Chère Etolane,

Juste un petit mot pour toi ici, parce que la vie n’est pas toujours facile, qu’elle s’acharne parfois sur certains et qu’elle comporte son lot de souffrances incompréhensibles. Parce que le corps humain est fragile.

Pour que ton corps meurtri et magané remonte enfin doucement la pente, à la plus grande joie de ton merveilleux mari, de votre douce petite fille… et de notre égoïste envie de lire à nouveau ton croquant pour la vie :)

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Healing graffiti and a bench in the snow

Prends soin de toi et bon courage pour la suite de ta convalescence !

Jésus avait le don de multiplier les pains, peut-être puis-je multiplier les cartes mensuelles de transport en commun. Ou alors je suis fou à lier.

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Deux pour le prix d'une ?

Actuellement la réalité me semble très ténue, j’ai l’impression que l’événement le plus anodin pourrait m’amener dans un asile psychiatrique dont je ne pourrais ressortir.

Ai-je acheté ces deux cartes ? Bien entendu que non. Du moins pas consciemment.

Ou alors en ai-je volé une… à mon issue ?

Quoiqu’il en soit, j’ai beau essayer de multiplier de nouveau ces cartes, il semblerait que je ne sois pas le prophète des transports en commun.

À défaut, ceci résoudra le questionnement de Ebb qui se demandait si elle allait s’acheter une carte ce mois-ci. Quant à moi, ma période d’interrogations ne fait que se poursuivre.

J’ai réussi à survivre à mon stage de médecine interne. Les examens d’hier se sont passés moyennement, mais j’ai eu droit à une très bonne évaluation de stage par le patron. Un peu de renforcement positif, on ne dit jamais non, quand on est externe (c’est-à-dire pas loin d’une sous-merde ;)).

Je me sens bien plus dans le bain de l’externat maintenant, et j’ai l’impression de savoir et de savoir-faire plein de choses. J’ai réussi mes premiers gaz artériels, j’ai survécu aux patients, aux résidents, aux patrons, aux nombreux tomes de dossiers antérieurs, aux patients unilingues portugais, sourds et muets, ou en plein délirium. En bonus, comme j’écris vite, je m’en suis sortie sans finir trop tard, sans m’épuiser complètement, en dormant toutes mes heures de sommeil, et sans consommer encore de café.

C’était sûrement le stage où les externes étaient le plus “prévus” et “intégrés” à l’équipe médicale. Je vais devoir réapprendre à devenir un cheveu dans la soupe, pour les autres stages. Ça va être difficile.

C’était aussi sûrement le stage le plus important, la base de toute la médecine. Un joyeux mélange de cardio, pneumo, neuro, gastro, endocrino, rhumato… souvent chez le même patient d’ailleurs.

J’ai appris à écrire de belles longues histoires de cas (ce que je vais maintenant devoir désapprendre ;), à aimer mes patients, et à me sentir à ma place dans un hôpital.

Je comprends mieux maintenant comment, dans un peu plus d’un an, l’externat fera de moins un “docteur”.

C’est aussi la première fois que j’ai côtoyé pour la peine (en durée, et de près) un médecin fantastique (pas celui dont je parlais il y a quelques semaines), qui me sert un peu de modèle. Il aura fallu attendre 3 ans et demi dans ces études quand même, ça fait long.

Pour la prochaine période, je serai en option d’endocrino, dans un autre hôpital à distance de marche de chez nous. Je vais voir plein de diabète et de problèmes de thyroïde, je devrais être bonne à la fin ! Ça devrait me permettre de souffler un peu, aussi. Et puis, j’aurai même droit à une semaine de vacances pour Noël… avant d’enchaîner pour un mois de vacances complet en janvier (tout ça grâce au stage que j’ai fait à Lille cet été, en avance - ça valait le coup !).

Pour fêter ça, on a fait une petite soirée médecine hier. On s’est fabriqué des sushis maison. Même pas été malade !

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Homemade sushi

Il va maintenant falloir sprinter pour finir l’organisation du plus beau mariage au monde - le nôtre :)

Olivier nous parle de la “tyrannie douce” des USA. Très intéressant !

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Lierres dénudés maintenant

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Mur de briques et graffiti

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Close-up on the stairs

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Chez José café... again !

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Pousses d'orchidée

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Pandas

Et Martineau (ou plutôt, les gens qui ont réagi ;)) de la vitesse, du temps et de la patience. Ça fait du bien de prendre le temps de les lire.

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Typical stairs of the neighborhood

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Violette en fleurs

Bonne lecture ! Moi je retourne étudier. J-2, ou J-50, selon ce qu’on considère ;)

Récemment, j’ai lu un recueil très impressionnant de “cas” neurologiques écrits sous forme de nouvelles, L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, par Oliver Sacks. Évidemment, ce sont des cas souvent un peu rares ou exceptionnels. Si vous n’avez jamais lu ça, courez à la bibliothèque la plus proche, vous serez fascinés par la cerveau humain !

En côtoyant des patients atteints de troubles neurologiques, je suis aussi tous les jours très impressionnée par tout ce que ça peut faire.

Je suis actuellement une patiente atteinte d’Alzheimer, tout simplement (et de plein d’autres choses, sinon elle ne serait pas en médecine interne ;)). Mine de rien, sa démence est “bien frappée” maintenant. Mais ça ne paraît pas tant que ça, elle a l’air normale, tout au plus un peu lente ou simplette.

Mais c’est assez surprenant de la voir “réinventer la vie” à chaque jour. Une douleur est éternellement nouvelle pour elle. Un problème réglé n’a jamais existé. Elle a des mécanismes de défense pour avoir l’air presque appropriée (“vous me reconnaissez ?” “bien sûr !” “je suis qui ?” “euuuuh…”), mais on voit bien que dans le fond, elle est pas mal perdue.

Un peu comme dans le film, Les 50 premiers rendez-vous, avec Adam Sandler et Drew Berrymore, mais là on est dans la vraie vie :) (J’en ai des références moi !)

Je commence aussi à devenir familière avec le concept de transfert et contre-transfert, en psychiatrie. En gros, quand une personne m’inspire des sentiments ambigus voire négatifs pour des raisons inexpliquées, le plus souvent, il n’est pas nécessaire de chercher bien loin. C’est du contre-transfert sur un trouble de la personnalité ;)

Cette semaine, j’en ai eu plein les bras avec une patiente. J’ai dû mal à mettre le doigt sur le problème exact avec sa personnalité. Elle est circonstancielle à souhait (Il y a deux types de discours très difficiles à supporter avec les patients âgés : les discours tangentiels, lors desquels le patient se sert de la question comme d’un tremplin pour vous raconter toute sa vie sans jamais revenir à la question, et les discours circonstanciels, lors desquels le patient s’en sert comme d’un boomerang et peut finir par répondre à votre question, si vous avez le temps et la patience d’écouter tout ce qu’il y a entre les deux…) et assez “précieuse”. Elle a refusé d’aller passer un examen à 8h du matin sous prétexte qu’elle n’était pas encore maquillée et qu’elle refusait tout avant 11h. Elle a même fait une plainte en bonne et due forme à l’ombudsman à ce sujet. Moralité, on lui a fait une hospitalisation encore plus prudente pour être sûrs de ne RIEN se laisser passer, vu ses traits pour le moins… revendicateurs. J’ai aussi cru détecter un certain anti-féminisme chez elle, du genre assez basique : “j’aime pas les médecins femmes”. Intéressant… Enfin, ce matin, elle s’est plaint d’avoir mal dormi car un autre patient ailleurs toussait… Il a fallu lui exliquer qu’à l’hôpital, il y a aussi des gens très malades…

Transfert, contre-transfert. Je suis bien soulagée qu’on ait réussi à lui donner congé !