Demain le Sauveur posera peut-être pied sur la Terre. Il lèvera les bras au ciel pour remercier le Créateur puis Il nous montrera le chemin. Il guidera, non pas seulement l’Amérique, mais le Monde, vers plus de justice, de paix et moins d’inégalités. Il sera le Sauveur. Peut-être.

Ou alors Obama ne sera pas élu. Ou il sera élu mais ne sera pas le Sauveur. Simplement un président des U.S.A, comme bien d’autres.

Alors pourquoi le choix d’un président nous intéresse tant, avec un impact possiblement nul sur notre vie quotidienne ?

Par un besoin d’identification, par la nécessité d’avoir un guide? À défaut d’un Dieu présent, un président charismatique fera bien l’affaire!

Cet intérêt démontre surtout combien tout n’est pas perdu pour les U.S.A. Malgré les appels au “multi-polarisme” venant d’un peu partout dans le monde et sa réalisation tranquille à travers la baisse d’influence de l’Amérique et une montée en puissance d’autres puissances considérées plus ou moins bienveillantes… malgré les appels à l’ouverture disais-je, bien des populations attendent des États-Unis qu’ils soient une force dominante, un phare de la démocratie malgré tous ses biais.

Comment expliquer l’intérêt pour cette élection et pour ce candidat à la présidence sans lequel, croit-on, les U.S.A pourraient couler, s’enfermer sur eux, vivre simplement pour eux. Then what ? Quel impact sur un Français qui ne cesse de critiquer l’arrogance américaine ? Quelle différence pour un Berlinois qui est allé écouter Obama en juillet dernier mais qui ne verra surement aucune conséquence directe des choix d’un président américain, quel qu’il soit ?

Alors quoi qu’on en dise, 8 années Bush et bien d’autres péripéties n’ont pas tant que ça entamé le modèle U.S.A. Et finalement, ce n’est peut-être pas plus mal… Saloperie de z’Américains va !

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Yellowstone National Park -1998

Le Far West (Yellowstone National Park)

Vision du jour hier: une paire de nichons dépassant de la fenêtre ouverte d’une limousine en plein Montréal.

Je cyclais sur mon chemin du retour, rue Saint-Antoine, non loin de mon boulot. Comme souvent je me faufile entre des voitures attendant à un feu de signalisation près du Palais de Congrès. J’approche d’une immense limousine noire, en me demandant justement qui peut bien rouler là-dedans, lorsque je vois un bras me pointant par la fenêtre arrière, une voix féminine beuglant “Un cycliiiiiiste” et juste au moment où j’arrive à hauteur de la voiture, une paire de vrai faux nichons clairement siliconés sortent par la fenêtre.

Assez surréaliste. Possiblement était-ce des actrices Pr0n lâchées dans la nature, ce qui n’est pas très reluisant… Mais c’est toujours amusant à raconter.


L’autre vision de la journée, c’est le premier stationnement de Bixi que j’ai l’occasion de voir jusqu’ici. Juste en bas de mon boulot sur Saint-Jacques, devant des locaux de Stationnement Montréal qui commandite justement le projet.

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Bixi, rue Saint-Jacques

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Bixi, rue Saint-Jacques

Ça a souvent l’air tout rose, d’avoir un bébé. On dirait même que c’est un peu tabou de dire que c’est difficile, qu’on a du mal…

Il faudrait toujours afficher que tout va bien, que tout est parfait et que notre enfant est le meilleur et le plus gentil sur terre.

En plus, comme de nos jours les familles sont petites et dispersées, on a vite fait de n’avoir aucune expérience de vie avec les bébés, ce qu’ils sont réellement et comment on s’en occupe à longueur de journée, de semaine et de mois.

Ici, en tout cas, on a bien galéré.

Monsieur est toujours allaité et je suis devenue une encyclopédie des complications de l’allaitement sur pattes.

Outre le refus du sein en début de vie (et le très lent retour sur plusieurs semaines), il y a eu l’expérience du tire-lait, le muguet, les crevasses, les débuts de mastite avec fièvre à 39 degrés, le manque de production, la prise de suppléments galactogènes et de dompéridone, et maintenant la diète sans protéines ou presque (pas de produits laitiers, pas de poisson, pas de soya, pas de noix ni arachides, pas de légumineuses, etc.).

Plusieurs des difficultés liées à l’allaitement étaient en fait directement liées aux caractéristiques de notre intense bébé. Qui ne voulait pas se blottir et donc refusait initialement la mise en sein. Puis qui s’est mis à faire des marathons d’allaitement, buvant très souvent sur plusieurs semaines (je n’ai même pas vu passer les poussées de croissance).

Au-delà de l’allaitement, il y a ce bébé qui semble souvent mal dans sa peau… qui a besoin d’être rassuré énormément, mais qui est souvent inaccessible à nos interventions.

Un bébé aux besoins intenses, c’est un bébé qui veut être dans les bras tout le temps, à l’éveil comme au sommeil, mais qui en même temps n’aime pas se blottir. Qui a tendance à se raidir constamment, à se cambrer, à se jeter la tête vers l’arrière. Il faut le prendre face au monde, et être constamment en mouvement. Il ne tolère pas que l’on reste immobile ou que l’on s’assoit.

Il est à la fois hypertonique (le plus souvent raide comme une barre de fer) et hypersensible, devenant très vite hyperstimulé, agité. Il passe en un éclair de la bonne humeur à la crise.

Ce sont des bébés qui veulent téter très souvent, pour toutes sortes de raisons : manger, boire, mais aussi se réconforter, se désennuyer, etc. Il est impossible d’espacer leurs boires.

Ils ont des pleurs caractéristiques qui confèrent un caractère d’urgence impressionnant à leurs demandes.

Bref, c’est drainant. En gros, c’est un bébé qui trouve l’adaptation à notre monde difficile et inconfortable. Mais qui, heureusement, est doté d’un tempérament qui lui permet de demander ce dont il a besoin, pour petit à petit arriver à se sentir mieux.

Ce n’est pas une maladie, simplement une description. Mais ça dénote une intensité d’expérience qu’il faut vivre pour comprendre. Une sorte d’enfer sur terre, les premiers mois…

Ajoutez à cela des douleurs physiques réelles (liées au reflux, i.e. des brûlures d’estomac) avec de longues séances de tortillements et de hurlements…

Et vous comprenez qu’il faut un moment pour émerger de ça et s’en remettre un peu. À force de patience et de douceur…

On a tous au fond de nous
Des longs chemins de cailloux
Des pianos sur les épaules
Et des grosses larmes de saules
Des sentiers plus lumineux
Qui mênent aux matins heureux
Et cette force qui nous charrie
Dans les temps gris de la vie

  • Les Cowboys fringants

Chaque année je répète la même chose, chaque année le compteur s’incrémente. Il y a 6 ans je passais ma première nuit au Québec en tant que résident permanent. Maintenant je suis citoyen.

Même si je n’aurai surement pas l’occasion de beaucoup les voir, ça fait drôle de se dire que Laurent et bientôt Karl vivent dans la même ville.

«[En 1664], c'est Antoine de Brunel qui s'étonne du nombre prodigieux de *Gavachos* (c'est le sobriquet péjoratif qu'on donne aux Français) qui se trouvent à Madrid, 40 000 estime-t-il, qui "se déguisent en Espagnol et se prétendent Wallons, ou Comtois, ou Lorrains, pour cacher qu'ils sont Français et éviter d'être rossés comme tels.» Source: *Les structures du quotidien* de Fernand Braudel

À l’époque déjà, une si bonne réputation! Heureusement les Québécois ne sont pas très portés sur la rossée malgré le nombre élevé de Français ayant pris d’assaut la Belle Province.