Soudainement je me souviens pourquoi jeune je n’aimais pas les sports d’équipe : les gars ne savent pas jouer en équipe.

Depuis peu je joue au waterpolo. Ce soir, match de 30 minutes : gars contre filles (avec le prof du coté des filles, en gardien). Devinez quoi ? Ce sont les filles qui ont gagné bien qu’individuellement moins fortes. Un espion dans l’autre cours de la semaine m’a signalé qu’un même match avait donné le même résultat.

Ce n’est pas un hasard !

Le cliché au début du match était que le prof allait se faire mitrailler. La bonne blague. Le prof s’est effectivement fait mitrailler de tirs puissants mais lointains, imprécis avec des dizaines de personnes sur le chemin. À coté de ça les filles tiraient à 1 ou 2 mètres, seules devant le but.

Parce qu’un vrai gars, un mâle alpha, ça ne va quand même faire une passe, surtout pas à un mâle non-alpha, un loser. Non, l’Homme s’amène à distance de tir et shoote comme un bourrin… et le gardien l’arrête facilement trois fois sur quatre. Après s’être fait contrer, le Leader… que dis-je, les Leaders ne vont tout de même pas s’abaisser à se replier en défense ou à couvrir consciencieusement un attaquant femelle qui ne sait pas tirer, c’est pour les losers la défense… surtout à 2 défenseurs contre 5 attaquants.

Parce que oui, une femelle moyenne ça tire difficilement à plus de 7 mètres au waterpolo, ça ne sait pas décocher un plomb avec rebond qui mystifie tout le monde. Mais à deux femelles à l’attaque, seules à moins de deux mètres du but, ben ça marque à tout les coups.

Le pire c’est que l’ascendant du mâle alpha sur ses congénères looooosers fait que ces derniers vont chercher à s’en remettre à tout prix à lui. C’est ce qu’on appelle communément la hiérarchie. Comme chez les singes où on s’en remet au mâle le plus puissant. Preuve que finalement l’évolution ne sert pas à grand-chose.

D’ailleurs l’homme cherche désespérément un super-mâle-alpha, un plus alpha que lui. Le fan de base d’une équipe sportive quelconque (foot, hockey, peu importe) il veut un super-mâle-alpha, une star, un Zidane, un Hossa. Le jeu d’équipe, le collectif, on s’en tape, on veut un Dieu à aduler.


Souvent je dis que je souhaiterais voir les valeurs féminines plus présentes dans nos sociétés sans pouvoir définir ces dernières. Les comportements sus-mentionnés sont des comportements masculins typiques. Le monde du sport, mais surtout le monde du travail favorisent le travail individuel, le fameux mâle-alpha ; en conséquence de quoi les femmes qui veulent réussir suivent souvent les mêmes règles. Au final, ça n’aide à rien.

Mais rien n’est inéluctable ! Alors je me dis que notre futur petit gars (car oui, si vous avez lu ce billet jusqu’ici, vous avez la primeur du jour ;), parmi les choses que j’essaierai de lui faire comprendre, c’est qu’être un mâle-alpha c’est surement très gratifiant pour l’ego mais ça ne fait pas gagner un match de waterpolo !

Nous sommes à prévoir notre prochain voyage… au Maroc !

Comme il s’agit d’une destination assez courante et populaire, je me disais que nos fidèles lecteurs y étaient peut-être déjà allés et avaient peut-être même des conseils précieux à nous donner : des endroits à voir absolument et d’autres à éviter, par exemple.

Nous sommes preneurs de vos avis et expériences sur tout : itinéraire, hébergement, transport…

Nous y serons au mois d’avril et ce pour environ 10-12 jours.

À vos pinceaux !

Je vais me permettre de commenter un billet de Houssein sur l’immigration pour mon premier billet depuis bien longtemps ici.

Bien que faisant du sous-groupe d’immigrants les moins mal lotis (les Français), j’ai eu ma dose de difficultés pour me faire ma place au soleil à la neige. Par ailleurs j’ai l’occasion depuis quelque temps, malgré un syndrome de l’imposteur tenace et un certain malaise, de participer au processus de recrutement pour mon équipe. Bref, je vois maintenant les deux cotés du mur.

Et le mur, il est gros.

Petite mise en contexte: le temps d’adaptation dans mon équipe est passablement long. Pendant les 3 à 6 premiers mois, un nouvel employé n’est pas autonome (et c’est même le cas des consultants qui sont pourtant habitués à en voir). Inutile donc de dire le temps à investir quand l’équipe s’aggrandit… et la frustration que cela provoque quand un “nouveau” part après quelques mois.

L’équation simple qui consiste à dire qu’il suffit de virer une personne qui ne fait pas l’affaire ne tient finalement pas. Il est en effet rare qu’une personne ne fasse pas l’affaire au point que ce soit évident après une semaine. En fait, malgré qu’il soit assez facile de licencier quelqu’un ici (plus qu’en France en tous cas) je n’ai vu que très peu de cas. Même quand une personne ne colle pas tout à fait, on tend à la garder car c’est souvent mieux que rien… bien que éventuellement frustrant.

Bref on en vient rapidement à développer une crainte du mauvais choix, parfois exagérée, mais assez présente. Et un seul mauvais choix peut venir vous hanter un certain temps !

Dans ces conditions, à CV égal, celui dont on connait les références sera préféré. Mais surtout (car on a rarement deux CV égaux sous le nez) il facile de rejeter un CV en se disant “il y aura bien mieux plus tard”. Il est aussi facile de se dire qu’on peut plus facilement anticiper quelles réactions au travail on aura avec un québécois… chose est d’ailleurs assez utopique.

Par ailleurs, il est bien difficile de passer par dessus certains préjugés. Je sais que personnellement j’ai un biais positif pour les femmes. Non pas que j’ai des visées quelconques, la plupart de mes collègueeees sont mères d’adolescents. C’est juste que j’ai toujours eu des relations de travail plus faciles avec des femmes, qu’elles soient mes supérieures ou de simples collègues.

Tout cela pour dire que je ne m’étonne pas de la difficulté des nouveaux arrivants pour trouver un travail. Et même une fois la première expérience acquise, une unique référence, pour peu qu’elle soit courte ou peu probante n’est pas forcément capable de rassurer un potentiel sélectionneur.

Comment améliorer la situation ? Je serai bien en peine de le dire. On parle là d’éléments hautement subjectifs, au-delà du niveau de français ou des connaissances techniques.

Cependant j’ai l’impression que les choses changent. En tous cas là où je travaille : en trois ans c’est passé d’un milieu très “pur souche” à un joyeux patchwork (au point qu’une fois un employé a demandé s’il y avait une politique d’embauche particulière, ce qui n’est pas le cas). Par ailleurs c’est surement un cercle vertueux: des immigrants qui ont la chance de progresser et d’entrer dans le processus de recrutement auront plus de chances d’être ouverts aux sorts des nouveaux arrivants que le Québécois de base. On peut ainsi espérer une amélioration, mais c’est surement un processus long.

Cette année, nous avions décidé de mettre un grand coup dans notre vie culturelle. Nous allions découvrir l’opéra, la musique classique, la danse… en plus du théâtre que nous aimons déjà.

C’est ainsi que depuis l’automne nous passons notre temps à la Place des Arts ! Nous avons assisté au Cendrillon des Grands Ballets Canadiens, au Tannhauser de Wagner par l’OSM, au Barbier de Séville de Rossini… sans oublier Monsieur Malaussène à l’Espace Go et Rhinocéros au TNM.

C’est assez sympa toutes ces découvertes même si nous sommes parfois bien néophytes. Pendant le concert, le chef d’orchestre, il sert vraiment à quelque chose ?! Et puis le chausson de vair de Cendrillon, pourquoi devait-elle tourner autour pendant une heure, zut à la fin ?! (Ça vous donne une idée du niveau de base - non, ne soyez pas dépités.)

De toute façon, que le test soit concluant ou non, je pense que pour l’année prochaine, il sera déjà plus compliqué pour nous de passer notre temps aux concerts, à moins que les voisins aiment les bébés qui se réveillent.

~~

Ces temps-ci, j’ai l’impression de mener une vie parallèle, en fait plusieurs vies parallèles. De quoi devenir schizophrène soi-même, sérieusement.

D’abord, il y a celle de résidente en psychiatrie qui doit être partout à la fois. À l’étage avec tous les patients à admettre et à suivre dans un feu roulant incessant. En externe à évaluer les nouveaux cas, produire les rapports et à suivre ce qui se trouve désormais être “mes” patients, dans “mon” bureau. (La classe !) Ce qui implique de gérer l’incertitude que cela engendre tout naturellement. En cours où je dois apprendre tout sur toutes les maladies. Et sur tous les médicaments. Où je dois apprendre à devenir psychothérapeute autant dans la veine de Freud qu’en cognitivo-comportemental.

Un chausson avec ça ?

Honnêtement, on ne sait plus où se jeter, à tel point qu’on en vient paralysé et qu’on ne se jette nulle part du tout. Il y a 500 livres à lire, tout de suite, pour demain matin ? Je suis désolée, moi je n’en lis qu’un à la fois.

D’ailleurs en ce moment, il s’agit d’un roman qui s’intitule “Mount Misery”, la suite de “The House of God”. Le premier relatait l’histoire d’un jeune résident américain qui passe au travers ses stages de médecine interne d’une manière cynique et décapante, pour finalement choisir de s’orienter en psychiatrie (eh oui ! je ne le savais pas en le commençant !). Du coup je suis bien obligée de lire la suite, en espérant y trouver une sorte de réconfort devant l’universel et infini sentiment d’incompétence qui m’assaille comme tout jeune débutant en n’importe quoi, mais en psychiatrie en particulier.

~~

Quand je ne suis pas occupée à réfléchir à la meilleure façon de sauver ma peau la prochaine fois qu’un patient pseudo-suicidaire intoxiqué sans domicile fixe à l’urgence sur une garde me montrera un couteau en cours d’entrevue…

Il m’arrive d’avoir quelques secondes pour penser à la vie qui se développe en moi, toujours aussi discrètement. Cette longue phase abstraite se fait un peu longue, je dois l’avouer, alors que l’on ne sent pas encore le bébé bouger et que les gens nous regardent poliment en pensant qu’on a décidément pris du ventre dernièrement…

Mine de rien, je suis quand même en train de me changer en future maman grano qui veut porter son bébé avec une écharpe et le langer avec des couches lavables, rien de moins.

Le pendant négatif c’est que je suis aussi en train de me changer en acheteuse difficile devant le moins produit pour enfant (qui se doit d’être soupesé et comparé avec ses semblables avant achat). Acheteuse théorique on s’entend, car je n’ai pas encore mis la main sur la moindre chaussette ou peluche !

Bref, un jour, je ferai peut-être l’acquisition d’une poussette, d’une bassinette, et en fait d’un tas d’autres choses assez utiles quand on y pense, si j’arrive à me décider avant l’accouchement !

Après tant de lourdeur, un peu de légèreté.

Certaines vies s’étiolent et s’éteignent, d’autres éclosent dans le cycle immuable de la vie qui continue pourtant…

Que peut-on bien fabriquer pendant une période de neuf mois ?

C’est le temps pour un chaton de devenir presque adulte. _ C’est le temps pour un nouveau-né de devenir un jeune enfant, de se tenir debout. _ C’est le temps de voir passer trois saisons, ou une année scolaire. _ C’est le temps de partir en voyage et d’en revenir, plusieurs fois plutôt qu’une. _ C’est le temps d’obtenir un diplôme en médecine et de passer au travers le “tronc commun” de formation en résidence. _ C’est le temps de faire 40 gardes. _ C’est le temps de lire une quinzaine de romans.

Neuf mois, c’est aussi et surtout le temps qu’il faut pour fabriquer une nouvelle vie. Un petit de nous attendu pour l’été prochain, si tout va bien.