Depuis le début de ma préparation pour le Sénégal, j’avais surtout eu l’occasion d’avoir des commentaires et conseils venant de gars qui sont allés là-bas.

Le problème d’un gars, c’est que ça ne vit pas ce genre d’expérience de la même façon qu’une fille. À chacune de mes questions, ils répondent toujours de ne pas m’en faire, qu’il n’y a rien là, que tout est parfait, etc. Pas besoin de filtrer l’eau, ni de ci ni de ça ni de rien. Des vêtements ? 2 t-shirts et 2 pantalons suffisent. Etc. Du coup, tant de nonchalance ne contribuait pas réellement à me rassurer mais seulement à me montrer que je n’étais pas sur la même longueur d’onde que mon interlocuteur.

Sans compter que l’expérience humaine que l’on vit en tant qu’homme blanc au Sénégal n’est pas la même qu’en tant que femme. Pour la simple et bonne raison que les rapports hommes/femmes y sont particuliers et différents d’ici.

Le week-end dernier, j’ai eu la chance de pouvoir échanger avec la copine de Raoul, qui m’a entre autres fait part des sentiments de jalousie ressentis par les femmes Sénégalaises envers les Occidentales. Une jalousie qu’elle trouvait pesante et ressentait constamment. (Et elle filtrait son eau aussi d’ailleurs…)

Dimanche soir, à la formation, nous avions un coopérant de l’été dernier pour nous parler de son voyage (encore un gars !), mais comme il était parti avec sa copine, il a pu nous parler un peu des difficultés qu’elle a vécu là-bas. Par exemple, une certaine moquerie de la part des autres femmes devant son “incompétence ménagère”, parfois difficile à vivre. Et aussi, parfois, des hommes qui s’adressaient à elle sur un ton tout à fait autoritaire (et humiliant, dans notre référentiel) pour lui ordonner d’effectuer certaines tâches.

Je suis contente d’avoir enfin des points de vue de femmes sur cette expérience qui m’attend. Ça me semble moins loin de MA réalité. Et ça me permet de me préparer psychologiquement aux difficultés qui m’attendent.

Un tétraplégique souhaitant se faire euthanasier, voilà un sujet a priori peu attirant pour un film. C’est pourtant ce dont traite Mar adentro (Mer intérieure), tiré d’une histoire réelle, que nous sommes allé voir samedi dernier.

Comme le laisse supposer le titre, c’est un film espagnol. Les acteurs nous sont donc totalement inconnus (Quoiqu’en fait l’acteur principal a joué dans Collateral par exemple), ce qui ne les empêche pas de jouer magnifiquement bien.

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Mer Intérieure

Ce film me touche d’autant plus que cette personne s’est rendue tétraplégique par un accident stupide qui m’est arrivé. Mon cou a également plié plus qu’il n’aurait du, mais j’ai la chance de m’en sortir avec seulement une bosse sur le front qui me suivra toute ma vie pour me rappeler de ce jour-là.

Malgré le sujet dramatique, ce film n’est pas morbide mais amène à s’interroger un sujet régulièrement abordé dernièrement, notamment en France avec le cas très médiatisé de Vincent Humbert. Million Dollar Baby, traitant du même sujet, et qui fut multi-primé aux Oscars, a soulevé un tollé dans les milieux conservateurs américains. Pourtant, dans un cas comme dans l’autre, la question mérite d’être posée et relater la vie et la mort par euthanasie ne revient pas à dire que la vie des handicapés vaut moins que les autres.

Personnellement, j’ai beaucoup de mal dans le fait de vouloir se mourir. C’est facile à dire quand on est bonne santé physique, mais la volonté de suicide ne s’arrête pas aux malades incurables. Possiblement que toute personne déprimée s’évoque cette éventualité. Pourtant, même au plus bas, je n’ai jamais pu envisager cette solution sérieusement tant j’ai toujours cru que rien n’est désespéré et que la vie peut toujours apporter d’agréables moments. Bref, je ne me vois pas me résoudre à abandonner la vie.

Pourtant, en entendant les arguments de cet homme, totalement dépendant d’une famille humble, on ne peut refuser définitivement l’euthanasie. Quelle est la limite à une telle pratique ? N’importe qui peut-il le demander ? Ce sont des questions d’application qui engendrent surement les plus grandes difficiltés dans un éventuel processus de légalisation.

Ce film impose également de se demander quel est notre rapport à la mort. Dernièrement je parlais de ma psychothérapie, et je dois bien dire que cette dernière a également changé ma façon de percevoir la mort. Aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours eu peur de la mort, au point d’en être obsédé. Possiblement parce que j’ai toujours été intimement persuadé qu’au moment où le coeur cesse de battre, le cerveau de fonctionner, notre corps devient une masse inerte avec lequel disparait ce que certains appellent l’âme. Tout ce que j’ai pu lire depuis que je suis convaincu de ce fait n’a fait que me conforter. Point de transcendance par conséquent, la vie s’arrête là, abruptement, et tout ce que chacun a accumulé en lui disparait avec. Je pense que c’est cette angoisse d’une fin inéluctable, de cesser d’être qui m’a poursuivi longtemps. Le spectre de la douleur est également très présent dans cette peur.

Comment cette thérapie a changé ma vision ? Je suis bien incapable de le dire, seulement je suis capable d’envisager ça comme un état de fait, aussi terrible soit-il et qu’il ne faut pas s’empêcher de vivre pour ça, ni passer des heures à se lamenter sur le sujet, bien au contraire. La peur n’a pas totalement disparu, ce serait même inquiétant, mais l’angoisse est moins présente et pour tout dire, ça soulage.

Ma dernière semaine de relâche se termine déjà, et je ne crois même pas qu’elle sera suivie sous peu par une grève de ma Faculté (pas très solidaire) pour les prêts et bourses…

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Bob et crapaud

Alors j’ai choisi de vous faire un résumé en roman-photos :)

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Simba et Fripon, les chats de ma mère

Je suis donc allée chez ma mère où j’en ai profité pour aller à divers rendez-vous de façon concentrée (optométriste, dentiste…). Mon frère avait aussi beaucoup de choses à me dire, comme ça faisait plusieurs semaines que je n’y étais pas allée.

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Patinage au bord du fleuve

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Le Collège de L'Assomption

J’en ai profité pour l’accompagner à la clinique externe de psychiatrie, puisqu’il se cherche maintenant une thérapie de groupe pour la phobie sociale. On a un peu halluciné devant la complexité des procédures à remplir pour entrer dans le système ! De quoi décourager n’importe qui.

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Balade au centre-ville

À mon retour, je suis allée à la clinique santé-voyages de St-Luc pour recevoir divers vaccins (un dans chaque bras et cuisse !) pour le Sénégal. J’ai opté pour une prophylaxie contre la malaria à la Malarone, la Lariam et la doxycycline ne me tenant pas plus que ça.

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Hôpital St-Luc

Et puis j’ai aussi pris quelques photos, au passage !

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Union française

Surprise dans le courrier récemment : une petit lettre d’amour de Google qui me paie pour n’avoir rien fait sauf mis des petites pubs sur un de mes sites (j’en ai aussi mis ainsi que sur les articles ayant plus d’un mois sur le blog mais ça rapport rien du tout en fait.)

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Entre 100 et 200$US en 6 mois

Bon, ok, c’est pas avec ça que je m’acheter le tablet PC convertible de mes rêves (est-ce si utile d’ailleurs ?), mais par exemple ça me paierait presque mon disque dur, mon boitier externe et mon graveur de DVD achetés récemment. Pas si mal quand même.

Mais en fait ça va surtout être remis à une oeuvre de charité non sans avoir prélevé une petite partie pour amortir les frais de fonctionnement du site (hébergement et nom de domaine).

Depuis que j’ai commencé une psychothérapie en septembre dernier, je voulais en causer, mais à chaque fois j’oubliais ou manquais de motivation. Maintenant que cette thérapie tire à sa fin, faut bien que je me décide, sinon ce sera définitivement relégué aux oubliettes !

D’abord pourquoi avoir commencé ? Durant le printemps et l’été, j’étais un peu beaucoup au fond du trou : pas de boulot et une inscription en master à Polytechnique qui m’assurait une vie d’étudiant, donc de pauvre, pendant encore une année et demie sans pour autant régler mes problèmes d’office (mais y aidant possiblement).

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Zone rouge

Ce qui m’a décidé : depuis ma terminale, où ma prof de philo nous avait introduit aux différentes thérapies possibles, j’ai toujours été curieux sur ce sujet. Mais une première tentative au printemps s’était avérée assez peu fructueuse. À mon problème « j’arrive plus à me forcer à chercher un boulot», cette première psy m’avait répondu « ben force-toi ». Super !

À l’été j’ai pris rendez-vous avec mon médecin « de famille » pour lui parler de mon état. Elle m’a bien entendu mis sous anti-dépresseur et m’a parlé d’une médecin ayant suivi une formation en psycho et qui est très bien. Avantage notoire, étant médecin, ses consultations sont prises en charge par la sécu québécoise ce qui m’enlevait un gros poids. Un autre point qui a fini de me décider, en discutant avec mon médecin, le simple d’évoquer ma relation avec mon père (je ne sais plus pourquoi) m’a profondément attristé et donné envie de pleurer ; visiblement quelque chose de profond clochait.

Dès le premier rendez-vous, cette nouvelle thérapeute a fait preuve d’une capacité d’écoute et d’interaction amenant à prévoir des échanges constructifs. Adoptant une approche cognitivo-comportementale, nous avons approché autant les questions profondes comme mon enfance et notamment ma relation difficile (et maintenant terminée) avec mon père que les questions du moment, notamment ma procrastination et mon manque de motivation chronique.

L’avantage avec un bon thérapeute, c’est qu’il pose les questions qui changent le mode de pensée en boucle qu’on adopte naturellement et qui est renforcé en période de dépression. Ça fait qu’en sortant d’une heure de discussion, on ne peut souvent s’empêcher d’avoir un sourire en coin et de se dire « Mais alors, ça veut dire que… ».

Comme l’indique le nom de l’approche, c’est comportemental, donc ça vise à changer ses comportements quotidiens. Mais plutôt que de dire simplement « Si t’y arrive pas, fait-le » comme me disait la première personne que j’ai vu, celle-ci m’a donné des outils notamment pour faire de la restructuration. Cette restructuration tournait principalement autour de la recherche de ce qui cloche et de l’impact sur soi : événement, émotion, pensée automatique (La pensée automatique est un concept pas évident à définir, en gros c’est la première pensée qui sort quand arrive un événement, mais qui est centrale dans ce type de thérapie, puisque c’est le point d’entrée pour la suite)et sensation corporelle. À partir de là il faut se poser une série de question, qualifiées de socratiques (assez pompeux mais bon) qui peuvent se résumer en « Quelles sont raisons objectives qui m’amènent à penser ça ? », « Que dirais-je pour aider un ami dans cette situation ? » et « Au pire, quel serait l’impact ? »

Ça semble tout con, mais c’est extrêmement puissant comme démarche. Cependant, se décider à faire ça soi-même demain n’est pas un mince affaire. Il m’a fallu plusieurs mois pour apprendre à utiliser ces outils, c’est-à-dire à envisager mes émotions et me poser ces questions sous le bon angle. Généralement, on sent que ça fonctionne quand à la fin du processus, on se sent un peu soulager ou que quelque chose s’est produit. Le but n’est pas d’hyper-objectiver ou d’enfouir des choses graves (qui finiront par ressortir) mais de faire la part des choses. Ce que je raconte peut sembler étrange, c’est pourtant très efficace.

Autre intérêt : en commençant la thérapie, il était clairement établi qu’elle ne durerait que quelques mois (et non des années sans résultat comme on le voit parfois). J’ai commencé en septembre et y suis allé hebdomadairement jusqu’en janvier, ensuite toutes les deux semaines et maintenant il me reste juste un ou deux rendez-vous à un ou deux mois d’intervalle. Ça demeure donc assez léger. Quant à ceux pronant qu’il faut faire l’effort de payer son thérapeute pour que ça ai un effet, c’est bien évidemment une connerie puisque je n’ai pas sorti un sou.

Au résultat : Toute une série d’événements comme le début de ma maîtrise (très intéressante), les anti-dépresseurs puis plus récemment la demande en mariage, le futur déménagement et enfin l’obtention d’un emploi font que je me sens infiniment mieux. Malgré tous ces événements simultanés, je peux dire que cette thérapie m’a énormément aidé. Elle m’a notamment aidé à faire le choix de me laisser vivre un peu, ceci ayant pour conséquence de faire ma demande en mariage sans me soucier de notre absence de revenus. Je pense que ça me donne aussi des outils pour aborder les problèmes et mes émotions, globalement approcher la vie sous un autre angle.

Récemment une amie à nous a également commencé une thérapie et en fut radicalement changée, elle clamait que chacun devrait faire de même. J’aurais tendance à dire la même chose au bémol près qu’il faut vouloir le faire. Se forcer à le faire, ne pas être convaincu, me semble être un contexte difficile pour une réussite. Il ne faut pas non plus trop en attendre : chacun réagit différemment, tous les thérapeutes ne se valent pas, etc. Mais si ça vous attire, si vous sentez que ça pourrait vous aider, je vous invite à franchir le pas !