Le lendemain matin, je me rends sur mon nouveau lieu de stage, pour commencer ce qui se trouve être mon tout premier stage. Les gens les plus proches de moi (autres externes et internes) ne me semblent que moyennement sympas et très peu aidants pour les tâches à accomplir. Je m’ennuie toute la journée, suivant les autres, totalement inutile, ne comprenant rien aux acronymes et abréviations et ne connaissant pas les noms des médicaments français, ce qui me fait souvent paraître très bête. L’interne n’est malheureusement pas très pédagogue et ne m’explique rien de ce qui est fait, de ce qui se passe, et le médecin du jour n’est guère mieux. J’observe l’externe au travail et son rôle principal semble se résumer à gérer les dossiers et la paperasse, envoyer des fax, etc. Je me dis que tout compte fait, la réalité est très proche de ce que j’avais pu imaginer. Il y a même ce médecin qui vient nous faire un laïus sur le fait que la médecine se dégrade de nos jours, qu’on nivelle par le bas, qu’il n’y a plus assez de cours théoriques, etc, Je n’aurais pu imaginer situation plus stéréotypée.

Mon parcours est toujours semé d’embûches…

En achetant mon laissez-passer de juin pour le métro (qui nécessitait carrément de créer une carte d’abonnement avec photo - je ne m’en sors jamais sans passer dans un Photomaton quand je suis en France !), je décide de passer à la gare pour retirer mes billets de TGV du lendemain, car je prévois aller passer la soirée à Paris : c’est Paris Carnet ! Après deux tentatives sur la machine automatique censée être si rapide et pratique, je me rends à l’évidence que pour moi, ça ne marche pas, et me résous à faire la longue file d’attente pour récupérer mes billets…

Paris Carnet, mercredi 1er juin

J’apprends que c’est la grève à la SNCF, mais il semblerait que mes trains ne soient pas touchés (aller à 17h30, retour à 7h le lendemain matin). Je maintiens donc mon escapade. La liaison entre Lille et Paris ne prend qu’une heure, ce qui devrait être un vrai charme ! Trop facile… À 10 min de l’arrivée, le train s’immobilise sur la voie, où il restera… une bonne heure et demie, pour cause d’incendie sur les voies en aval. Même pas sûre de pouvoir être dédommagée !

En sortant du train, j’essaie de me dépêcher pour me rendre à Paris Carnet. J’aurais aimé passer à mon ancien lycée, tout près de là, mais je me trouve serrée en temps maintenant. Je me bute tout d’abord à une longue queue pour acheter des billets de métro (celui de Paris s’est lui aussi beaucoup automatisé, semble-t-il…). Je glisse le billet que je viens d’acheter dans la fente et… voilà qu’il ne fonctionne pas ! La machine me le rend composté, mais sans me déverrouiller la barrière. Du jamais vu ! Ça marche d’habitude des billets de métro tout neufs, zut à la fin. La préposée peut heureusement m’ouvrir la barrière manuellement… Mais il s’avérera que le lendemain matin, de Neuilly, dans une station dénuée de tout préposé, un autre de mes billets fraîchement achetés ne fonctionne pas de la même manière ! Je m’en sors de peu.

Heureusement, Paris Carnet a été une soirée fantastique. J’y ai rencontré des gens que je lis depuis fort longtemps, dont certains venant d’aussi loin que moi ou ne se déplaçant généralement pas pour l’événement. Quel bonheur de rencontrer enfin Veuve Tarquine, Racontars, Lisbeï, affleurements, merriadoc, Lithium, Pas folle et Lulu dans une même soirée. C’était aussi plaisant et rassurant de revoir quelques visages connus et appréciés comme Karl, Yves et Laurent (mon hôte). L’ambiance était vraiment super et je suis enchantée d’avoir fait le détour.

Après une très courte nuit de seulement 3h, me revoilà dans le train vers Lille et directement de retour à l’hôpital. La journée allait être mouvementée. Un bébé du service est décédé pendant la nuit après s’être dégradé de façon aussi subite qu’imprévisible : maladie cardiaque congénitale + fièvre d’origine inexpliquée (finalement sûrement centrale suite à un ACV d’origine cardiaque) + CIVD (coagulation intravasculaire disséminée). Il faut expliquer ce qui s’est passé aux parents… Coup dur et journée de tristesse.

J’ai aussi fait mes premières admissions à l’hôpital le même jour. Tout commence à s’éclairer et à devenir plus intéressant ; je prends mes aises et comprend de mieux en mieux ce qui se passe. C’est un service passionnant, mais souvent très dur : les nourrissons sont si vulnérables, si petits, si cyanosés, et ils ont tant de mal à respirer. Il ne sont pas prématurés, mais ils ont souvent la trisomie 21 et presque tous n’arrivent pas à grandir et se développer, hypothéqués qu’ils sont par la maladie. Voilà donc ce qu’est la fameuse « failure to thrive » des bouquins, dans la vraie vie…

Tremblement de terre au Québec : la cour suprême du Canada vient d’autoriser des québécois à souscrire des assurances privées pour couvrir les frais de santé encouru dans le privé, chose qui jusqu’à présent était interdite ! (ça fait très communiste comme interdiction).

En effet, jusqu’à présent tous les soins médicaux devaient être fait dans le public et remboursés par le système public. Mais voilà, le service public québécois croule sous la demande : quasi-impossibilité de trouver un médecin de famille, de plusieurs mois à une année pour avoir accès à certains examens de base ; la situation est assez catastrophique et la cour suprême a jugé que cet état de fait aller contre les droits constitutionnels québécois d’être en santé et a donc autorisé ceux qui le pouvaient à court-circuiter ce système.

Cris d’horreur, panique générale, on va avoir un système à deux vitesses, les riches vivront jusqu’à 150 ans, les pauvres jusqu’à 40… au mieux. Même les medias semblent contre. Tout le monde voit arriver à grand pas un système à l’américaine… ce qui n’est visiblement pas la bonne solution puisque leur système de santé est dans état lamentable.

Voici quelques faits concernant la situation actuelle et les solutions mises de l’avant depuis quelques jours :

  • D'un coté il existe un manque criant de personnel, beaucoup moins de médecin qu'en France par exemple. Par ailleurs, ce personnel est limité en nombre d'acte par la [RAMQ](http://www.ramq.gouv.qc.ca/) pour éviter les dépassements de budget (les fameux budgets à déficit zéro dont tout le monde est si fier, mais il faut voir à quel prix !) Il faut donc trouver un moyen de permettre aux médecins d'effectuer le nombre d'intervention qu'ils souhaitent sans trop pénaliser l'équilibre budgétaire. Dans ces conditions, des pratiques mixtes publique/privée pourrait aider.
  • Ensuite, il est impératif de mieux organiser certains aspects organisationnels. Par exemple, les urgences reçoivent autant des attaques cardiaques qu'une cheville foulée. Même si les urgentistes sont devenus très forts pour faire un tri rapide, il n'en reste pas moins qu'il faudrait canaliser les flux.
  • Consulter ne coute rien ici, mais rien du tout, on ne sort même pas son porte-feuille (assez étonnant la première fois). Moralité, certains qui ont des médecins traitant consultent pour un oui ou pour un non tandis que d'autre n'arrivent pas à avoir de médecin traitant. La mise en place d'un ticket modérateur dans ces conditions pourrait aider. Ce ticket pourrait être remboursé par des assurances privées pour la majorité, par le gouvernement pour ceux qui ne peuvent en souscrire.
  • Le gouvernement doit encadrer les pratiques pour assurer que le public demeure présent en obligeant à faire un certain nombre d'heures dans ce domaine (c'est déjà le cas de toutes manières). Il faut également fixer des marges au niveau des assurances privées. Si le système français est très déficitaire, certaines idées sont bonnes comme permettre aux spécialistes du public d'accueillir des patients "privés" dans leur locaux à certaines heures, voir d'utiliser le matériel, là encore sous certaines conditions.
  • Il faut également faire face à une importante opposition idéologique : les partenariats public-privés (PPP) sont très mal vus, notamment parce qu'ils sont à la racine de plusieurs problèmes comme le délabrement du système éducatif public primaire et secondaire. Les médecins et toute personne en appelant au privé est immédiatement taxée du vouloir faire de l'argent sur le dos du monde.</ul> Pour moi, l'entrée du privé est une chose acceptable et qui pourrait aider à sortir de la crise actuelle. Bien entendu, ça doit être encadré de très près et petit à petit pour s'assurer que chaque nouvelle mesure rencontre bien les objectifs.

Chose promise, chose due, voici deux photos de nos hyménoptères vespoidea formicidae préférés. Ceci dit c’est sympa en livre, mais en chair et en os pattes, c’est moins drôle !

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Flying Antz

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Entre le mur et le fridge

Ceci dit, le proprio a finalement accepté de faire appel à un exterminateur professionnel et non à son gars à tout faire qui vient parsemer l’appart de vaporisant totalement inefficace pour aller chercher les fourmis dans les murs du bâtiment.

À noter que 30°C au réveil (certes à 11h), moi je peux pas non plus…

Le voyage s’est déroulé comme sur des roulettes, mis à part le fait que je n’ai pas fermé l’œil de la nuit et que j’avais le cœur serré de ce grand départ… Le ciel était beau et je l’ai mitraillé.

Arrivée à Paris, lundi 30 mai, lendemain de référendum

En sortant de l’avion, j’ai décidé de tromper l’attente en allant retirer des euros d’un distributeur à l’aide de ma carte de guichet associée au réseau Cirrus. Je jette donc mon dévolu sur la première machine venue. Normalement, c’est la façon la plus pratique, la moins coûteuse et la plus sûre d’obtenir des euros… Mais là, la machine refuse obstinément de gober ma carte. Petit moment de panique : ça ne fonctionnerait plus maintenant ?! Heureusement, quelques dizaines de mètres plus loin, je réessaie sur une autre machine et celle-là fonctionne bien. C’est un grand classique avec moi, les distributeurs (à fric, à timbres…) en panne ! J’avais oublié ce que ça faisait !

Puis, chargée comme un mulet, je descends sur le quai de gare, remarquant qu’on y trouve de nombreux composteurs. Évidemment, une fois en bas, aucun composteur ne fonctionnait et il fallu remonter avec tous les bagages…

Arrivée à Lille

En arrivant, je suis accueillie par deux Lillois Remédiens bien sympas, mais qui s’amusent à mes dépens en parlant le ch’ti pendant tout l’après-midi. Je suis épuisée du voyage, ce qui me rend toujours zombie, et je suis lourdement chargée. Après un bon repas de crêpes bretonnes, on m’emmène en voiture jusqu’à la résidence, où j’ai le plaisir de constater (sous le crachin de pluie) que la porte est verrouillée et qu’il n’y a personne ni pour ouvrir, ni pour me donner la clé de la chambre ! Après différents téléphones et autres démarches adminstratives, je finis par avoir la clé, un peu dépitée mais pas trop encore ! La résidence et la chambre sont propres, mais je déchante assez vite : il manque certains outils pratiques plutôt essentiels, comme des couverts, des casseroles, des poêlons… Il n’y a rien de tout ça d’inclus, la mauvaise blague ! Et on ne trouve pas non plus de lieux de vie commune genre salon avec fauteuils et télé, ce que je me permets de déplorer.

Tout se met à déconner

Le soir même, je décide d’aller faire les courses à pied vers la direction vague que l’on m’a indiquée. Le Carrefour qui se trouve au bout de 20 minutes de marches est vraiment immense. Bon je sais, d’habitude on se réjouit des trucs immenses, mais j’étais crevée et j’avais le cœur serré, je me suis plutôt sentie envahie par le découragement devant tant de rayons. Il a fallu beaucoup de temps pour trouver ne serait-ce que quelques produits élémentaires, parsemés ici et là partout dans le magasin, bien cachés parmi les trucs plus sophistiqués dont je ne voulais point. Je reviendrai finalement le lendemain, mais petits bras ayant une portée limitée.

Au retour, je suis évidemment fourbue. Je descends dans le métro pour tenter d’acheter des tickets pour la fin du mois de mai et une carte pour tout le mois de juin. Surprise, le métro de Lille est entièrement automatisé, ce qui est normalement une raison de se réjouir… Non seulement les wagons le sont (pas de chauffeur à l’avant), mais il n’y a personne non plus pour me vendre des billets. Je me retrouve donc à me battre avec une machine qui refuse définitivement de me donner une carte de métro. Zut alors ! Le fin mot de l’histoire était que la machine n’accepte jamais qu’un seul billet (de 5 à 20 euros), qu’il faut ensuite compléter en monnaie. Comme la passe coûte 40 euros, je vous laisse deviner la source de mes difficultés ! J’ai fini par régler ce problème deux jours plus tard en me rendant à la seule et unique station de la ville où des humains peuvent nous servir et répondre à nos questions…

Je reviens dans ma chambre toute triste d’être si seule, si perdue et si découragée. Je n’ai qu’une seule envie, m’isoler, voire repartir aussitôt ! (Oui j’ai toujours les débuts difficiles moi ;))

En pleine nuit, le décalage et/ou l’anxiété me réveillent aux aurores, ce qui me permet d’appeler Hoedic. Revigorant.

Chose certaine, ma vie est une course parsemée d’obstacles… Une vraie poésie !

Récemment, la quasi-absence des fourmis dans notre cuisine m’avait amené à me dire que finalement il n’était peut-être pas nécessaire de faire appel à un exterminateur.

Bien mal m’en a pris ; depuis 2 jours, c’est l’invasion à intervalle régulier. Une à deux fois par jour, plusieurs dizaines de fourmis volantes sortent de sous le réfrigérateur, accompagnées d’un grouillant tapis d’ouvrières. Une invasion.

Pour information, les fourmis volantes sont les fourmis sexuées, le femelles cherchant un lieu pour démarrer une nouvelle fourmilière après avoir été tronchées par un mâle. Inutile de dire que si j’ai abandonné de tuer les ouvrières, j’écrase (Pas de produits parce que mes chats sont cons et ça pourrait être nocif pour eux) de manière vengeresse tout ce qui a des ailes… une seule fourmilière dans l’appartement me suffit.

Le proprio a finalement accepté de faire venir un exterminateur. J’ai initialement demandé à ce que ce soit fait pendant que je serai en France (ai-je dit que je partant en France à la fin du mois ?) mais quand la moitié de la fourmilière sort pour accompagner l’envol des futures reines, c’est vraiment insupportable au point que je vais surement faire devancer l’extermination.

Pas de photo pour le moment, mais ça va venir. En fait j’ai pris plusieurs clichés assez éloquants mais je ne peux plus relever mes photos : durant la semaine passée j’ai fait un clone de mon disque dur vers un plus grand tout en faisant une upgrade de mon Linux. D’abord ça a pris du temps, rendant mon PC vaguement inaccessible et ça a cassé quelques trucs comme le lien avec mon appareil photo.