e. on ne fait rien et on reste debout, car il n’y a pas de chaise prévue à cet effet. Et le patient a ainsi droit en ligne jusqu’à 4 touchers rectaux. Et hop, au suivant, baissez votre froc monsieur, c’est parfait, NEXT. La clinique externe du patron bourru sus-nommé est très intéressante même pour le patient, car il n’explique rien, ne répond pas aux questions voire parfois ne répond même pas à la raison de consultation. Et ce, même si le patient a pris l’avion de Val D’Or (700 $) pour venir voir le grand spécialiste.

Par ailleurs, comme les consults ont été faites à 6h30 et qu’il y a une armée de résidents, il y a souvent des temps morts ensuite pendant la journée. Bon, pour le coup, je ne m’en plains pas, parce que la quantité de lectures pour remplir les objectifs et passer l’examen à la fin est phénoménale en chirurgie. Et ce n’est pas pendant les activités hospitalières que l’on apprend, particulièrement en salle d’op.

Le tout, bien entendu, dans une ambiance macho à souhait. Exemple de question que l’on se fait poser le premier jour alors que l’on n’y connaît rien : “Alors les filles, qu’est-ce qu’on donne pour alcaliniser les urines ?”. “…” “Vous devriez savoir ça, vous en mettez dans vos pâtisseries !” Grrrrmhhhfff.

À 16h, tous les jours, on peut enfin cesser ce que l’on fait pour aller à un vrai cours. Là on reçoit un peu d’enseignement vraiment utile. La seule chose, c’est qu’on est légèrement fatigué rendu là, et que ça fait sortir à tous les coups à 17h, 18h voire 19h le mercredi. (Sans compter qu’en urologie, après le cours, il faut retourner à l’étage faire les admissions…) Au moins comme ça, il n’y a pas de problème, je suis sûre de ne jamais voir la lumière du jour !

Donc on rentre à la maison et il reste une soirée de 2-3h pour faire à manger, manger, faire la vaisselle, se brosser les dents et se laver. Ensuite, on peut avancer ses lectures pour l’examen. Et se coucher à 21h pour pouvoir se lever à 5h le lendemain.

Ma vie se résume en tâches successives et mes journées de “travail” durent 11 à 12h. Et ce n’est même pas pour quelque chose qui m’intéresse ou qui me semble particulièrement utile dans ma formation. Je m’ennuie globalement pendant de longues heures et je ne fais grossièrement rien. Ou si peu, ça pourrait tenir en 1-2 heures seulement.

Et après, on se demande pourquoi je somatise… Maux de ventre terrible, maux de cou et de tête terribles aussi…

Je dois tenir 2 mois comme ça. (C’est pour ça qu’aujourd’hui j’ai décidé que j’étais malade et que je n’y allais tout simplement pas.)

Je ne me suis pas prononcé sur l’élection du gouvernement conservateur durant notre absence, mais vous vous doutez bien que ça ne me réjouissait guère. D’un autre coté, il était préférable d’attendre les nominations ministérielles et les premiers actes pour juger.

Suite à une perle relevée par Magellan, on peut dire que les hostilités ont commencé et que l’environnement fait partie des premières cibles. En effet, un des ministres du nouveau gouvernement, vient de lancer un pavé dans la marre en signifiant que pour rencontrer les objectifs du protocole de Kyoto il faudrait «interdire tous les avions, trains et voitures du pays et abandonner toute forme de production manufacturière et fermer toutes les mines»… et en encore, on n’y serait pas encore tout à faire selon sa source (le reste de l’article vaut d’être lu).

On va donc faire ça à la mode blogosphère : tous aux barricades, on va faire un lynchage en règle de ce pauvre con ! Sortez les GoogleBomb, ça va chier !

Récemment je regrettais que les politiques canadiens n’utilisaient pas assez Internet, voilà qui est fait, de bien belle manière.

Mais attention ! Au-delà de ce simple article, je vois le début d’une attaque en règle sur les politiques environnementales, notamment sur les changements climatiques. Quel hasard, en effet, de voir ce personnage sortir ce charmant article le lendemain même de sa nomination en tant que ministre (heureusement de l’immigration et non de l’environnement). Il aurait voulu se faire remarquer plus qu’il n’aurait pas fait mieux !

Par ailleurs, suite au tumulte des nominations ministérielles, on n’a pas forcément pris le temps de regarder les autres ministres que ceux qui étaient sous les projecteurs (on pourrait presque croire à une diversion). La ministre de l’environnement par exemple, Rona Ambrose une albertaine. C’est un message clair. Mettre en place un ministre de l’environnement venant de La province anti-kyoto a le mérite d’être claire. Une député qui vient d’un comté d’Edmonton, ville dont la santé économique repose massivement sur l’extraction pétrolière (l’équipe de hockey locale s’appelle les Oilers d’Edmonton, ça s’invente pas). Dans ces conditions, comment un ministre de l’environnement peut faire quoique ce soit qui pourrait avoir un impact négatif sur l’extraction ou la consommation du pétrole sans mettre sa tête sur le billot pour l’élection suivante ? Cette ministre ne peut pas prendre des décisions allant dans le sens de Kyoto sans courir au suicide, c’est aussi simple que ça.

Surtout que si on regarde la biographie de ce personnage, on note son grand attachement aux questions environnementales… en revanche elle a travaillé dans la com’. Ça risque de servir !

Ce billet de Monte Solberg est plus qu’un simple troll. Un politicien n’est pas assez con pour ça, surtout le lendemain de sa nomination au gouvernement. Le but est de décrédibiliser le protocole, mater les esprits (au sens de les déformer en appliquant des coups) pour leur faire comprendre que ce protocole est irréaliste et autant le laisser tomber tout de suite. Une stratégie mûrement coordonnées pourrait ressembler à ça.

Derrière ce billet digne d’un enfant gater se cachent discrètement quelques chiffres dignes de confiance pour que les gens puissent quand même se dire que c’est vrai, que c’est impossible. Le premier ministre ne peut pas se permettre de critiquer ouvertement le protocole de Kyoto alors que même l’actualité est plus que jamais centrée sur cette question, et que la semaine dernière Tony Blair, allié de G. W. Bush devant l’éternel, reconnaissait lui-même l’urgence de réduire drastiquement les émissions des gaz à effet de serre. Alors on envoie les ministres qui ont moins de visibilité internationale, qui risque moins de faire taper sur les doigts par les autres gouvernements, pour annoncer la couleur à coups de petites phrase : Kyoto va finir à la poubelle ou pas loin.

On remarquera au passage le sous-titre du blogue du ministre en question, “Keeping you informed”. Manque plus qu’un “Fair & balanced” après et il pourra faire office d’anchor sur Fox News !

Update : Dans le même temps, Charest hurle sur tous les toîts que Harper va respecter Kyoto (affirmation contre-dite par des proches de Harper) et des analystes pensent que le Canada pourrait difficile se retirer de Kyoto ou laisser faire. Mais avec ce que dit cet article et ce que je connais du protocole et des plans actuellement en place,je ne vois pas pourquoi le Canada devrait tant s’en faire que ça s’il ne rencontre pas les objectifs… et il ne les rencontrera pas d’ailleurs.

Une note pour la Bourse de Montréal, l’endroit où je passe mes journées de travail, même si ce n’est pas mon employeur mais plutôt mon client, qui se dit prêt à gérer les permis d’émission à la façon de ce qui se fait à Chicago. Intéressant.

L’Ipod vert était en arrêt cardique depuis… 5 jours ! Bien que la situation semblait désespérée, un chirurgien ibook, un cousin de l’ipod, émis l’hypothèse qu’une opération de la dernière chance pourrait ramener le patient à la vie.

Après avoir bénéficié d’un don du coeur à la banque du sang électronique, tout fut mis en place pour assurer la réussite de l’opération. Une équipe hors du commun, dirigée par le Pr. Main Gauche et assisté du Dr. Main Droite fut mise en place rapidement pour tenter l’exploit.

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iPod vert en environnement stérile

Malgré le stress très présent, l’équipe commença l’opération dès que possible, soit le 15 février 2006 à 17h46, heure locale. L’environnement stérile sous cloche à fromage monté en urgence devait permettre tout d’éviter infection nausocomiale malgré cette chirurgie à coeur ouvert.

La première étape fut surement la plus difficile : la trépanation ne fonctionnant pas avec l’outil prévu à cet effet, il fallu envisager l’utilisation d’un tourne-vis plat qui permet d’enlever la partie supérieure de la boite cranienne, non sans endommager les parties les plus molles. Ceci ne remettait toutefois pas en cause la suite de l’opération sur un corps de toutes manières froid.

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iPod vert trépané

À 18h07, l’équipe pouvait passer à l’étape suivante visant à extraire le coeur et certains autres organes grâce à la trépanation. L’extraction se déroule assez bien et rapidement le coeur, inerte, devient visible et accessible.

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Coeur ouvert

Afin de réaliser l’échange, il faut rapidement couper la veine cave, l’artère pulmonaire et l’aorte pour les mettres en circulation extérieure. Étape difficile et risquée au cours de laquelle l’aorte a failli être mortellement touchée par un tourne-vis cruciforme.

18h17. le coeur est changé et les principales veines et aorte en place ; il faut maintenant remettre tous les organes en place dans le corps sans les heurter. Malheureusement durant cette remise en place, l’oeil frotte contre la paroi cranienne retournant par la même cornée. L’équipe s’en rend compte rapidement et évite d’agraver la blessure mais le mal est fait : s’il revit, iPod vert aura surement une perte de visibilité.

L’équipe reprend se sont travail avec plus de prudence et remet tous les organes en place.

18h22. Le Pr. Main Gauche entame la cotérisation de la trépanation pour remettre en place la partie occipitale du crâne.

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Les points de suture

Les points de sutures terminés, l’équipe décide immédiatement de vérifier les résultats de l’opération en insuflant au nouveau coeur quelques volt, espérant ainsi réveiller iPod vert.

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Résultat de l'opération... un échec

Malheureusement, l’opération est un échec. Le coeur refuse obstinément de repartir. L’opération n’aura pas permis de ramener à la vie iPod Vert dont les obsèques seront célébrées en l’église Notre-Dame du Prophète Saint-Steve-Jobs. L’équipe tient tout de même à remercier la communauté internationale dont la mobilisation à permis d’amasser les 40$ nécessaires pour réaliser cette opération de la dernière chance.


Note : Faute de quoi, si quelqu’un veut des pièces détachées pour un iPod mini, il y a tout ce qu’il faut ici : 2 batteries, un “corps” vert. J’ai également une petite housse protectrice qui aussi ne servira plus.

Note préliminaire : je republie ici un article écrit dernièrement sur Quotidien durable.

Les sciences environnementales ne sont pas des sciences exactes ; en conséquence de quoi, on peut rarement être certain de faire le “bon” choix. Voici les résultats d’une étude comparative entre le diesel et le biodiesel. Cette étude réalisée dans le cadre d’un cours de master n’a pas vocation à donner une réponse unique et définitive à la question des carburants et des politiques énergétiques, mais à faire réfléchir.

Ce comparatif a été réalisé à l’aide de la méthode d’analyse du cycle de vie des produits qui vise à prendre en compte les impacts environnementaux de toutes les étapes du cycle de vie d’un produit, allant du prélèvement des ressources aux déchets et rejets provoqués. C’est une méthode assez difficile à mettre en place car longue et fastidieuse mais très pertinente dès qu’on parle environnement et impacts potentiels.

Pour comparer les deux carburants, le scénario supposait une utilisation dans des bus de transport en commun. Les données utilisées proviennent principalement de bases de données comme celle d’Eco-Invent, manipulées avec le logiciel SimaPro 6. Le biodiesel fut considéré comme provenant du soja, le diesel lui, de 4 sources de pétrole (offshore/onshore, proche/éloigné) réparties également.

Comme le sous-entend le titre, le résultat du biodiesel n’est pas particulièrement reluisant. Au contraire, il aurait plutôt tendance à avoir des impacts environnementaux supérieurs au diesel. Certes, le biodiesel émet, à la combustion, moins de polluants atmosphériques que le diesel classique. C’est ce que montre une étude comme celle-ci, qui est biaisée car ne comparant que la phase d’utilisation des carburants. Il manque la phase de production. C’est utile pour comparer les rejets atmosphériques, mais ce n’est pas une analyse du cycle de vie comme prétendu.

Et le biodiesel de source agricole a des impacts importants car il requière beaucoup d’espace ainsi que des engrais. À titre de comparaison, en France, pour remplacer tous les carburants dérivés du pétrole par du biodiesel, il faudrait 604.000km2 de soja, la France ne fait que 550.000km2 de superficie (pour plus d’informations sur les biodiesel en général, se référer au site Manicore)

D’ailleurs, une telle analyse montre également que ce n’est pas la phase de consommation qui a pas le plus gros impact, mais bien celle de production ; qu’il s’agisse du diesel ou du biodiesel.

À titre personnel, j’en tire une conclusion claire et simple : la réduction à la source. Bien qu’il ne soit jamais bon de vouloir caser des grands principes, il faut comprendre que la première chose à faire quand on veut limiter des impacts environnementaux, c’est réduire. Oui, il existe toujours des technologiques, des méthodes qui donnent l’impression d’avoir un impact moindre. Mais souvent (pas toujours), ce n’est qu’une impression, le mal est déplacé ailleurs, sous une autre forme. C’est le cas des voitures électriques ou à hydrogène : faut bien produire l’électricité quelque part. La réduction, elle, est quasiment toujours garante d’une amélioration environnementale.

Plus généralement, quand j’entends des gouvernements parler du biodiesel (et des carburants verts en général) comme la réponse à tous nos problèmes, je me dis que ça tient de la démagogie.

En environnement, il faut se méfier des apparences. Parler de carburant vert est trompeur. Parler de ressources renouvelables l’est également dans le cas des ressources agricoles. Imaginer un système comme un tout, à la façon de l’analyse du cycle de vie est un premier pas pour mieux comprendre la gestion environnementale.

À titre informatif, plusieurs équipes ont fait ce même travail en parallèle. Le diesel a obtenu de manière général un meilleur score environnemental, bien qu’une équipe ai trouvé le contraire et alors que la majorité des étudiants étaient clairement pro-biodiesel au début du cours. Quoiqu’il en soit, l’écart entre les deux carburants n’était jamais très important. Par ailleurs d’autres sources d’huile ont également été étudiées comme le colza et le résultat était sensiblement le même. Évidemment, la culture bio améliore un peu le résultat, mais comme la culture bio est moins productive à l’hectare, le gain n’est pas aussi important qu’on pourrait le croire.

Enfin, comment se fait-il que plusieurs équipes obtiennent des résultats différents en partant des mêmes données ? Ça c’est l’histoire d’un autre article sur le sujet :)

Paix à son âme… et la poisse continue. Heureusement, avec le coup de semonce de la semaine dernière, le backup est (très) récent.

Quand on vous dit que c’est de la merde.

Un ibook et et un ipod, achetés en même temps, été 2004, utilisés par deux personnes différentes, l’ibook ne bougeait quasiment jamais. On connait maintenant la durée de vie du matériel Apple : 1 an et 1/2.

On va maintenant voir l’efficacité du support technique.

Pour rire un peu concernant Apple : Crash different