Deux nouvelles aquatiques ont attiré mon attention récemment.

La première concerne la mort de l’orque Keiko, célèbre interprête de Willy dans Sauvez Willy (1, 2, et 3). Bon ceux qui n’ont pas suivi l’affaire, suite à la trilogie sur cet orque décidément poursuivi par la malchance qui devait à chaque fois s’échapper des griffes de vilaines personnes, de bonnes âmes se sont dit “mais putain, un épaulard ne peut pas réellement sauter au-dessus d’une digue de 10 mètres, ça veut donc dire que Keiko est réellement emprisonné par des producteurs sans scrupule qui font de l’argent sur son aileron tout croche, il faut le libérer comme son personnage est libéré dans le film”.

Oui, mais bien que cet animal soit réputé intelligent (c’est d’ailleurs mon animal préféré), il n’en reste pas moins qu’après avoir vécu 30 ans en captivité, ça ne sait pas quoi faire en liberté. Bref, après un trajet transatlantique en avion et un aménagement spécial en Islande, plusieurs années de tentative de seuvrage humain, le tout ayant couté 30 millions, il est mort, on ne sait pas comment, une pneumonie peut-être. Faut dire qu’à prêt de 35 ans, c’était un pépé orque.

Un pêcheur norvégien, que la présence de Keiko dans son fjord emmerdait, a dit qu’il serait préférable de le tuer et d’en faire des boulettes de viande pour les enfants soudanais qui crêvent de faim. Je ne souscrit pas réellement à cette solution mais je me demande bien pourquoi tant d’efforts ont été dépensé pour une cause d’avance vaine, pour un orque en fin de vie, bien traité, alors que pendant ce temps on continue à en enlever de la mer pour les mettre dans ce qui pour eux ressemble à une baignoire pour la joie des millions de spectateurs qui se sont attendris devant Willy, enfin libéré.

L’autre nouvelle, qui n’en est pas une en fait, c’est la surexploitation des massifs coraliens du Pacifique qui tent à faire disparaître plusieurs espèces menacées. Ce phénomène s’est fortement amplifié depuis la sortie du film d’animation Finding Nemo, histoire d’un petit poisson clown capturé dans un bocal et qui essaie de retrouver la liberté.

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Trouver Nemo

Oui, parce que, les chit’ n’enfants qui ont vu ce film, après ça, ils demandent à leurs parents d’acheter le même poisson rigolo qui parle et fait plein d’accrobaties. Et un parent, souvent c’est con, ça veut que son enfant arrête de brailler “je veux avoir un poisson, je veux avoir un poisson, je veux avoir un poisson” (je sais, j’ai fait ça pour avoir un chien), et plutôt que d’expliquer que le film dit que le petit poisson il préfère être en liberté, ben on achète un poisson en allant à l’inverse de la symbolique du film… cherchez l’erreur.

Il y a actuellement de grands débats au sujet de la laïcité, en France.

(À ce sujet, je me suis d’ailleurs bien marrée devant le discours de Chirac, mercredi. C’est qu’après un an et demi de sevrage de la France, j’avais oublié ce que sont ses politiciens, et en particulier Jacques Chirac. Raah là là, manier l’art de la rhétorique comme ça, c’est dégueulasse… Un grand moment d’humour ! Nos politiciens québécois ne leur arrivent pas seulement à la cheville.)

Donc, la laïcité. Ce débat ne peut que me faire repenser au lycée parisien que j’ai fréquenté en Terminale. C’est un lycée comme il s’en fait bien peu en France. Déjà, il est semi-privé (ce qui est presque mal vu là-bas tant le public y est performant), sous contrat d’association avec l’État. Ensuite, je faisais partie de la dernière promotion composée de filles uniquement ; car effectivement, il s’agissait d’un lycée pour filles, créé pendant la Seconde guerre mondiale. (D’ailleurs, je ne savais pas cette information, au moment de l’inscription.)

Cet aspect des choses est ironique, car les lycées pour filles se comptent sur les doigts de la main en France (d’ailleurs, on s’y targuait d’être le dernier établissement à devenir mixte). Par la suite j’ai su qu’il existe au moins aussi le lycée La Légion d’Honneur à n’accueillir que des filles, mais sa définition, sa mission et sa vocation font qu’il diffère des lycées habituels. Bref…

Au Québec, les écoles secondaires non mixtes (privées comme publiques) sont légion, justement. Mes meilleures amies ont fréquenté le Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie (pour la laïcité, on repassera), ouvert seulement aux filles. J’ai fait mon secondaire V dans un collège qui n’accepte que des garçons au cours des quatre premières années du secondaire. Etc.

Je me suis donc retrouvée, pour la première fois de ma vie, dans une classe non mixte, dans un pays où la chose est fort improbable, mais provenant d’un autre pays où cela est coutumier. J’ai été très impressionnée des règles de politesse qui y régnaient. C’est ainsi que j’ai appris, en Terminale, à me lever à l’entrée d’un professeur (après avoir appris le vouvoiement seulement au secondaire…).

Mais ce que j’ai le plus apprécié dans ce petit lycée du 11e arrondissement, situé tout près de la place de la République, c’était son aspect résolument multiculturel et oecuménique. La philosphie de base du lycée est bien sûr catholique. Fondé par Madeleine Daniélou et sa communauté Saint-François-Xavier, il est encore aujourd’hui tenu par des soeurs. Il y a une chapelle toujours en usage dans l’enceinte même du lycée, avec une messe tous les vendredis midis et à chaque fête chrétienne.

En fait, il serait plus juste de parler de l’ensemble des établissements dépendants de cette communauté comme d’un tout. En effet, il en existe également à Blois, à Neuilly, à Rueil, à Garges-lès-Gonesse, à Bobigny, à Milan (Italie), à Abidjan (Côte-d’Ivoire), à N’djaména (Tchad), à Séoul (Corée du Sud) et à Czestochowa (Pologne)…

D’ailleurs, lors de mon séjour à Lourdes, j’ai pu faire la connaissance d’un écrivain et professeur, M. Jean-Pierre Lemaire, qui m’a confié enseigner régulièrement à l’enseigne de Neuilly et y trouver à chaque fois une expérience enrichissante, singulière, sans pareille ailleurs. Je n’ai pas de mal à le croire. On ne peut rester insensible à l’ambiance particulière qui règne en des lieux aussi resplendissants de bonté.

Il me semblait tout drôle de voir ça dans le pays-phare de la laïcité. Le Québec est encore très religieux en théorie, en façade, mais ce n’est plus très ancré et je n’y ai jamais rien vu d’aussi concrètement et sincèrement religieux. Même si je suis complètement athée et que je n’ai jamais assisté aux offices religieux de Charles-Péguy, j’adorais l’atmosphère qui y régnait. J’admirais cette jeune fille, devenue petit à petit mon amie, si réellement croyante et pratiquante, pour qui la religion faisait partie intégrante de la vie (messes le mercredi et le dimanche), qui organisait ses voyages estivals avec des groupes de jeunes catholiques, qui ne pouvait tomber amoureuse que d’un jeune homme aussi profondément croyant qu’elle (sans omettre d’y voir un signe du ciel…).

Le plus fantastique dans tout ça, c’est que, loin de se contenter d’être un lycée catho, Charles-Péguy encourageait aussi activement toutes les religions. Des intervenants juifs et musulmans venaient chaque semaine au lycée pour discuter de la foi et de la pratique religieuse avec les fidèles du même culte. Yom Kippour était annoncé et célébré en grandes pompes dans l’établissement. Le ramadan aussi. (Je pense pouvoir affirmer n’avoir jamais entendu parler de ces fêtes avant d’être en France. Pourtant, Dieu seul sait comme il ne manque pas de pratiquants juifs à Montréal, ni de musulmans d’ailleurs…)

Eh bien pour moi, la laïcité incarnée, c’est Charles-Péguy. La laïcité, c’est toutes les religions en harmonie, dans l’ouverture, la tolérance et l’amour. Ce n’est pas un milieu aseptisé de toute religion, bien au contraire…


C’est ainsi à Charles-Péguy que je me suis impliquée bénévolement pour aider des jeunes de Belleville souffrant de graves problèmes de comportement et d’apprentissage. Le tutorat a représenté une expérience unique pour moi, en ligne directe avec cet environnement où je baignais.


Il me revient en tête le fait qu’une amie de la mère d’Hoëdic, que j’ai rencontrée une fois, connaissait aussi Charles-Péguy pour habiter le 11e, et m’en avait parlé avec la plus grande médisance. Il s’agissait pour elle d’une vulgaire “boîte à bac”. Inutile de dire que j’avais été bien insultée par cette disgracieuse comparaison. Non pas personnellement, mais parce que c’est totalement faux. Ce lycée est l’endroit le plus profondément humaniste et impliqué qu’il m’ait jamais été donné de fréquenter.

À part ça, c’est vrai qu’il se classe souvent parmi les 20 meilleurs lycées parisiens. Mais est-ce une tare que de préparer des élèves de Terminale au bac ? Chaque chose en son temps… Personnellement, c’est pour ça que j’étais là. J’aurais été bien emmerdée de me retrouver à Louis le Grand ou à Henri IV, à faire le programme de Maths Spé… Mon bac n’aurait guère été reluisant avec une telle préparation et je n’aurais jamais été admise en médecine à Montréal. Après ça, j’étais bien la seule pour qui le bac relevait une telle importance ! (Entrer en fac nécessitant simplement de l’avoir, et entrer en prépa se jouant plutôt sur dossier…)


Mais qui est donc Charles Péguy ? Il s’agit d’un poète et écrivain français s’étant converti à la religion catholioque suite à une sorte de Révélation. Il est mort au combat pendant la Première guerre mondiale. Même le nom n’a pas été laissé au hasard…

Tout savoir sur Charles Péguy

Ça y est, c’est fini ! De quoi donc ? Le travail pardi ! Non seulement j’ai deux semaines de vacances, mais en plus j’en ai fini avec l’endroit où je bossais depuis mars. Non pas que j’aimais pas mais… j’ai déjà vu mieux comme cadre de travail ! Puis j’aime bien changer :)

Et histoire de fêter ça, on est encore allé au restaurant. Le tout fut précédé de l’échange des cadeaux que je n’avais pas prévu, donc je me suis retrouvé bien con (ceci dit, j’avais déjà offert une bouteille de vin à ma boss qui m’a offert une bouteille de vin donc ça me gênait moins, pour elle du moins).

Ensuite, mousseux, vin apéritif, vin, autre vin, digestif, et pas à peu près. Merde, il fallait bien que je défende les couleurs du français alcoolique, réputé à travers le monde entier. Encore avant-hier la consommation d’alcool ne m’avait pas affecté, mais là, j’aurais pas pu prendre le volant s’il l’avait fallu. Je pense que ce sont les bulles du début qui ont causées ma perte ainsi qu’un malencontreux enchaînement blanc puis rouge (comme on dit, blanc sur rouge, rien ne bouge, rouge sur blanc, tout fout le camp).

Sinon, le restaurant (thaï, viet & jap) était bon mais pas extraordinaire non plus (sur Mont-Royal avec un nom qui contient Lune, je ne me rappelle plus exactement) et l’ambiance un peu surfaite.

En rentrant au bureau j’ai tout de même réussi à accomplir quelques tâches et expliquer comment j’avais rangé les affaires pour que les gens s’y retrouvent après mon départ (ceci dit, je ne serais pas étonné de recevoir des coups de téléphone pour le réexpliquer, mais bon, c’est classé clairement donc pas de crainte).

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Un camion à neige

Sur mon trajet du retour en métro, alors que j’étais dans mes rêveries, j’ai remarqué un petit geste, trois fois rien, qui rend Montréal plus agréable et moins apeurante que bien des villes françaises. Un groupe de 3 jeunes, tout se qui se fait de plus turbulent, attendait le métro. L’air gangsta américain, ils avaient tout pour faire peur à la ménagère de moins de cinquante ans. En rentrant dans la rame, comme de bien entendu, ils se sont bousculés et ont bousculé une ou deux personnes au passage mais, petit geste d’un rien, deux d’entre eux ont fait un petit signe d’excuse à l’attention des autres passagers. C’est rien, minime comme geste. Pourtant, dans le métro parisien, certaines racailles ne se seraient pas gênées pour invectiver le malheureux badaud se trouvant sur leur chemin au lieu de s’excuser.

Bien que d’un coté comme de l’autre on ne puisse pas généraliser, il me semble que la racaille locale soit nettement moins agressive que son équivalent français. C’est incontestablement un élément aidant à mieux se sentir ici.

Après ça, en arrivant, je me suis couché, au grand dame de Ebb :p

Ah oui, et maman arrive lundi, donc il se pourrait que Ebb et moi soyons moins locaces durant le temps des fêtes (mais je pense que nous ne serons pas les seuls dans ce cas) et dès dimanche matin, nous partons chez Maman Ebb pour voir un concert (des Cowboys fringants pour tout dire). Entre temps, beaucoup de ménage et quelques sorties nous attendent !

Bonne période des fêtes ! :)

Plus un être est accompli, plus profondément il ressent la douleur et le bonheur. (Zhang Xianliang)

Le bonheur est salutaire pour le corps, mais c’est le chagrin qui développe les forces de l’esprit. (Marcel Proust)

Sur le plan spirituel, toute douleur est une chance ; sur le plan spirituel seulement. (Emil Michel Cioran)

Bien que chacun estime avoir droit au bonheur, la plupart des gens entrent inconsciemment dans le malheur comme on entre en religion. (Pierre Daco)

La douleur est un grand maître… Elle nous apprend qu’on est vivant. (Dominique Lévy-Chédeville)

La révolte n’est pas un sentiment. C’est une douleur du regard. (Ingrid Nahour)