Vous vous souvenez que les étudiants ont « gagné » leurs manifs du printemps dernier ? De façon toute relative bien sûr, puisque la coupe pour la dernière année scolaire écoulée demeure tant pis pour nous, et l’argent n’est pas entièrement remis l’an prochain non plus (seulement 70 sur 103 millions)…

Eh bien pour retrouver ses chères piastres, notre mouton insignifiant national a inventé une nouvelle crosse sur le dos des étudiants. Une crosse subtile et dégueulasse. Il a modifié les conditions d’attribution des prêts (et bourses) de façon à ce que les étudiants des banlieues « éloignées », qui avaient auparavant le « droit » d’être en appart (pour qu’il en soit tenu compte dans le calcul d’aide), n’aient plus ce droit.

Mais encore, s’il n’avait fait cela que dans l’avenir ! Non non, trop facile ! C’est une mesure ré-tro-spec-tive, qui implique que je dois maintenant 3000 $ au gouvernement ! À la limite (en théorie bien sûr ;), s’il l’avait dit avant, j’aurais pu prévoir de retourner vivre chez ma mère à Repentigny !

Mais maintenant que j’ai été en appart toute l’année comme les précédentes d’ailleurs, et que cet argent est dépensé, c’est particulièrement bas et sournois, comme procédé, vous ne pensez pas ?

Normalement, quand on joue un jeu de société, ce n’est pas correct de changer les règles en pleine partie. On crie au fourreur.

De retour à Paris avec mon gros sac pour le Sénégal, histoire de le poser pour être moins découragée la semaine suivante. Verdict : ce sac est beaucoup trop lourd et il va encore falloir l’alléger !

Puis petite soirée avec le même couple d’amis que le vendredi soir précédent. La complicité et le plaisir d’être ensemble des étés 1999-2000 revient. Nous marchons un peu dans leur quartier qui n’est pas peu agréable : le Sentier, la rue Montorgueil… Je ne connaissais pas vraiment et je suis tombée sous le charme. Délicieux repas dans une crêperie ; les crêpes vont finir par devenir mon classique de passage en France !

Le lendemain, nous prenons notre courage à deux mains, direction le château de Versailles, la fameuse attraction de la région parisienne qui manquait toujours à mon carnet de visites. De l’extérieur, ce n’est pas du tout le plus charmant des châteaux en France, carré, plein d’échafaudages (ah bon, au temps des rois les échafauds n’y étaient pas ?). Mais l’intérieur est bien sûr impressionnant, immense, richement décoré dans le plus minutieux détail, les moulures, les peintures, les tentures… De belles œuvres d’art partout, peintures et statues. Voilà mon désir de voir des jolies choses classiques amplement assouvi ! En réalité, j’ai préféré la partie « jardins » à la partie « château », pour le plaisir d’être dehors par ce temps chaudement magnifique, et aussi parce qu’on y trouve moins de monde. Et des jardins français, ça vaut tout de même le détour tellement c’est parfaitement entretenu ! Seule ombre au tableau, vraiment, les fontaines qui ne fonctionnaient pas tout le temps, mais seulement pendant le « spectacle » sur fond musical classique (dans des haut-parleurs…). Une façon de faire payer davantage les gens sur un concept un peu excessif et arnaqueur… Car le coup d’œil sur jardin sans fontaine était tout de même bien décevant, et on ne peut pas dire que les fontaines aient fonctionné assez longtemps à mon goût, puisqu’elles représentent à mon sens clou de la visite !

En soirée, tagliatelles carbonara maison cuisinées par le maître de maison, on sent la maîtrise, c’était délicieux. Nous avions invité une amie de ma classe de Terminale qu’il m’a fait grand plaisir de revoir ! Nous en avons profité pour parler de plusieurs aspects de la médecine en France et ailleurs, et en particulier à Paris. J’ai été surprise de constater la cohue dont il s’agit à Paris, au point de ne plus comprendre de quoi se plaignent les immigrants français au Québec, au moins les Parisiens d’origine… Car ça ne semble pas vraiment pire au Québec que chez eux, bien que sur des aspects différent !

Dimanche, nos pieds meurtris refusent de nous porter plus loin qu’au parc André Citroën, où nous découvrons avec émerveillement le jeux d’eau, les enfants en maillot partout… Une vraie ambiance de plage en pleine ville ! Et les jardins sont magnifiques, de la lavande, des lys, des bambous et des tas d’autres trucs agencés avec goût. Beaucoup de soleil sur nos têtes, nous nous tenons à l’ombre et partageons l’après-midi avec mon autre amie de terminale. La boucle est bouclée, je vais avoir réussi un tour de maître en réussissant à revoir tous mes amis ! Heureusement que je ne comptais pas sur mon petit passage en août avant de rentrer à Montréal, car pour le coup, ils seront tous en vadrouille et il n’y aura presque plus personne !

Coup de tonnerre dans l’internet français ce matin : le gestionnaire de domaine Gandi serait en vente.

L’affaire semble plutôt trouble, mais si la vente venaità se conclure, ce serait un autre coup dur avec l’éventuel passage des brevets logiciels.

Mais ce n’est pas fait et une pétition neokraftienne se répand déjà à la vitesse de l’éclair… en espérant que ça fera réfléchir les actionnaires à l’importance de Gandi avec sa vision actuelle.

La question des brevets logiciels a récemment refait surface. Je m’y suis assez peu intéressé dernièrement car je ne peux avoir un grand impact, donc je me limite à suivre de loin et signer quelques pétitions. Je m’étonne de voir le sujet aussi peu abordé in the blogobulle, a contrario de nombreux sites open source qui ont changé leurs couleurs pour l’occasion.

Bref, comme me l’a rappelé un courriel, la décision définitive devrait être prise dans la seconde semaine de Juillet. La conséquence probable : la mise en place de brevet sur les logiciels et les méthodes serait très négative sur les projets Open Source puisque ces derniers pourraient être poursuivis pour avoir copié, même en étant les créateurs initiaux mais n’ayant pas eu les finances pour acheter un brevet, et encore moins pour le défendre devant les tribunaux (il est reconnu que défendre un brevet coute une petite fortune.)

Si les brevets sont utiles dans une certaine mesure pour s’assurer que les entreprises peuvent retirer des bénéfices de leurs investissements, la présente loi sur les brevets entre en conflit direct avec la liberté individuelle, liberté qui consiste à développer pour soi et la “communauté”. Je m’étonne de ne pas voir les braillards nonistes de la constitution européenne ne pas se réveiller sur sujet puisque c’est un très bon sujet pour justifier le non ; les brevets européens sont une démonstration de la prévalence de l’entreprise sur l’individu dans la vision dominante.

Que faire ? Première chose, signer la pétition en ligne, ensuite, faire certaines des actions proposées ici.

Il y a quelque temps, à Montréal, on était allés dans un bar rue St-Denis avec Hoedic et des amis à moi. Ce fut une drôle de soirée, bruyante, et au cours de laquelle des gens très ivres se tenaient à la table à côté. L’un d’eux n’arrêtait pas de se lever et forcément de tomber littéralement sur l’un ou l’autre de mes amis. Un autre des convives de cette table avait l’air… « endormi » et ce, dès notre arrivée. Le temps passait, on discutait, et le gars dormait toujours. Ses amis avaient l’air de trouver ça très drôle et de s’en ficher. Est venu un moment où on a commencé à évoquer la possibilité d’un coma éthylique devant l’absence de réactions du dormeur. Je me trouvais alors en groupe avec deux autres étudiantes en médecine, dont l’une a un père qui est juge. J’ai rappelé tout haut qu’on nous a enseigné que nous sommes des « intervenants désignés » et que cela signifie que nous sommes tenus de venir en aide dans les situations qui peuvent se présenter à nous dans la vie de tous les jours. La jurisprudence fait que nous pouvons être poursuivis pour abstention, ainsi que notre Faculté. Mon amie argumente que selon son père, ce qu’on nous a montré ne tient pas et qu’on ne peut obliger un étudiant à rien.

En réalité, la question n’était pas là. La question était d’intervenir pour aider quelqu’un dans le besoin, qu’on soit obligé ou pas. Mais comme j’étais en groupe, que les autres ne semblaient pas disposés à lever le petit doigt, mon sens des responsabilités s’en est trouvé tout dilué, et je n’ai rien oser faire non plus. Je trouve que j’aurais pourtant dû…