Le père du One Laptop per Child à 100$ en entrevue dans Wired. Malheureusement assez peu de réponses aux questions soulevées ici-même.

(Merde… ceci aurait du être une brêve… ben, trop tard :p)

L’administration Tremblay, fraichement réélue à la tête de la Ville de Montréal vient de faire un gros coup en annonçant refuser le prolongement de l’autoroute 25 de l’île de Montréal vers Laval, ville la banlieue nord.

Quelles raisons pour ce refus ? Les représentants de l’équipe Tremblay parlent du besoin de développer les transports en commun d’abord. Et quand on voit la nouvelle suivante sur le site du Devoir, on comprend pourquoi : La STM a besoin de 30 millions pour boucler son budget.

Sachant que le budget du prolongement de l’autoroute 25 peut théoriquement permettre la construction de deux trains de banlieue vers les banlieues nord-est on se dit qu’effectivement, il y a mieux à faire de ces centaines de millions.

En y regardant de plus près, on se dit que Montréal a surement ses raisons. Tremblay, c’est bien connu, est surtout intéressé par le développement économique de Montréal. Qu’aurait à gagner Montréal dans le pont de la 25 ? Pas grand choses en fait, au contraire même : ce pont risque surtout d’augmenter la circulation dans Montréal où les artères sont déjà pleines à ras-bord.

Par ailleurs, je pense que Tremblay a parfaitement conscience que malgré tout, de bons transports en commun son favorables à un bon équilibre économique, et il y a péril en la demeure sur le sujet.

Ensuite il y a un risque de voir des entreprises fuire les terrains coûteux de Montréal au profit d’une couronne Nord-Est désormais plus accessible ; c’est un peu de la domination de Montréal par rapport au reste de l’agglomération qui est jeu ! Montréal a peut-être plus à perdre qu’à gagner là-dedans.

Enfin, tandis que le gouvernement québécois est en train de redéfinir les finances attribuées aux municipalités, la ville de Montréal signifie clairement qu’elle peut faire chier si on ne lui donne pas satisfaction.

Bref, Tremblay a saisi la balle du BAPE mettant en cause la pertinence du projet pour se défendre face aux banlieues. Si les raisons sont possiblement économiques et stratégiques, les environnementalistes y trouvent également leur compte.

Reste à savoir si la mairie de Montréal peut tenir tête au gouvernement (car c’est lui l’instigateur du projet) et si les budgets prévus pour se projet pourront en partie être redirigés vers les transports en commun !

Sources :

Nicholas Negroponte du MIT Media Lab travaille depuis pas mal de temps sur la possibilité de produire un laptop à 100$. A priori, il a réussi son pari et va annoncer le produit à Tunis, à l’occasion de Sommet mondial sur la société de l’information.

À l’image du sommet en question, ce laptop a vocation à aider les pays en voie de développement à combler la fracture numérique.

Personnellement, je demeure sceptique.

Déjà, je ne peux m’empêcher de mettre mon chapeau environnemental et de me dire que ceci ne sera pas sans impact. Oui je sais, que sont quelques centaines de millions de laptop en plus (si les objectifs sont atteints) par rapport à tout ce qu’on balance dans la nature. C’est vrai. Mais il faut savoir que dans certains pays, la poubelle c’est la rue, et quand y en a trop, on brûle. Un laptop n’est pas une planche de bois.

Par ailleurs, même si cette machine sera uniquement accessible pour les ONG et gouvernements, ça poursuit la course au moins cher, à la multiplication des produits, etc. Et quand on produit est fait au plus bas prix, ça se fait souvent en passant par des produits ayant un impact environnemental supérieur (pourquoi : parce que ça prend des études couteuses pour baisser l’impact environnemental, parce que ça prend des produits souvent plus dispendieux, etc.)

Ensuite, se pose la question de l’impact “social” de telles machines. En gros, une outil est-il suffisant pour former celui qui l’utilise ? Dans des pays manquant cruellement de compétences, où l’encadrement sera clairement déficiant, ces machines arriveront-elles à faire évoluer des populations entières ou resteront-elles (les machines) dans un coin faute de personnes voulant/pour s’en servir ?

D’après les témoignages que j’ai, il n’est pas rare de voir des outils sensés aider, totalement unitilisés (les cas les plus flagrants étant les systèmes de traitement/d’accès à l’eau qui sont laissés en plan bien que presque prêt à fonctionner).

Des laptops peuvent-ils aider, ne serait-ce que dans une faible mesure, des populations avec un taux d’alphabétisation très limitée à répondre à des questions qui sont souvent de l’ordre de la survie ?

Cette fameuse fracture numérique mérite-t-elle d’être comblée rapidement d’ailleurs ? Quand on voit l’impact important (et pas toujours positif) d’Internet dans notre petit monde, il faut se demander quel en serait l’impact dans ces pays.

Ce souhait de les voir embarquer dans l’univers magique de virtuel reflète bien là une vision occidentale/capitaliste finalement : leur donner les outils pour se joindre au commerce mondial, seul espoir de s’en sortir.

Mais si la solution n’était pas dans le commerce avec nous ? S’ils avaient plus à gagner à essayer de produire pour eux avant d’essayer de vendre ? Les politiques “d’aide” conduites par les pays développés, l’intransigeance des contraintes fixées par le FMI ont toujours été guidées par cette même vision, et laissant derrière nombre d’échecs cuisants. Ne faudrait-il pas repenser la logique utilisée ?

Pour revenir au laptop à 100$, il ne faudrait pas prendre ceux à la base de ce projet pour des abrutis. Des personnes Nicholas Negroponte ont une feuille de route convaincante et le portable en question a visiblement été bien pensé pour répondre à sa difficile mission. J’espère que ça apportera un plus à ceux qui en profiteront mais je ne m’empêcher de voir dans cette machine le fruit d’une reflexion guidée par une logique qui n’est pas forcément adaptée.

L’une des bonnes décisions de l’année est d’avoir pris quelqu’un pour faire le ménage chez nous. À la fréquence d’une fois par mois (sachant qu’on ne fait rien entre les deux), certains maniaques trouveront surement que nous sommes des mal-propres mais nous manquons vraiment de temps (et de courage) pour le faire. Parfois je me dis que nous devenons vraiment des assisté de la vie mais bon…

Que du positif, si n’est pour notre chatton à vie qui semble à chaque fois plus terrorisé. Hier, l’animal n’a trouvé de meilleure cachette que derrière le réfrigérateur. Si vous ne connaissez pas notre chez nous, le frigo est encasté entre 2 comptoirs ; c’est donc un très bon endroit pour aller se coincer quand on est un chat et qu’on veut se suicider. Heureusement l’animal à réussi à s’en sortir seul… poussivement.

Cependant, je ne peux m’empêcher de me dire que la vie est assez ingrate. Voici une personne (notre aide ménagère) qui en 4 heures en fait plus que nous deux réunis pourrions faire en 2 jours. Il passe partout et le fait bien. Bref, il travaille visiblement dur pour une job assez fastidieuse. À coté de ça, je passe ma journée le cul posé sur mon siège, je passe plusieurs heures par jours sur Internet, comme à cet instant précis, tandis que je raconte ma vie ; en gros je ne risque pas une foulure du cerveau, et encore moins de m’éreinter physiquement, pourtant je gagne plus.

Comme on dit, y a pas de justice en ce bas monde. Je me demande si on devrait pas lui laisser plus quand il vient (Sachant que dans les faits on paie la coop dont il fait partie donc on ne laisse pas d’argent à proprement parler).

En attendant l’appartement est propre… pour quelques jours encore.

La semaine dernière fut rude pour moi sur le plan émotionnel.

En préambule, je dirais que la vie d’un externe (ou de façon plus extensive, d’un service hospitalié) est beaucoup rythmée par la personnalité du patron qui fait la semaine. Certains patrons sont des terreurs, des tyrans, qui vous vont passer des semaines d’enfer. Heureusement, la plupart sont de bonnes personnes, et de bons médecins, et tout se passe bien, avec une charge de travail plus ou moins lourde, plus ou moins de place à la pédagogie, des petites frustrations mais aussi des petites joies, etc. Évidemment, ce sont les “mauvais” patrons qui vous marquent le plus, et vous passez sous silence tous les autres qui vont ont impressionnés par l’étendue de leur savoir, de leurs compétences et de leur humanité. Je voulais juste leur rendre hommage avant de commencer.

Cette semaine-là, donc, nouveau patron qui nous a imposés à tous une tournée extensive qui s’est finalement étendue sur deux jours complets. Voyez-vous, il ne connaissait pas nos patients, et le fait que nous les connaissions tous fort bien depuis le temps ne l’a pas effleuré un instant. Et lorsque le médecin part enfin, à 17h, en se frottant les mains, satisfait d’avoir réformé la moitié des diagnostics posés par les autres patrons, les petits externes que nous sommes peuvent enfin commencer l’admission du nouveau patient qui leur a été attribué. Est-ce un manque de respect envers nous que d’avoir accaparé ainsi nos journées, nous empêchant de suivre nos anciens patients et d’admettre nos nouveaux à des heures honorables ? Je ne m’attarderai pas à cette question, laissant à la discrétion du lecteur le soin d’en juger par lui-même.

Ce lundi soir, je réalisai donc de 17h à 20h (temps records !) l’admission d’un patient qui avait certes de lourds antécédents médicaux, dont un cancer métastatique, mais qui n’était tout de même pas en phase terminale, loin s’en faut, menant sa petite vie encore relativement exempte de souffrances et autonome.

Malheureusement pour lui, ce patient a subi une malchance. Sous traitement anticoagulant, il a fait une chute, suite à laquelle un mal de tête intense s’est développé. Le couperet est tombé, c’était un hématome dans la tête. Le jour de l’admission, le patient tolérait bien la douleur et avait peu de symptômes reliés. On a décidé de s’abstenir d’intervenir vu son bon état. C’était un patient sympathique qui avait toute sa tête, avec qui j’ai pu faire un long questionnaire et examen physique. Il me faisait penser à mon grand-père. Lorsque je vais le voir à 7h30 le lendemain matin, je constate une dégradation importante des symptômes reliés au sang dans la tête, avec un patient maintenant confus et presque paralysé du côté gauche. Étant seule pour gérer la situation, je rappelle le neurochirurgien qui suggère de refaire un scan sur le champ.

Dans l’entre-temps se pointe un nouveau résident qui ne connaît ni moi ni le patient. Il se déclare “satisfait” de l’état du patient (après tout, il était “facilement éveillable” ce patient, et la paralysie n’était pas complète !), faisant fi de mon impression de détérioration importante (la veille ce patient n’était pas que “facilement éveillable”, il était aussi vif que vous et moi, et il pouvait serrer mes doigts dans ses mains pour m’empêcher de les enlever, bref, il n’était pas paralysé !). Ce blanc-bec de résident a donc pris la situation bien en main et a expliqué au neurochir que la dégradation n’était que “légère”.

Très bien, on décide donc de ne pas faire de drainage du sang dans la tête. Une intervention qui peut sonner bien effrayante mais qui est somme toute assez banale et courante. Vous comprendez bien que s’il n’en avait tenu qu’à moi, ce patient aurait été drainé sur-le-champ. C’est ce qui avait été convenu la veille, en cas de dégradation de son état !

Le résident, auréolé de son titre de “senior”, a donc expliqué tout ceci au patron à son arrivée. Comme les deux doigts de la main, ils étaient bien d’accord. En outre, le patron a demandé à ce qu’on enlève toute morphine au patient (qui entre-temps souffre d’un mal de tête vraiment intense), histoire de pouvoir bien faire l’examen neurologique. Il est même allé jusqu’à partir le soir sans represcrire de soulagement de la douleur, ce pour quoi les infirmières ont dû l’appeler pendant la soirée et dont il fut très mécontent. Connard.

Le lendemain matin à mon arrivée, le patient était souffrant de façon intolérable (la dose prescrite la veille au soir au téléphone par le patron étant bien insuffisante). Il ne demandait plus qu’une chose : qu’on soulage sa souffrance à tout prix. Si on prenait le temps de discuter avec lui, on comprenait cependant qu’il était d’accord pour le drainage en neurochir. Mais le patron, armé de ses gros sabots, est venu éclaircir avec lui la situation et a surtout retenu que le patient voulait être soulagé à tout prix, sans recevoir de soins extraordinaires. (Qui ne dirait pas ça s’il avait une collection de sang dans la tête sans anti-douleur depuis 24h ?) Cet entretien s’est fait lors de la tournée, avec tous les externes, pharmaciens, résidents présents. Ce fut une joute du plus mauvais goût où le patron usait d’arguments vicieux pour décourager le patient de se faire drainer (“mais pour vous drainer, ils vont devoir vous piquer encore, alors que vous en avez marre des piqûres, n’est-ce pas ?”).

À la fin de cet échange basé sur l’agressivité au moins passive, au cours duquel le patient a bien fait comprendre au patron qu’il ne l’aimait pas (!), les externes se regardaient horrifiés, avec l’impression que si ça avait été légal, le patron aurait arraché sauvagement tous les tubes et solutés du patient immédiatement.

L’équipe était loin d’être d’accord pour passer ce patient en soins de fin de vie. Une résidente a même dit, tout doucement, qu’on devrait au moins se mettre d’accord avant de régler le cas. Le patron n’a même pas senti la tension, pourtant peu subtile et palpable dans le groupe. Il a bêtement répondu “il n’y en a pas de problème, je vais écrire dans le dossier que le patient ne veut plus de traitement ni d’intervention et c’est tout”.

Le pire, c’est que c’est ma main qui a dû écrire toutes les instructions au dossier. Cesser les médicaments, les solutés, etc. Un des médicaments pour ce patient visait à régulariser un important problème digestif. Notre cher résident senior demande au patron si on doit laisser ce médicament. Le patron répond, en riant, que le patient n’est quand même pas obligé de “mourir dans sa merde”, hahaha. Ce sur quoi le résident répond que le médicament en question vaut cher… Alors le patron répond qu’il a bien raison et qu’on va aussi le cesser.

Moralité, à pleine dose de morphine, sans manger ni boire ni recevoir de soluté, le patient a fini par s’éteindre, quelques jours plus tard. Après avoir été tourmenté par le pire médecin que je n’aie jamais vu. Un anti-modèle à l’état pur, qui ne me donnera jamais envie de devenir médecin interne, si l’idée avait jamais pu m’en effleurer l’esprit.

Le pire, c’est que je ne suis pas certaine à 100 % que cette séquence d’événements n’était pas la meilleure pour ce patient. Simplement, les choses auraient pu se passer autrement, en toute humanité, et je n’en serais sortie que moins traumatisée, à imaginer mon grand-père torturé à l’hôpital dans mes pires cauchemars.