C’est drôle, j’étais persuadée qu’il y aurait au moins quelqu’un pour me rabrouer avec mes histoires d’Afrique. Je vais m’en charger moi-même dans ce cas…

C’est vrai quoi, après tout, si on veut vraiment aider, pourquoi ne commence-t-on pas par chez soi ? Le quartier Côte-des-Neiges regorge sûrement de misère et de besoin d’aide. Pourtant, on ne peut vraiment pas dire que je me démarque par mon implication sociale, localement. À part bien sûr par mes études, qui sont tout de même indissociables de l’aide à son prochain…

Et là moi, je trouve le moyen de vouloir aller en Afrique dans un but “humanitaire”, de coopération. Alors qu’on dit souvent, justement, que c’est parfois avec les meilleures intentions qu’on nuit le plus à ce continent mal-aimé.

Comme le dit si bien Confucius : “Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson.”

Et moi qui veut me pointer là avec mes gros sabots pour essayer de pratiquer l’embryon de médecine que j’aurai péniblement acquis jusque-là, tout en continuant d’apprendre.

Je tenais simplement à préciser que si je veux le faire, c’est avant tout pour moi-même. Oui, l’idéalisme et l’altruisme y sont pour quelque chose, oui je vais dépenser beaucoup d’argent et donner gratuitement mon temps, oui je vais choper la malaria (quand on se fait bouffer par les moustiques comme moi, ça ne fait aucun doute). Mais rien ne dit que je serai le moindrement utile. Rien ne dit qu’en fait, je ne causerai pas plus de tort que de bien.

Par contre, assurément, je grandirai, et ce sera une expérience personnelle incroyablement enrichissante et fascinante de don de soi et d’ouverture totale à l’autre. Tout ce que j’offrirai ne manquera pas de m’apporter énormément en échange, sur un tout autre plan.

Pour paraphraser Émile Deschamps : “On est riche surtout de ce qu’on a donné.”

Découvrir l’Afrique, tout en mettant ma vie entre parenthèses, le temps de revenir aux choses essentielles, à la relation simple à l’autre.

Et ne dit-on pas qu’une fois qu’on est allé en Afrique, on porte ce continent en soi et qu’il nous change à jamais ?

Freedom defined is freedom denied. (The Illuminatus)

It is not the fall that kills you. it’s the sudden stop at the end. (D. Adams)

The faster you go, the shorter you are. (Einstein)

Ça y est, c’est certain, Paul Martin se fera élire le 28 juin. La déclaration de la date de l’élection amène aussi son lot de désagrément et notamment ces esties de moches d’affiches électorales qui apparaissent assez rapidement et sous peu seront présentes partout !

Image

C'est le printemps !

À date, le slogan du Bloc Québécois est surement le plus intéressant que j’ai vu : Un parti propre au Québec. Faut le lire à deux niveaux, un parti spécifique au Québec et un parti qui n’est pas sali par les scandales financiers comme le Parti Libéral (par ailleurs favori). Après, ça me semble ridicule d’avoir un parti provincial au niveau fédéral, mais quand on habite au Québec, faut s’y faire.

À coté de ça le slogan des conservateurs, C’est assez, votez (En fait, le slogan est C’est assez, votez Conservateurs, mais sur l’affiche le “Conservateurs” est d’une taille et police différente, ce qui fait qu’on ne le lit pas avec le nom du parti*), est assez minable. En tant qu’électeur (que je ne suis pas de toutes façons), je me sentirais un peu agressé. Ça me donne un peu l’impression que je ne vais jamais voter et qu’une voix grave venue du ciel m’interpelle en me disant qu’il est temps que je me bouge le cul et que j’aille voter.

Je n’arrive pas à me faire aux couleurs des partis ici. Les libéraux, plutôt à droite sont rouges alors que le Bloc Québécois, qui défend la tendance sociale du Québec, est bleu. En Europe, c’est plutôt bleu à droite et rouge/rose à gauche. Moi, ces grosses affiches rouges pour les Libéraux ça me donne l’impression que le parti communiste va finir à la tête du pays… mais comme le parti communiste n’existe pas ici, y a pas de risque, d’ailleurs y a-t-il ne serait-ce qu’une gauche ?

Image

Il pleut, il pleut et il pleut

Sinon, ça fait 4 jours qu’il fait moche et ça rend tout assez tristounet :(

Après une escapades aux pays des saucisses et des cochons de quelques semaines, nous voici de nouveau avec notre style habituel, fait d’un doux bleu et d’images reposantes (si vous avez encore du rose ou des hot dogs à l’écran, je vous conseille la touche F5).

Pour ceux qui seraient nostaliques du rose, vous pouvez aller faire un tour dans la rubrique squelette où les composantes du style saucisse sont en téléchargement pour 100€.

Entendu dans le métro :

“Ah là là, très chère, je ne sais pas si tu as vu, ils ont sorti un article hier, il paraît que le diabète prédispose à la maladie d’Alzheimer. Ha ha ha, qu’est-ce qu’il ne faut pas inventer ! Encore une idée de compagnie pharmaceutique pour faire vendre des médicaments contre le diabète. Je ne vois vraiment pas quel lien il pourrait y avoir entre ces deux maladies. Tiens, prends ma mère : elle a souffert d’Alzheimer, mais jamais du diabète, tu vois !” (Adaptation libre, de mémoire)

Etc. Avant d’en arriver là, les deux femmes, qui ne devaient pas très bien se connaître, ont pris le temps de se rappeler l’une l’autre ce qu’elles font. Alors je peux vous dire que la première travaille dans une compagnie pharmaceutique et fait de la génétique. La seconde a pour employeur l’association de la maladie d’Alzheimer ; je comprends qu’elle fait un boulot de paperasse, genre secrétaire.

C’était plus fort que moi, j’ai dû lever le nez de ma lecture du moment (Knock, de Jules Romain) pour leur vulgariser le lien qu’ils ont sûrement trouvé entre le diabète et l’Alzheimer. Ça me semble aussi évident que le nez dans le visage. Le diabète cause des problèmes aux micro-vaisseaux dans tout le corps. Il y a de ces micro-vaisseaux dans le cerveau également. Or, la mort de ces vaisseaux entraîne des petites zones d’ischémie et de nécrose. Pas des grosses, comme dans un ACV (infarctus), mais c’est le même principe. D’ailleurs, on savait déjà que le diabète prédispose à la démence d’origine vasculaire (logique), qui elle-même est souvent accompagnée d’Alzheimer - un peu comme tous les facteurs de risque cardiovasculaire (hypertension, problèmes de cholestérol ou de triglycérides trop élevés, athérosclérose…).

Bref, elles ont arrêté de médire sur le sujet et sur les intentions des chercheurs après mon petit discours.

La leçon que je retire de cet épisode de vie est que les gens ont vraiment un problème existentiel avec la médecine, peut-être même avec la science en général. Je ne sais pas trop ce que c’est, une méfiance, une paranoïa, une jalousie, des attentes irrationnelles, ça dépend des gens.

Moi qui ne comprenais pas le comportement de mon père et le pensait spécialement élaboré contre moi. Force est de constater que c’est un sentiment au contraire tout-à-fait général et généralisé.

J’ai l’impression d’entendre partout, à commencer par ma famille, des doléances contre la médecine. Outre mon père, spécialiste es “crier très fort contre les médecins”, ma grand-mère en rajoute régulièrement une couche également. Sur la péritonite non détectée de son frère, tout ça tout ça. À les entendre, tous les médecins sont des gros nuls assoiffés d’argent.

Faut-il rappeler que la maladie, ça arrive des fois, et même la mort parfois ? Qu’une maladie ne se présente pas toujours de la même manière ? La médecine, c’est aussi subjectif, c’est aussi de la chance et du nez. Parce que le médecin ne peut pas toujours devenir ce qui se cache derrière une présentation de symptômes atypique, surtout dans la bouche d’un patient aussi articulé que ceci : “Docteur, j’file pas, ça fait une secousse…” (si si, nos hôpitaux regorgent de ça). Que des fois, il y a des complications, aux maladies comme aux traitements, et que leur taux est même prévisible ? La vaccination n’est pas sûre à 100%, une opération ne l’est pas non plus.

La faute professionnelle, c’est de ne pas savoir ou de ne pas faire quelque chose qu’on aurait dû savoir ou faire de par notre rôle et dans les circonstances. Ce n’est pas la première complication venue, le premier résultat décevant, aussi tragiques et désolants soient-ils, qui constituent une faute.

Je ne demande pas à être adulée comme médecin, je sais que je ne le serai pas. On s’attend de moi à ce que je donne (gratuitement) un “service dû” et à ce que ça marche vite et sans douleur. On ne me remerciera pas les fois où je réussirai (puisque c’est le niveau basal attendu), à chaque fois que miraculeusement (car je n’ai pas fini de m’émerveiller, personnellement) la médecine sauvera une vie, un membre, évitera de la souffrance… Par contre, on me traînera dans la boue à la moindre faille. Sauf que la médecine n’est pas une science exacte, elle relève aussi de l’art. Et l’erreur est humaine - cela devrait s’appliquer aux médecins aussi, eux qui manquent tant de sommeil en plus. Dommage que les malades et leurs familles soient devenus tellement féroces. Ça rend la relation médecin-patient plus défensive, moins belle, alors qu’elle devrait être une alliance.

Le médecin est avec vous, pas contre vous.

Certes, la médecine n’a pas un taux de réussite de 100%. Certains de ses disciples sont meilleurs que d’autres, plus motivés ; d’autres sont plus cupides ou moins doués. Comme partout ailleurs, c’est la vie.

Certes, les médecins gagnent plus que les concierges dans le métro. Mais ils font des études de fous pour arriver où ils sont. Et je peux vour garantir comme il est malaisé de traverser lesdites études avec pour seule motivation des dollars dans les yeux. Pour endurer les privations de sommeil, la charge des responsabilités grandissante, la nécessité de savoir, de se rappeler, d’y penser, à tout moment et même quand ça n’en a pas l’air. Il faut aussi la vocation, être séduit, saoûlé par le fait d’aider les autres, par le maîtrise du geste, par la beauté du corps humain.

En tout cas…


C’est l’histoire d’un médecin bon et aimant avec ses patients. Il les suit depuis tout petits, prend toujours le temps qu’il faut avec eux, est respectueux, obtient un consentement libre et éclairé le cas échéant.

Il faut amputer un bras. Le médecin commet en salle d’opération la pire erreur qui soit : il se trompe de côté. Au réveil, il doit non seulement annoncer à la dame que le problème du bras malade n’est toujours pas résolu, mais qu’en plus, elle a perdu son bras sain.

Piteux, le médecin expose les faits à sa patiente. Il convient que la faute est impardonnable et irréparable, et lui propose même de l’orienter vers un bon avocat.

La dame de répondre : “Ben voyons docteur, vous avez toujours été mon médecin, vous avez toujours été compétent et bon avec moi, pourquoi est-ce que je vous poursuivrais maintenant ? Je ne ferais jamais ça. C’est une erreur, c’est tout, n’en parlons plus.”

Je précise que l’histoire est vraie.